Israël en guerre - Jour 398

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Premier office de Yom Kippour depuis la Shoah dans une synagogue historique de Prague

Alors qu'elle accueillait récemment une exposition du musée juif, la synagogue de Klausen, bâtie au 17e siècle, a accueilli une congrégation locale dont le lieu de culte ne pouvait accueillir la foule attendue pour la fête

Le rabbin d'Ec Chajim David Maxa et une femme rabbin en cours de formation, Klára Kopytková, dirigent la prière de Kol Nidrei pendant l'office  de Yom Kippour à la synagogue Klausen à Prague tandis que la présidente d'Ec Chajim, Anna Noskova, tient la Torah avec le vice-président de l'Union mondiale du judaïsme progressiste, Andrew Keene, le 11 octobre 2024. (Crédit : Dana Cabanova ; Autorisation : Musée juif de Prague)
Le rabbin d'Ec Chajim David Maxa et une femme rabbin en cours de formation, Klára Kopytková, dirigent la prière de Kol Nidrei pendant l'office de Yom Kippour à la synagogue Klausen à Prague tandis que la présidente d'Ec Chajim, Anna Noskova, tient la Torah avec le vice-président de l'Union mondiale du judaïsme progressiste, Andrew Keene, le 11 octobre 2024. (Crédit : Dana Cabanova ; Autorisation : Musée juif de Prague)

JTA — L’une des synagogues historiques de Prague a accueilli pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale un office de prière juif.

La prière qui lance la fête de Yom Kippour, Kol Nidre, a eu lieu vendredi soir à la synagogue de Klausen. Cela faisait 80 ans qu’aucun office ne s’était déroulé dans le lieu de culte, 80 longues années qui avaient aussi été marquées par l’assassinat et par les persécutions commises à l’encontre des Juifs tchèques.

Construite à l’origine en 1573 et reconstruite après un incendie en 1694, la synagogue de Klausen est la plus grande synagogue du quartier juif de Prague et elle était, dans le passé, le cœur de la vie juive de la ville. Elle est connue pour avoir été le foyer de plusieurs rabbins et penseurs éminents, qui vont de Judah Loew – un talmudiste du 16e siècle qui est également connu sous le nom de Maharal de Prague – à Baruch Jeitteles, un érudit proche du mouvement des Lumières juives, au 18e siècle et au 19e.

Mais pendant plus de 80 ans, après la Shoah qui avait décimé les Juifs tchèques, la synagogue de Klausen n’avait plus jamais organisé d’office.

Jusqu’à vendredi soir – où environ 200 personnes sont venues assister à un office dirigé par le rabbin David Maxa, qui représente la communauté des juifs progressistes ou réformés de Tchécoslovaquie. Des fidèles qui ont été rejoints par des invités et par des touristes juifs venus du monde entier à l’occasion de Yom Kippour, confie Maxa, qui dit avoir décelé dans ce moment un signe de reprise de la vie juive à Prague.

« Il est vraiment remarquable de noter qu’il y a eu un office de Yom Kippour dans les cinq synagogues historiques de Prague », ajoute-t-il lors d’un entretien accordé à la Jewish Telegraphic Agency.

Le rabbin d’Ec Chajim David Maxa et une femme rabbin en cours de formation, Klára Kopytková, dirigent la prière de Kol Nidrei pendant l’office de Yom Kippour à la synagogue Klausen à Prague tandis que la présidente d’Ec Chajim, Anna Noskova, tient la Torah avec le vice-président de l’Union mondiale du judaïsme progressiste, Andrew Keene, le 11 octobre 2024. (Crédit : Dana Cabanova ; Autorisation : Musée juif de Prague)

Sous l’occupation allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale, la synagogue de Klausen avait été utilisée comme entrepôt. Si les nazis et leurs collaborateurs avaient tué environ 263 000 Juifs vivant dans l’ancienne république tchécoslovaque, ils s’étaient fortement intéressés aux collections d’art et d’objets juifs du lieu de culte, des artéfacts qu’ils avaient jugé suffisamment précieux pour être conservés. Le Musée juif de Prague avait été autorisé à continuer à conserver ces objets, et la synagogue avait finalement été intégrée au dépôt du musée.

Après la guerre, il n’y avait pas eu suffisamment de survivants pour que les synagogues de Prague soient à nouveau fréquentées. Le pays était devenu un satellite soviétique en 1948 – le début d’une longue période de persécutions à l’encontre des Juifs, particulièrement surveillés en raison de leurs pratiques religieuses. Le dernier recensement soviétique, qui avait été effectué en 1989, n’avait enregistré que 2 700 Juifs sur tout le territoire tchèque.

« À l’époque communiste, il était très difficile de se rattacher à l’identité juive », explique Maxa. « Ce n’est qu’après la révolution de velours, en 1989, que les gens ont pu se rendre dans les synagogues sans avoir l’impression d’être suivis et inscrits sur une liste ».

Après la fin du communisme, certaines synagogues avaient été réutilisées par les quelques Juifs qui s’identifiaient encore comme tels. Deux des six synagogues qui se dressent encore dans le quartier juif sont aujourd’hui fréquentées régulièrement comme lieux de culte.

La synagogue de Klausen, qui a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982, fait toujours partie du Musée juif qui accueille des expositions sur les fêtes juives, sur les premiers manuscrits hébraïques et sur les coutumes et traditions juives.

Des touristes visitent le Musée juif à Prague, en République tchèque, le 24 janvier 2019. (Crédit : AP Photo/Petr David Josek)

La directrice du musée, Pavla Niklová, explique que le retour de l’office de Yom Kippour au sein de la synagogue s’est fait presque par hasard. Maxa lui avait demandé si elle connaissait un espace suffisamment grand pour accueillir sa congrégation en pleine croissance, Ec Chajim, pour le jour le plus saint du calendrier juif – son propre lieu de culte, qui a ouvert il y a quatre ans et qui se trouve à environ 20 minutes de marche de la synagogue, ne pouvant pas accommoder la foule attendue pour la fête.

Comme le musée venait de démonter son exposition dans la synagogue de Klausen – une exposition qui y était installée depuis 28 ans – la directrice du musée a été en mesure de lui proposer une solution. L’espace vide, propre, rangé, était enfin prêt à vivre une nouvelle vie juive.

En visitant la synagogue juste avant Yom Kippour, Niklová a dit qu’elle était impressionnée de voir que le bâtiment avait retrouvé sa fonction d’origine. Et elle a ajouté qu’elle espérait qu’il continuera, à l’avenir, à être utilisé pour les grands offices.

« J’ai eu l’impression que la synagogue recommençait à respirer », a-t-elle commenté auprès de la JTA. « Je pense que ça a été une bonne chose de démonter l’ancienne exposition et maintenant, nous allons pouvoir repartir sur de nouvelles bases ».

Pour de nombreux membres de la communauté juive de Prague – qui est en grande partie laïque – Yom Kippour est l’office le plus important de l’année. Même les familles juives qui avaient renoncé à la pratique religieuse sous le communisme ont souvent transmis à leurs descendants le souvenir de Yom Kippour, explique Maxa.

Maxa a fondé la communauté juive progressiste de Prague en 2019, en réponse à un nombre croissant de personnes qui cherchaient à explorer leurs racines juives. La communauté compte actuellement 200 membres et elle s’enrichit d’environ cinq nouveaux membres chaque mois.

« Souvent, je rencontre des personnes qui veulent simplement en savoir plus sur la culture, sur les traditions et sur la religion de leurs grands-parents », raconte Maxa. « Ils me disent : ‘Ma grand-mère et mon grand-père ont survécu à la Shoah, puis-je venir en apprendre davantage sur le judaïsme ?’. Nous proposons un large éventail d’activités, y compris, bien sûr, des offices réguliers, mais nous proposons aussi des cours éducatifs pour aider ces personnes à renouer avec la tradition ».

Maxa, qui a lui-même grandi à Prague sans entretenir de lien particulier avec ses racines juives, souhaite faire revivre certains des rituels qui animaient le monde juif de la ville avant-guerre – notamment la tradition de l’accompagnement à l’orgue dans les synagogues de la ville. Vendredi, c’est l’organiste juif Ralph Selig qui a participé à l’office.

Comme c’est le cas également pour un grand nombre de ses fidèles, l’histoire de la famille de Maxa se confond avec les horreurs du siècle dernier. Son père, originaire de Prague, a survécu à la Shoah. Il ne sait pas si son père avait visité la synagogue de Klausen – mais il sait qu’elle faisait partie de son univers familier.

« Que la tradition n’ait pas été anéantie et qu’elle fasse son retour, même dans un lieu où aucun service ne s’était déroulé depuis la Seconde Guerre mondiale, cela signifie beaucoup pour moi », s’exclame-t-il.

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