Près de 50 % des Haredim US connaissent des victimes de l’antisémitisme post-7 octobre – enquête
Les Juifs ultra-orthodoxes comme les anciens membres de cette communauté sont victimes de discrimination - bien que le taux soit légèrement inférieur chez les non-haredim
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – Près de la moitié des Juifs ultra-orthodoxes, ou Haredim, aux États-Unis connaissent quelqu’un qui a été victime d’antisémitisme après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, selon une enquête qui a été publiée jeudi.
L’étude a été l’occasion d’interroger des Haredim et d’anciens Haredim résidant aux États-Unis pour qu’ils fassent part de leurs expériences depuis le début de la guerre et la flambée de l’antisémitisme qui s’en est suivie. Les deux groupes ont fait état d’une discrimination anti-juive généralisée, mais ils ont réagi différemment et ils ont trouvé des sources de soutien différentes.
Les organisations communautaires juives, telles que les Jewish Federations of North America (JFNA) et l’Anti-Defamation League (ADL), ont interrogé les Juifs américains depuis l’assaut sans précédent qui a été lancé par le Hamas – mais il existe peu de données sur l’effet de ce massacre sur les communautés ultra-orthodoxes en particulier.
Cette nouvelle enquête est le fruit d’une collaboration entre Nishma Research, le groupe américain qui interroge les Juifs orthodoxes, et Shtetl, un organe de presse basé à New York qui se consacre aux communautés haredim.
L’enquête a été réalisée en juin, mais les résultats n’ont été publiés que jeudi, Mark Trencher, directeur de Nishma, expliquant qu’il a fallu du temps pour rassembler les données et analyser les résultats.
Les chercheurs prévoient de publier un rapport de suivi avec des résultats supplémentaires, a indiqué Trencher au Times of Israel.
Parmi les Haredim interrogés, 44 % ont déclaré connaître des victimes de haine antisémite ou de violence physique depuis le 7 octobre. Ce chiffre est inférieur pour les anciens ultra-orthodoxes, avec 36 %. Les Haredim sont clairement identifiables en tant que Juifs en raison de leurs vêtements et de leur mode de vie, ce qui fait d’eux des cibles plus vulnérables face à l’antisémitisme. Le niveau d’observance juive des anciens ultra-orthodoxes varie, de sorte que nombre d’entre eux ne sont pas visiblement Juifs. Les Haredim sont également plus en contact avec d’autres Juifs, ce qui les rend plus conscients des attaques contre les membres de la communauté, comme le note Shtetl dans son rapport sur l’enquête.
Une grande majorité des deux groupes – 88 % des Haredim et 75 % des anciens Haredim – a estimé que l’antisémitisme a augmenté au cours des cinq dernières années.
Environ un cinquième des deux groupes a déclaré avoir participé à des rassemblements pro-Israël depuis le 7 octobre. 5 % des anciens Haredim ont participé à des manifestations anti-Israël, contre 1 % des Haredim.
La communauté ultra-orthodoxe est diverse et elle a des opinions contrastées sur Israël et le sionisme. Par exemple, les deux communautés hassidiques les plus connues à New York sont les mouvements Satmar et Habad-Loubavitch. Les Satmar sont théologiquement non sionistes, tandis que les Habad soutiennent plus ouvertement Israël.
Les deux groupes interrogés ont répondu différemment sur le soutien et la communauté qui les ont aidés à faire face à la situation après le 7 octobre. Pour la majorité d’entre eux, la solution a consisté à chercher du soutien auprès d’autres Juifs hassidiques, tels que les amis et la famille. La communauté synagogale et les rabbins figurent parmi les autres sources de soutien les plus importantes.
Pour les anciens ultra-orthodoxes, les principales sources de soutien ont été les réseaux sociaux, leur communauté en ligne, les Juifs non orthodoxes, les autres anciens Haredim et les thérapeutes.
Seuls 3 % des Haredim ont déclaré s’être « sentis très seuls », contre 15 % des anciens ultra-orthodoxes. Un tiers des Haredim a déclaré ne pas avoir besoin de soutien, contre un quart des anciens Haredim qui ont dit la même chose.
Les deux groupes ont répondu différemment lorsqu’on les a interrogés sur leur pratique religieuse depuis le 7 octobre. 46 % des Haredim ont déclaré avoir adopté une nouvelle mitzvah – un commandement religieux – ou être devenus « plus stricts sur une mitzvah [déjà] observée ». 10 % des anciens Haredim ont fait de même. Certains répondants ultra-orthodoxes ont fait état de nouvelles pratiques telles que la prière pour les soldats de l’armée israélienne et pour le retour des otages, ainsi que des dons versés à des organisations israéliennes.
Un pourcentage plus élevé d’anciens Haredim – 35 % contre 29 % – a déclaré avoir fait plus d’efforts pour « démontrer leur judéité », en portant par exemple une étoile de David ou des plaques militaires symbolisant le sort des otages.
Un pourcentage plus important d’anciens ultra-orthodoxes a également déclaré avoir caché des signes d’identité juive par crainte de l’antisémitisme, en portant par exemple une casquette au lieu d’une kippa. Un tiers des anciens Haredim ont déclaré avoir agi de la sorte, contre 17 % des ultra-orthodoxes.
Ce sondage a été réalisé auprès de 376 Haredim et 292 anciens Haredim, par le biais des réseaux sociaux, de groupes WhatsApp, de forums en ligne et d’envois de courriels.
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