Redoutant une année scolaire mouvementée, un nouveau cours consacré aux liens entre Noirs et Juifs
Alors que certaines universités se préparent à protester contre la guerre à Gaza, un rabbin et un professeur créent un cours semestriel sur la coopération entre les communautés
Dans un contexte de nette recrudescence de l’antisémitisme sur les campus du pays, deux professeurs, l’un Juif et l’autre Noir, ont lancé un programme dans deux universités historiquement noires pour lutter contre la haine des Juifs et approfondir la compréhension par les étudiants de l’alliance historique entre Noirs et Juifs.
Alors que les étudiants retournent sur le campus pour le semestre d’automne, le rabbin Meïr Muller et le professeur Devin Randolph se réjouissent de les accueillir dans un nouveau cours à l’Université d’État de Caroline du Sud et à l’Université Voorhees. Ce cours porte sur le soutien des leaders noirs des droits civiques au sionisme et sur le rôle que les « Historically Black Colleges and Universities » (HBCU) ont joué en donnant refuge à des professeurs juifs fuyant l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les élèves apprennent également que les journaux de la communauté afro-américaine ont couvert la Shoah et que des militants juifs ont contribué à la fondation de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People – Association nationale pour la promotion des personnes de couleur).
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L’apprentissage du lien entre les Noirs et les Juifs est particulièrement important compte tenu de l’atmosphère qui règne sur les campus universitaires du pays à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre en Israël, ont déclaré Muller et Randolph au Times of Israel lors d’une interview conjointe via Zoom.
Depuis les premiers jours de la guerre entre Israël et le Hamas – qui a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 251 otages de tous âges dans la bande de Gaza – les campus universitaires ont été des foyers de sentiment anti-Israël qui, selon de nombreux étudiants, franchissent la ligne rouge de l’antisémitisme.
Outre les manifestations visant à perturber la vie quotidienne sur le campus, au cours de l’année scolaire précédente, les étudiants protestataires ont occupé des bâtiments universitaires et érigé d’immenses campements de tentes, souvent avec l’aide de forces extérieures. Certains des membres les plus virulents du mouvement de protestation anti-Israël soutiennent le groupe terroriste palestinien du Hamas, considèrent les atrocités du 7 octobre comme une forme légitime de résistance et appellent ouvertement à la destruction d’Israël.
« Nous voulons présenter un message de vérité sur l’alliance historique. Nous voulons montrer que l’alliance a connu des hauts et des bas, mais qu’il y a toujours eu des relations entre les deux communautés », a déclaré Muller. Il a ajouté que « l’importance de ce travail ne peut être surestimée, car il existe un besoin permanent de créer des ambassadeurs d’Israël et de promouvoir des idées pro-juives sur le campus, y compris au sein de la communauté afro-américaine ».
« Un récent sondage montre que la majorité de la communauté noire ne soutient pas la guerre [d’Israël] », a déclaré Muller. « Nous pensons que les campus HBCU sont particulièrement réceptifs aux messages pro-Juifs et pro-Israël. Au cours de l’année écoulée, il n’y a pas eu un seul campement sur les campus HBCU et une seule école a organisé une marche de protestation. Bien qu’il existe diverses théories pour expliquer ce phénomène, cela suggère que ces campus peuvent être des environnements propices à la discussion d’idées ouvertement pro-juives et pro-sionistes. »
Les forces du lien entre les Noirs et les Juifs
L’un des rares étudiants juifs à avoir participé au programme pilote de l’année dernière, Avi Gluck, élève de Terminale, a déclaré avoir trouvé le cours fascinant.
Né à New York, Gluck, étudiant en histoire, a souligné qu’il connaissait certains des sujets abordés, mais qu’il n’avait pas réalisé la profondeur des relations entre les Noirs et les Juifs.
« Il s’agit de deux communautés minoritaires à l’histoire riche, et nous devrions tous connaître leurs relations mutuelles. Même les sujets dont il est difficile de parler ont été rendus faciles à aborder – des choses comme Jim Crow, le mouvement des droits civiques et la Shoah », a déclaré Gluck.
Une subvention triennale de 25 000 dollars par an de l’Academic Engagement Network (AEN), une organisation à but non lucratif qui forme les professeurs et les administrateurs de l’enseignement supérieur à « s’opposer au dénigrement des identités juives et sionistes », a contribué à rendre le séminaire possible. Il est prévu d’étendre le programme à au moins cinq autres HCBU en Caroline du Sud.
Amis proches et collègues, Muller et Randolph ont conçu ce cours après avoir développé et enseigné un cours intitulé « Anne et Emmett : Confrontation de l’antisémitisme, du racisme et de l’altérité par la pédagogie », en 2020. Ce cours abordait le racisme anti-Noir et l’antisémitisme.
« Les étudiants voient que nous sommes impliqués. Ils voient que nous entretenons de bonnes relations et que nous abordons ces sujets avec bienveillance. Nous essayons de créer un espace très sûr pour une conversation libre », a expliqué Randolph.
Un espace sûr au milieu des turbulences
Bien que les projecteurs se soient surtout braqués sur les manifestations les plus virulentes, dont la plupart se sont déroulées dans des universités bien connues comme Harvard, Columbia et Berkeley, des manifestations anti-Israël et anti-sionistes ont également eu lieu dans des collèges plus petits et des HBCU.
Par exemple, les étudiants de l’Université d’État de Caroline du Nord A&T ont organisé des manifestations anti-Israël et les étudiants de l’Université Howard ont exigé que celle-ci se désengage des entreprises « complices des crimes du sionisme ».
C’est pourquoi Muller et Randolph estiment que leur cours est nécessaire. « Aujourd’hui plus que jamais, nous devons toucher la jeune génération », a affirmé Randolph.
Dans le cadre du programme, plusieurs étudiants pourront servir d’ambassadeurs du programme après avoir reçu une formation complémentaire. Ils travailleront avec les professeurs pour aider à élaborer des politiques concernant l’antisémitisme sur les campus.
Muller a expliqué que les ambassadeurs joueront un rôle crucial dans la lutte contre la propagation du sectarisme et de l’antisémitisme, des idéologies empoisonnées qui sont alarmantes par leur contagiosité.
« L’antisémitisme est une haine groupée. C’est la haine qui a fait que la personne qui a tué des gens dans le supermarché de Buffalo a mis une croix gammée sur son arme », a déclaré Muller. « C’est la haine qui a animé la personne qui a tué les gens dans l’église de Caroline du Sud. »
Randolph a ajouté que la connaissance et l’exposition donnent du pouvoir et de l’empathie.
« J’ai eu l’occasion de me rendre en Israël en 2023 et je pense que tout le monde devrait avoir l’occasion de s’y rendre. Ça a été une leçon d’humilité », a affirmé Randolph.
« On parle souvent d’un endroit, mais ce n’est qu’une fois qu’on s’y trouve qu’on peut, réellement, comprendre de quoi il s’agit. »
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