Ritchie Torres fustige une campagne d’influence israélienne « raciste »
La campagne présumée visait à influencer le représentant Démocrate de New York aux côtés d'autres législateurs démocrates afro-américains
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
New York Jewish Week via JTA — Le représentant de New York Ritchie Torres, l’un des plus fervents soutiens d’Israël au Congrès, a estimé qu’une campagne clandestine présumée qui aurait été lancée par le gouvernement israélien – une campagne qui visait à l’influencer aux côtés des autres législateurs démocrates afro-américains – était à la fois « humiliante » et « raciste ».
Cette initiative, selon un article qui est paru cette semaine dans le New York Times, a été orchestrée par le ministère israélien de la Diaspora et elle a visé les membres du Congrès, en plus du public américain, à l’aide d’une campagne pro-israélienne qui a été lancée sur les réseaux sociaux, avec le renfort de centaines de faux comptes.
Ce projet à hauteur de deux millions de dollars – mis en œuvre en coordination avec une firme de marketing dont le siège est à Tel Aviv, Stoic – a commencé au mois d’octobre dernier et elle continuait encore la semaine dernière, a dit le Times. A l’aide de multiples sites de fake-news et de ChatGBT, l’outil d’intelligence artificielle, l’opération exhortait les députés à financer l’effort de guerre israélien (elle a aussi compris quelques faux pas, avec notamment un compte censé appartenir à un homme Afro-américain qui se présentait « comme une Juive d’âge mûr ».)
La campagne s’est concentrée sur plusieurs membres du Caucus afro-américain au sein du Congrès, avec entre autres Torres, le leader de la minorité à la Chambre Hakeem Jeffries de New York ou le sénateur Raphael Warnock de Georgie, a fait remarquer l’article.
Que Torres ait été personnellement ciblé dans le cadre de cette opération est notable dans la mesure où, sur les réseaux sociaux, ses comptes sont un exemple d’activisme pro-israélien sans faille et fervent – il est d’ailleurs une star en Israël. Un engagement pro-israélien que Torres a rappelé dans une publication rédigée vendredi sur X.
« Si vous pensez que j’ai besoin d’être ‘influencé’ pour être pro-israélien, allez voir un médecin parce que vous avez le cerveau en décomposition », a-t-il écrit. Il a ensuite émis une rare critique de sa part d’une initiative israélienne.
« Les sacrés idiots qui sont à l’origine de cette opération humiliante pour eux doivent être renvoyés pour incompétence manifeste », a-t-il continué. « Une opération d’influence étrangère qui singularise les démocrates afro-américains au Congrès est raciste. Il n’y a aucune corrélation du tout entre la race et Israël au sein du Congrès des États-Unis ».
D’autres soutiens d’Israël ont critiqué cette campagne – cela a notamment été le cas de Michael Oren, ancien ambassadeur israélien aux États-Unis, qui a indiqué avoir été « horrifié » par l’article qui précisait que la campagne était la première en son genre à avoir été attribuée au gouvernement israélien.
« Si cet article dit la vérité, alors cette campagne représente une violation flagrante du droit américain et elle est une interférence inappropriée dans la politique intérieure de notre allié le plus important », a écrit Oren sur X, ajoutant que le projet entraînait « des dégâts stratégiques » pour l’État juif en cette période de guerre.
Oren a demandé au gouvernement israélien d’enquêter sur les affirmations faites par le journal, « de se désolidariser et de dénoncer » la campagne et il a noté que les personnes impliquées dans cette dernière devaient être renvoyées.
Dans une publication presque identique qui a été écrite en hébreu, Oren a aussi critiqué la focalisation de l’opération sur les députés afro-américains et il a interpellé le ministre de la Diaspora, Amichaï Chikli, qui est membre du parti du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Chikli s’en est pris en retour à Oren, écrivant sur X que l’ancien ambassadeur a été « horrifié pour avoir de l’attention ». Il a affirmé qu’il « n’y a eu aucun engagement de notre part auprès de la compagnie accusée de cette campagne d’influence par l’article du New York Times« , la firme Stoic.
Chikli a été à l’origine de tensions dans les relations entretenues par Israël avec les États-Unis depuis qu’il est devenu ministre de la Diaspora, en 2022. L’année dernière, avant le début de la guerre, il avait accusé le président Joe Biden d’agir de connivence avec l’opposition israélienne ; il avait suscité la colère des groupes juifs américains de gauche et il avait réprimandé l’ambassadeur américain en Israël. Au mois d’avril, contrevenant au protocole diplomatique de longue date, il a apporté son soutien à la campagne présidentielle de Donald Trump.