Selon un rabbin, Ohana est « contaminé » et responsable de la catastrophe de Meron
Meir Mazuz, proche de plusieurs membres du gouvernement, a traité les participants à la Gay Pride d' « animaux bipèdes », vecteurs du COVID et de terrorisme

Le rabbin Meir Mazuz, influent rabbin haredi proche de plusieurs membres du gouvernement, a déclaré samedi que le président de la Knesset, Amir Ohana, première personne ouvertement LGBTQ à occuper ce poste, était « contaminé par une maladie », et a insinué que le drame au mont Meron, en 2021, était due à l’orientation sexuelle d’Ohana.
Dans son sermon hebdomadaire, le chef de la yeshiva Kisse Rahamim à Bnei Brak a déclaré : « Viendra le moment où l’on demandera à chacun : êtes-vous pour le défilé des fiertés [NDLT : la Gay Pride] ou celui de l’humilité ? Le rabbin Meir Mazuz, influent rabbin haredi proche de plusieurs membres du gouvernement, a déclaré samedi que le président de la Knesset, Amir Ohana, première personne ouvertement LGBTQ à occuper ce poste, était « contaminé par une maladie », insinuant que la catastrophe de Meron, en 2021, était due à l’orientation sexuelle d’Ohana.
« Vous devriez prendre vos distances avec ceci », a-t-il exhorté, en ajoutant : « On voit ces gens marcher sans gêne dans ce défilé des fiertés à Jérusalem. Fermez vos fenêtres et expliquez à vos enfants : ‘C’est un défilé d’animaux, inutile de le regarder. Ce sont des animaux bipèdes. Que pouvons-nous faire pour eux ?’ »
Poursuivant son intervention, Mazuz a laissé entendre que l’orientation sexuelle d’Ohana était responsable du mouvement de foule meurtrier au mont Meron, en 2021, qui a coûté la vie à 45 ultra-orthodoxes, dont 16 adolescents, lors du pèlerinage de Lag BaOmer, dans le nord du pays. Ohana était ministre de la Sécurité intérieure au moment de la tragédie, à la tête de la police chargée de la sécurité de l’événement.
« Il y a deux ans, quelque chose s’est passé à Lag Baomer et les gens disent… qu’il y avait là un ministre responsable de Meron qui est lui-même contaminé par cette maladie. Alors, ce qui nous est arrivé est-il vraiment un mystère ? », a-t-il questionné pour la forme, sans toutefois mentionner directement Ohana.
Mazuz, chef rabbinique de la communauté juive tunisienne d’Israël, est un habitué de l’arène politique. Après avoir soutenu l’ex-chef du parti Shas, Eli Yishai, et son parti Yachad, Mazuz est depuis quelques années proche de Yahadout HaTorah, du Shas d’Aryeh Deri – aujourd’hui ministre de l’Intérieur et de la Santé – et du dirigeant d’extrême droite Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale.
Lors des primaires du Likud, il y a quelques mois, Mazuz s’est déclaré aux côtés de Shlomo Karhi (Likud), fidèle de Netanyahu et aujourd’hui ministre des Communications. Ohana est également député du Likud et un fidèle de Netanyahu.

Ce n’est pas la première fois que Mazuz tient ce type de propos sur les personnes LGBTQ ou d’autres communautés.
En mars 2020, il a affirmé que l’épidémie de coronavirus en Israël était une punition divine pour la Gay Pride. En 2018, il avait déclaré que les personnes ouvertement homosexuelles ne pouvaient pas faire partie d’un minyan, [quorum de dix hommes adultes nécessaire à la récitation des prières les plus importantes de tout office ou de toute cérémonie (NDT)]. En 2015, il a imputé une série d’attentats terroristes palestiniens à la Gay Pride, plusieurs mois après qu’un extrémiste haredi eut poignardé à mort une jeune fille de 15 ans lors de la Gay Pride de Jérusalem.
En 2022, Mazuz a traité le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Yair Lapid, et le ministre des Finances, Avigdor Liberman, ainsi que « tous leurs amis » du précédent gouvernement, de « traîtres à leur peuple », « pires que les nazis ». Il a affirmé qu’ils avaient voulu « étouffer les étudiants de la Torah » tout en « donnant tout ce qu’ils voulaient aux Arabes ».
Il s’en est également pris à la messagerie WhatsApp, responsable selon lui de « détruire le monde ».

Jeudi, la Knesset a élu Ohana comme président, peu avant le vote de confiance au 37e gouvernement israélien.
S’exprimant suite à son élection, Ohana a remercié ses parents – dans la tribune – de l’avoir accepté « pour ce qu’il est ». Il a également remercié son partenaire, Alon Haddad, « sa moitié depuis 18 ans », présent avec leurs enfants, Ella et David, qu’Ohana a également mentionnés.
Ohana s’est engagé à ce que la nouvelle coalition ne porte pas atteinte aux droits des LGBTQ.
« Cette Knesset, sous cette présidence, ne leur nuira pas, pas plus qu’à aucune autre famille, point final », a-t-il déclaré en direction de sa famille.
Plusieurs partenaires d’extrême droite et ultra-orthodoxes du Likud ont des positions ouvertement homophobes, et aimeraient le rétablissement des soi-disantes thérapies de conversion, interdites, rétablir les mentions « mère » et « père » sur les formulaires officiels, au lieu de « parent » (neutre en terme de genre). Comme le parti ouvertement anti-LGBTQ Noam, ils prônent ce qu’ils appellent un modèle de « famille normale ».

L’unique député de Noam, le vice-ministre Avi Maoz, a détourné le regard lors du discours inaugural d’Ohana, à l’instar de membres du parti Yahadout HaTorah.
Netanyahu a répété à plusieurs reprises qu’il ne permettrait aucune violation des droits LGBTQ, en dépit de la conclusion d’accords de coalition favorables à l’adoption d’une loi autorisant les discriminations sur la base des croyances religieuses, pour permettre aux prestataires de biens et de services de refuser des clients.