Israël en guerre - Jour 561

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Tensions judiciaires et angoisse de la guerre poussent les Israéliens à placer leurs fonds à l’étranger

La société israélienne de technologie financière GMT parle d'une hausse de 50 % du nombre d'Israéliens concernés, avec pour destination des banques étrangères aux fins d'investissements sur les marchés ou dans l'immobilier

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Des manifestants anti-gouvernementaux participent à un rassemblement sur la place Habima, à Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Des manifestants anti-gouvernementaux participent à un rassemblement sur la place Habima, à Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Les Israéliens sont de plus en plus tentés de transférer leurs fonds à l’étranger, surtout vers les États-Unis et l’Europe, face aux initiatives du gouvernement pour affaiblir le système judiciaire et se débarrasser des garde-fous, sans compter cette longue guerre qui continue de nuire à l’économie du pays.

Selon la société de services financiers Global Money Transfer (GMT), le nombre d’Israéliens désireux d’échanger ou transférer de l’argent à l’étranger à augmenté de 50%.

« Rien que ces deux ou trois dernières semaines, nous avons constaté une forte augmentation du nombre de clients, principalement des Israéliens qui appellent pour transférer entre 50 000 et 500 000 shekels – voire plus – vers une banque étrangère, pour investir sur le marché boursier aux États-Unis ou en Europe, ou acheter des biens immobiliers à l’étranger » explique au Times of Israel le PDG de GMT, Eran Sarouk. Dimanche, le responsable du service client m’a appelé pour me dire qu’il avait passé une journée folle car plus de 70 personnes avaient appelé alors que ce jour-là, il n’y avait pas de marché des changes.

Ce sursaut fait suite à la procédure de destitution initiée par le gouvernement à l’encontre du chef du Shin Bet, Ronen Bar, et de la procureure générale, Gali Baharav-Miara. Samedi soir, des dizaines de milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Tel Aviv et dans tout Israël pour exiger la libération des 59 derniers otages de Gaza et manifester contre les initiatives du gouvernement pour reprendre la refonte judiciaire.

Selon GMT, les demandes de transferts de fonds se répartissent en deux grandes catégories : la majorité souhaite déplacer ses portefeuilles d’investissement, y compris l’épargne et les retraites, vers les États-Unis ou l’Europe, et une plus petite partie envisage toutes les options de relocalisation.

« Au début de la guerre, en octobre 2023, les clients parlaient de quitter le pays parce qu’ils avaient peur, mais aujourd’hui ils s’inquiètent surtout de l’avenir de leurs finances et du risque à laisser leurs économies en Israël en raison de l’orientation baissière du marché boursier, des dégradations de la note de crédit, du budget adopté il y a peu, des frais induits par la guerre et des aperspectives de hausses d’impôts – y compris sur les plus-values et les successions – pour combler le déficit. », poursuit Sarouk. Face à autant d’incertitudes, les gens ne savent pas ce que l’avenir leur réserve et craignent la nationalisation potentielle des actifs, ce qui en incite certains à déplacer leurs investissements à l’étranger.

Le centre d’appels du service client de la société de fintech israélienne GMT à Tel Aviv. (Autorisation)

Sarouk ajoute que les Israéliens demandent à transférer leur argent sur des comptes qu’ils ouvrent auprès de grandes banques mondiales comme Citi ou HSBC, ou auprès de grands courtiers aux États-Unis et au Royaume-Uni. D’autres encore souhaitent transférer des fonds à l’étranger pour acheter des biens immobiliers dans l’Europe voisine – notamment à Chypre, en Grèce, au Portugal et, récemment, en Thaïlande -, précise-t-il.

Fondée en 2001, GMT est une société de fintech israélienne qui propose des services de paiement et transfert international d’argent aux ressortissants israéliens mais aussi aux travailleurs migrants et leurs employeurs. L’entreprise emploie près de 90 personnes, dont le personnel du service clientèle de son bureau de Tel Aviv. GMT s’appuie sur un réseau de plus de 350 points de service et dépôt dans tout le pays, ainsi que sur une plateforme numérique de toute dernière technologie pour ses services financiers.

La reprise d’opérations militaires intensives dans toute la bande de Gaza, le 18 mars dernier, couplé au processus de destitution intenté contre Bar et Baharav-Miara, se sont traduits par une faiblesse et une volatilité accrues sur le marché financier israélien. Il y a de cela un peu plus d’une semaine, les indices boursiers israéliens ont fortement chuté et enregistré leur plus forte chute depuis octobre 2023, les investisseurs anticipant les conséquences d’une guerre encore longue et d’une crise constitutionnelle.

La semaine passée, l’indice TA-35 a chuté de 1,6 %, le TA-90 de 1,8 % et le TA-SME 60 de 1,3 %, selon les chiffres de la bourse de Tel Aviv. Des baisses de prix ont également été enregistrées sur les marchés obligataires : les obligations d’État ont chuté de 2,4 % et celles des ntreprises de 2,2 %.

Les fonds qui suivent les indices boursiers nationaux ont enregistré des ventes nettes continues de 220 millions de dollars la semaine dernière, contre 130 millions de dollars une semaine plus tôt. Au cours de la même période, les fonds qui suivent les indices boursiers internationaux ont enregistré des achats nets de 60 millions de dollars, contre 30 millions de dollars la semaine précédente. Les fonds qui suivent les indices obligataires nationaux ont enregistré des sorties nettes de 25 millions de dollars, contre 15 millions de dollars une semaine plus tôt.

Eran Sarouk, PDG de la société israélienne de technologie financière Global Money Transfer (GMT). (Avec l’aimable autorisation de GMT)

Sarouk ajoute que les Israéliens ont commencé à déplacer des capitaux à l’étranger dès les prémices de la refonte judiciaire, en janvier 2023, et que la tendance s’est confirmée au début de la guerre, dans l’après octobre 2023, avant de se calmer début 2024.

« Avant le projet de refonte judiciaire, nous avions deux à quatre demandes par semaine pour de grosses transactions vers l’étranger, souvent de la part d’Israéliens qui déménageaient ou décidaient de partir vivre à l’étranger », poursuit Sarouk. « Début 2023, avec. le projet de refonte judiciaire, nous étions à 50 / 60 appels téléphoniques par jour. »

« Entre le 7 octobre 2023 et janvier 2024 environ – au tout début de la guerre – les demandes de virements importants ont grimpé en flèche avant de retomber à environ 5 à 10 appels par jour », conclut-il.

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