Tsahal doit justifier à la Haute Cour son refus d’ouvrir toutes ses unités aux femmes
Les juges donnent à la Défense jusqu'à septembre pour répondre aux questions sur les limites imposées aux femmes dans les rôles de combat, malgré les programmes en cours
La Cour suprême de justice a demandé mardi à l’establishment de la Défense d’expliquer pourquoi les femmes n’ont pas été intégrées dans un grand nombre d’unités d’élite de l’armée israélienne.
Le panel de trois juges a donné jusqu’au 6 septembre aux défendeurs – le ministère de la Défense, Tsahal et le chef d’état-major de Tsahal – pour répondre à une série de questions sur les rôles accessibles aux soldates.
Il leur a été demandé d’expliquer pourquoi les femmes n’ont jamais été incorporées comme chauffeurs ou dans les escadrons de mortiers de certaines unités d’infanterie, ni dans les corps blindés, ou encore dans les unités d’élite qui font l’objet d’une sélection spéciale pour y accéder.
Les juges ont écrit que les programmes pilotes en cours dans l’unité de recherche et de sauvetage héliportée 669 et l’unité d’ingénierie de combat Yahalom ne signifiaient pas que Tsahal pouvait exclure les femmes soldats du service dans d’autres unités.
« Si une expérience est déjà en cours pour prendre une telle décision, pourquoi ne pas permettre à toutes les femmes d’essayer d’être acceptées dans d’autres unités ? » a demandé Esther Hayut, présidente de la Cour suprême, lors de l’audience de mardi, selon Haaretz.
La question du service des femmes dans les unités de combat de Tsahal remonte à des dizaines d’années, avec une longue histoire d’affaires judiciaires et de programmes pilotes militaires.
Un sondage publié en novembre par l’Institut israélien de la démocratie a suggéré que 54 % des Israéliens juifs estiment que toutes les unités d’élite de Tsahal devraient être ouvertes aux femmes, contre 35 % qui ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord.
En octobre, l’armée israélienne a déclaré qu’elle rendrait permanente une compagnie d’opérateurs de chars composée exclusivement de femmes, à la suite d’un programme pilote de deux ans couronné de succès. Cette compagnie, qui fait partie du bataillon d’infanterie légère mixte Caracal, opère le long de la frontière égyptienne, mais ne participe pas aux combats ni aux opérations derrière les lignes ennemies.
L’armée a interrompu l’intégration dans les unités blindées après un premier essai en 2017-2018, mais a accepté de la relancer au début de l’année 2020 à la suite de multiples pétitions adressées à la Cour suprême de justice.
Les critiques de cette intégration des genres dans l’armée la décrient souvent comme une expérience sociale dangereuse avec des ramifications potentielles pour la sécurité nationale, alors que ses défenseurs la qualifient généralement de mesure nécessaire depuis belle lurette, en accord avec les politiques de nombreux autres pays occidentaux.
L’armée insiste sur le fait qu’elle accepte davantage de femmes à des postes de combat pour des raisons pratiques, et non pour des raisons sociales, affirmant qu’elle a besoin de toutes les femmes et de tous les hommes dont elle dispose.
Ces dernières années, le nombre de femmes servant dans des unités de combat et dans d’autres rôles précédemment occupés par des hommes a augmenté, Tsahal ayant commencé à recruter des femmes dans plusieurs unités d’élite pour la première fois l’année dernière.
Le service militaire est obligatoire pour les hommes israéliens, qui servent pendant deux ans et huit mois, et pour les femmes, qui servent pendant deux ans. Certaines unités exigent des services militaires plus longs, en raison des longues périodes d’entraînement.