Israël en guerre - Jour 649

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Un film porte un regard intime sur l’architecte ayant conçu la Cour suprême d’Israël

La réalisatrice Yael Melamede relate le travail et la vie de sa mère Ada Karmi-Melamede et dénonce « le silence assourdissant entourant le boycott actuel des films israéliens » 

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

  • Yael Melamede et sa mère, Ada Karmi-Melamede, pendant le tournage du film « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025 à New York et Los Angeles . (Crédit : Salty Features)
    Yael Melamede et sa mère, Ada Karmi-Melamede, pendant le tournage du film « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025 à New York et Los Angeles . (Crédit : Salty Features)
  • Le plan architectural de Ramat Hanadiv tiré du film « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025 (Crédit : Daniel Kedem)
    Le plan architectural de Ramat Hanadiv tiré du film « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025 (Crédit : Daniel Kedem)
  • Le hall d'entrée de la Cour suprême d'Israël, tiré du film « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025. (Crédit : bureau AKM).
    Le hall d'entrée de la Cour suprême d'Israël, tiré du film « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025. (Crédit : bureau AKM).
  • Les mains d'Ada Karmi-Melamede, extrait de « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025. (Crédit : Salty Features)
    Les mains d'Ada Karmi-Melamede, extrait de « Ada, ma mère l'architecte », sorti en mai 2025. (Crédit : Salty Features)

Dans son documentaire « Ada : Ma mère l’architecte », actuellement à l’écran à New York et Los Angeles, la réalisatrice Yael Melamede, fille de la célèbre architecte Ada Karmi-Melamede, examine avec élégance une vie alliant maternité, carrière et ambition.

Ce film offre une plongée au coeur de la carrière illustre de Karmi-Melamede, 88 ans, fille, épouse et sœur de célèbres architectes israéliens.

Ada Karmi-Melamede est également l’architecte ayant conçu la Cour suprême d’Israël en collaboration avec son frère Ram Karmi. Elle a ensuite travaillé à la conception de l’aéroport international Ben Gurion, le centre d’accueil des visiteurs du parc naturel de Ramat Hanadiv, ainsi que d’autres bâtiments municipaux.

À ce jour, elle est encore à la tête de son entreprise.

Le documentaire se penche également sur la vie personnelle de Karmi-Melamede, sous le regard attentif de sa fille.

Dans les années 1980, Karmi-Melamede a quitté les États-Unis. Elle y vivait avec son mari l’architecte Amos Melamede et leurs trois enfants, alors d’âge scolaire. Elle est retournée seule en Israël pour y poursuivre sa propre carrière.

Melamede, 57 ans, est la benjamine de la fratrie.

« Je n’ai pas commencé mon film avec l’intention qu’il parle de nous », a déclaré Yael Melamede depuis son domicile new yorkais. « Je n’avais pas l’intention d’apparaître dans le film. Je ne pensais pas non plus qu’elle serait dedans. Je pensais que les autres révèleraient qui elle est. Mais elle dégage une telle force tranquille. »

En effet, dans ce film de deux heures, mère et fille sont souvent présentées ensemble à l’écran.

Melamede a suivi des études d’architecte, mais n’a que brièvement exercé avant de se tourner vers le cinéma. Elle se promène en compagnie de sa mère dans les bâtiments signés Karmi-Melamede et s’assoit à ses côtés pendant que, crayon en main, elle réalise des croquis sur du papier bond. Toutes deux, conversant paisiblement, révèlent les épreuves et les tribulations ayant jalonné la carrière de sa mère ainsi que leur propre relation.

Les mains d’Ada Karmi-Melamede, extrait de « Ada, ma mère l’architecte », sorti en mai 2025. (Crédit : Salty Features)

Le tournage a duré 3 ans et demi. Dans « Ada », Melamede guide avec douceur sa mère et le public à travers les aspects professionnel et personnel de l’histoire de son personnage.

Karmi-Melamede et son mari avaient déménagé à New York dans les années 1960 pour le travail de celui-ci. Durant 15 ans, elle avait vécu une carrière réussie dans le milieu de l’architecture et dans les cercles universitaires, notamment en travaillant sur des projets tels que le principal plan de Con Edison et une étude pour le projet de la station de métro Second Avenue.

Lorsque les projets se sont taris, Karmi-Melamade a pris la décision de retourner en Israël. Là, elle et son frère, le célèbre architecte Ram Karmi, ont collaboré et remporté le concours international pour la conception du bâtiment de la Cour suprême d’Israël à Jérusalem.

Par cet engagement, Karmi-Melamade s’est réimplantée en Israël, laissant sa famille aux États-Unis.

À l’origine, l’intention de Melamede n’était pas d’examiner aussi ses relations avec sa mère.

En réalité, « Ada » avait débuté timidement, à la manière d’une expérience, a expliqué Melamede.

« J’ignorais à quoi pourrait ressembler le fait de filmer quelqu’un de si intérieur », a-t-elle déclaré en parlant de sa mère. « Je pensais que les autres révèleraient qui elle est. Mais elle dégage une telle force tranquille. »

Le plan architectural de Ramat Hanadiv tiré du film « Ada, ma mère l’architecte », sorti en mai 2025 (Crédit : Daniel Kedem)

La monteuse de Melamede a même dit, à mesure que le travail avançait, que le film aurait pu se passer d’autres intervenants. Même si des personnalités comme l’architecte Moshe Safdie et l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak, entre autres, s’expriment longuement sur Karmi-Melamede et sur son travail.

Convaincue de la nécessité d’ajouter d’autres protagonistes pour apporter du contexte, Melamede s’est également incluse dans le film, pour à la fois comprendre le personnage de sa mère et être à ses côtés en Israël.

« Ça n’était pas prévu, mais c’est fantastique », a-t-elle déclaré.

Melamede, productrice oscarisée, a conçu son film en 5 chapitres basés sur des thématiques importantes pour sa mère et en lien avec sa vie.

La réalisatrice et son équipe ont eu recours à un langage cinématographique très inspiré par celui de l’architecture, imprimant notamment une rotation de 90° à la caméra pour créer des images étroites et verticales. L’intention était de montrer simultanément les interviews d’Ada dans deux cadres, à l’image du langage des réflexions sur l’architecture.

Une partie du film plonge au cœur du processus de conception du bâtiment de la Cour. On découvre l’inspiration de Rami puisée au cours de ses lectures de la Bible, alors que sa sœur lit des œuvres de Barak.

Le hall d’entrée de la Cour suprême d’Israël, tiré du film « Ada, ma mère l’architecte », sorti en mai 2025. (Crédit : bureau AKM).

Le film aborde également le processus de la refonte controversée du système judiciaire initié par l’actuel gouvernement qui avait débuté fin 2022, avec des scènes montrant Karmi-Melamede assise à l’extérieur lors d’une manifestation à Tel Aviv.

Elle parle également de ce qu’Israël signifie pour elle en tant que personne née des décennies auparavant, ainsi que de la façon dont le pays est devenu différent de celui qu’elle avait connu durant son enfance et son adolescence.

« Je me sens encore en lien avec ce qui se trouvait ici avant, avec des choses qui n’existent plus désormais », commente Karmi-Melamede dans le film.

Melamede explique que, compte-tenu de la modestie et de la timidité chroniques de sa mère face à toute forme de publicité, elle a eu le sentiment que sa mère avait accepté sa demande de faire ce film parce qu’elle pensait que c’était important et qu’elle le lui devait.

« La période est compliquée pour sortir un film sur une architecte israélienne », a dit Melamede, étant donné le « silence assourdissant entourant le boycott actuel des films israéliens ».

« Ada » a été refusé par tous les festivals européens, et la route menant aux États-Unis est également semée d’embuches, a ajouté Melamede.

« Les films représentent une forme d’entrée, ils offrent la possibilité d’un autre regard sur les choses », a-t-elle déclaré. « Manifester après une projection du film serait acceptable. Mais il s’agit de haine a priori. Cela entre en contradiction avec ma conviction de tout ce que l’art et la culture sont en mesure de réaliser. »

Melamede souhaitait achever et sortir son film alors que sa mère était encore en vie et en mesure de le visionner.

Et quand Ada a vu le film, Melamede l’a interrogée sur ses impressions.

« Il y a eu un long silence. Elle a ouvert de grand yeux, et elle a dit : ‘Je n’arrive pas à y croire, ce n’est pas ennuyeux !’ », a ajouté Melamede.

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