Un médecin poignardé dans une clinique privée près d’Ashkelon
Hamdullah Badir, médecin à Kiryat Malakhi depuis plus de 20 ans, a été agressé par un homme armé d’un couteau. Le syndicat des médecins dénonce « une épidémie » de violence
Un médecin arabe a été modérément blessé aux mains, vendredi, en se défendant contre un patient armé d’un couteau, dans sa clinique privée de Kiryat Malakhi, ville de quelque 25 000 habitants située près d’Ashkelon, sur la côte sud d’Israël.
L’agresseur a été placé en état d’arrestation, le temps que la police procède à l’enquête.
Des images de surveillance de la clinique, publiées sur Facebook samedi, montrent le médecin aux prises avec un agresseur armé d’un couteau, qui parvient à le repousser et à refermer la porte sur lui.
L’agression du médecin, Hamdullah Badir, originaire de la ville arabe de Kafr Qasim, est le dernier cas de violence en date contre les professionnels de santé israéliens, phénomène que le président de l’Association médicale israélienne, Zion Hagay, a qualifié d’ « épidémie ».
Les incidents violents étaient devenus tellement fréquents en mai dernier que le personnel de l’hôpital Galilée de Nahariya, dans le nord du pays, avait organisé une grève perlée en signe de protestation, suite à des agressions répétées par des proches de patients décédés.
Dans une interview accordée au média arabe israélien Arab 48, Badir donne sa version des faits survenus vendredi.
« J’étais à mon travail lorsque la personne qui accompagnait un patient s’est soudainement porté à ma hauteur, avant de sortir un grand couteau et de tenter de me poignarder dans le haut du corps », explique-t-il.
Badir parle du choc initial.
« Au début, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, mais [lorsque j’ai réalisé], je me suis mis à me défendre, sans trop m’en rendre compte. J’ai attrapé le couteau – qui a failli me couper un doigt – et j’ai réussi à refermer la porte sur lui. »
משטרת ישראל עצרה בשעות הלילה לחקירה תושב קרית מלאכי כבן 32, בחשד שתקף איש צוות רפואי במרכז רפואי פרטי בקרית מלאכי, ובחשד לשוד דוכן פיס שביצע ביום חמישי האחרון.החשוד, זמן קצר לאחר אירוע התקיפה שאירע בליל שבת, הסגיר עצמו לתחנת המשטרה. pic.twitter.com/2riNvHkXmR
— matan tzuri מתן צורי (@MatanTzuri) November 26, 2022
Un doigt de sa main droite a été coupé au niveau du nerf, et plusieurs doigts de sa main gauche sont cassés.
« Je suis encore en état de choc », explique Badir.
« Chaque fois que je me remémore ce qui s’est passé, je me sens mal. Je ne vais pas retourner travailler : je suis encore terrifié », précise-t-il.
Le médecin estime « incroyable » d’avoir été l’objet d’une telle agression après plus de 20 ans au service de la communauté de Kiryat Malakhi.
Les Arabes israéliens sont bien représentés au sein du secteur de la santé. En 2021, ils représentaient 48 % des nouveaux médecins israéliens, même s’ils ne comptent au total que pour 21 % de la population générale.
De nombreux professionnels de la santé arabes se disent victimes de discriminations sur leur lieu de travail, et les employés arabes israéliens de la caisse de santé Clalit ont signé une lettre ouverte, en 2019, affirmant qu’ils ne bénéficiaient jamais de promotions.
Badir attribue le petit nombre de réactions à son agression au fait qu’il est arabe et l’agresseur, juif.
« Si les rôles avaient été inversés, si l’agresseur avait été arabe et la victime juive, on aurait eu une levée de boucliers », affirme-t-il.
Badir se dit préoccupé par le regain de violence contre les professionnels de santé en général.
« Par le passé, dans les hôpitaux, il y avait de temps à autres quelques échauffourées, des cris tout au plus. Mais aujourd’hui, ce sont des agressions répétées contre les équipes médicales et je crains que nous n’ayons pas encore vu le pire », assure-t-il.
Pour dissuader les agresseurs, l’Association médicale israélienne a suggéré des modifications législatives pour que de telles agressions soient traitées avec la même sévérité que celles touchant les policiers.