Un même homme mêlé à l’attaque contre l’Hyper Cacher et la tentative à Villejuif
Vétéran du jihad, ce Franco-Algérien a combattu en Syrie ou en Afghanistan et tenté d'aller se battre en Tchétchénie ; il est présumé mort dans la zone irako-syrienne en 2016
Le procès de l’étudiant algérien Sid-Ahmed Ghlam, accusé de tentative d’attentat contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) en avril 2015, s’est penché lundi sur le commanditaire de l’opération, qui pourrait être aussi à l’origine de l’attaque contre l’Hyper Cacher trois mois plus tôt.
Aujourd’hui présumé mort, Abdelnasser Benyoucef est jugé en absence devant la cour d’assises spéciales de Paris.
Ce cadre du groupe Etat islamique (EI), alias « Abou Mouthana », est l’homme que Sid-Ahmed Ghlam a rencontré lors de ses séjours en Turquie en 2014. C’est lui qui l’aurait sollicité pour commettre un attentat contre « une bonne église avec du monde » en France.
« Sid-Ahmed Ghlam constituait un profil intéressant (pour les jihadistes). Etudiant, résidant légalement en France, il pouvait se déplacer facilement avec son vrai passeport », a détaillé une enquêtrice de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) interrogée en visioconférence.
Abdelnasser Benyoucef n’est pas un inconnu pour les services antiterroristes. Vétéran du jihad, ce Franco-Algérien né en 1973 a combattu en Syrie ou en Afghanistan et tenté d’aller se battre en Tchétchénie après des études coraniques en Egypte.
Il est présumé mort dans la zone irako-syrienne en 2016.
« On est certain qu’il est mort mais on n’a pas de preuves », a indiqué l’enquêtrice de la DGSI. Abdelnasser Benyoucef était « un acteur clé » de la « cellule attentat contre la France », a-t-elle ajouté.
Sa veuve, Sonia M., détenue depuis son retour de Syrie fin 2019 bien que se disant repentie, affirme qu’Abdelnasser Benyoucef a été l’un des commanditaires de la prise d’otages meurtrière perpétrée par Amedy Coulibaly contre l’Hyper Cacher en janvier 2015 à Paris.
« Il m’a dit qu’il avait aidé à ce que cela se fasse », a-t-elle déclaré aux enquêteurs.
Il lui a aussi indiqué, a-t-elle ajouté, avoir eu un rôle dans l’attentat raté contre l’église de Villejuif, dans lequel a péri une jeune mère de famille de 32 ans, Aurélie Châtelain. Sid-Ahmed Ghlam nie avoir assassiné cette jeune femme et met en cause un complice nommé « Abou Hamza ».
Selon sa version, ce complice aurait tiré accidentellement sur Aurélie Châtelain après lui avoir volé sa voiture.
« Abou Hamza » était le pseudonyme de Samy Amimour, l’un des assaillants du Bataclan, une salle de spectacle parisienne (90 morts), lors des attentats du 13 novembre 2015 dans la capitale française qui avaient fait 130 morts au total.
Les enquêteurs doutent toutefois de cette version des faits. Seul l’ADN de Sid-Ahmed Ghlam a été retrouvé sur l’arme du crime.