Un rabbin critique les Haredim : « Comment en sommes-nous arrivés là ? »
Le dirigeant de Karlin-Stolin, Baruch Meir Yaakov Shochet, déplore le "mépris de la vie" dans la communauté ultra-orthodoxe et invoque l'obligation juive de protéger la vie

Le dirigeant de la dynastie hassidique Karlin-Stolin, qui s’est remis du COVID-19, a déploré les violations sanitaires au sein de la communauté ultra-orthodoxe, tout en exhortant vivement ses adeptes à respecter les directives.
Le rabbin Baruch Meir Yaakov Shochet, 66 ans, a été hospitalisé au début de ce mois à Netanya avec le virus. Sa petite communauté hassidique, qui compte plusieurs milliers d’adeptes, a suivi strictement les directives du ministère de la Santé et a été la première communauté hassidique à fermer ses synagogues et ses bains rituels en mars, lorsque la pandémie a commencé.
Dans un message enregistré cette semaine, Shochet a déclaré : « Je suis stupéfait de constater qu’il y a un tel mépris pour la vie des autres, en particulier dans la communauté Haredi. Que nous est-il arrivé, comment en sommes-nous arrivés là ? »
« Pour l’amour de Dieu, nous ne devons enfreindre aucune des règles, quelles que soient les circonstances. Ce n’est pas un jeu d’enfant, c’est la vie et la mort et l’essence de la loi », a-t-il ajouté, selon les médias israéliens.
האדמו״ר מקרלין בשיחה מוקלטת לחסידיו אחרי שהחלים מקורונה:
״לא יודע מי יכול לקחת אחריות שלא לשמור על ההנחיות כפשוטם. היתכן שיש כאלה נעלמו מעיניהם הלכות פשוטות בהלכות פיקוח נפש שזה יסוד היהדות. מפעים אותי שדווקא בציבור החרדי יש כזה זלזול בחיי הזולת, מה קרה לנו, איך הגענו לשם?״ pic.twitter.com/RPaG0Y1D0r— יאיר שרקי (@yaircherki) October 14, 2020
En insistant sur la loi juive de sauvegarde de la vie, Rav Shochet a ajouté : « Se peut-il que certains d’entre eux aient oublié les simples lois de Pikuach nefesh, qui est la base du judaïsme ? Nous entendons et voyons tous tant de cas où des personnes endurent des souffrances et des douleurs, sont malades et meurent. »
« Je comprends qu’il est très difficile d’être constamment sous tension pour observer [les règles], mais nous devons le faire », a poursuivi le rabbin. « C’est la volonté de Dieu et nous devrions être heureux de l’opportunité qui nous est donnée de protéger la vie humaine. »
La communauté ultra-orthodoxe d’Israël a fait l’objet de critiques croissantes en raison du mépris généralisé des règles mises en place par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus, ce qui l’a particulièrement touchée. Début octobre, les responsables ont déclaré que 40 % de toutes les nouvelles infections par le coronavirus provenaient des ultra-orthodoxes, bien que ceux-ci ne représentent qu’environ 12 % de la population.
Des vidéos se sont multipliées ces dernières semaines, illustrant le refus persistant de se conformer aux règles de confinement.
Le virus a également infecté certains des principaux dirigeants de la communauté, notamment le chef de sa branche lituanienne (non hassidique), le rabbin Chaim Kanievsky, 92 ans, et les dirigeants des dynasties hassidiques de Belz et de Sanz.
Depuis que le deuxième confinement national a commencé le mois dernier pendant les grandes fêtes juives, certains groupes hassidiques, dont la dynastie Belz et les groupes de la ligne dure de Mea Shearim à Jérusalem, ont ouvertement bafoué les règles interdisant les rassemblements pour la prière et les cérémonies religieuses. D’autres, comme les dynasties de Gour, Sanz et Karlin-Stolin, ont adopté les précautions sanitaires et mis en garde contre les dangers du virus.
Au début de ce mois, à Ashdod, les funérailles du rabbin Mordechai Leifer, 65 ans, connu sous le nom du Rebbe de Pittsburgh, ont attiré des milliers de fidèles au plus fort du confinement. L’enterrement s’est terminé par des affrontements entre les fidèles et la police. La police avait autorisé environ 300 à 400 personnes à participer à l’événement, mais à mesure que le nombre de participants augmentait, des affrontements violents ont éclaté entre la police et les participants.
Le Rav Leifer est mort du COVID-19.
