Affiche de LFI sur Cyril Hanouna : Manuel Bompard estime qu’elle « n’aurait pas dû être publiée »
Le coordinateur de LFI s’est défendu de toute volonté d'antisémitisme du parti

De nouveau accusé d’antisémitisme après la diffusion d’une affiche controversée représentant l’animateur juif Cyril Hanouna, le parti d’extrême gauche radical a tenté, dans un premier temps, de rejeter les nombreuses critiques – ce que le chef du parti, Jean-Luc Mélenchon, continue à faire, notamment dimanche sur France 3.
Dimanche également, interrogé sur ce sujet dans Le Grand Rendez-vous Europe 1-CNews-Les Échos, le coordinateur de LFI Manuel Bompard s’est lui défendu de toute volonté d’antisémitisme du parti tout en critiquant le temps d’antenne consacré à cet incident. Il a au contraire concédé que cette affiche « n’aurait pas dû être publiée », « à partir du moment où elle peut donner l’impression d’avoir eu une intention qui visait une personne en fonction de sa confession religieuse ».
Auparavant, le député LFI Eric Coquerel avait lui reconnu, concernant l’affiche, « une maladresse sur la forme », mais affirmé que « cette affiche ne reprenait pas les codes culturels » de l’antisémitisme et que les nombreuses critiques étaient, selon lui, « une manière de nous discréditer ».
Ce visuel montre le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive, au-dessus des messages « Manifestations contre l’extrême droite ses idées… et ses relais ! » – en lien avec les rassemblements organisés le 22 mars par le parti de gauche radical et 200 autres organisations.
Mélenchon a estimé que les commentaires sur « le nez trop long, les cheveux trop courts (n’ont) aucun sens ».
« Nous ne sommes pas antisémites » et « nous n’avons rien à voir avec le racisme », a-t-il insisté avant d’accuser les médias de « relayer la propagande des réseaux d’extrême droite » qui selon lui « pavoisent parce qu’ils obtiennent qu’une fois de plus nous soyons mis en cause ».
Marine Le Pen avait elle au contraire pointé « une complaisance de la part d’une partie des médias pour l’extrême gauche (qui) avance ses pions et fait reculer les limites de l’inacceptable ».
La patronne du Rassemblement national s’est dite « scandalisée » par ce qu’elle a qualifié de « photos qui sont évidemment des références aux caricatures antisémites ».
Des images « insupportables » et « intolérables », a également tranché le président du Sénat Gérard Larcher, estimant que LFI « a parfois des formes d’expression » d’un parti antisémite.
Dans la même veine, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fustigé sur le réseau social X une « insupportable affiche qui emprunte aux antisémites des années 30 une iconographie nauséabonde et outrancière », reflétant l’idée que « la dérive de l’extrême-gauche est sans limite ».
Un élu LFI a confié à l’AFP sous le sceau de l’anonymat que « ce visuel n’aurait jamais dû exister », même s’il se dit « sûr que ça n’a pas été fait avec une intention antisémite ».
« Mais qu’à aucun moment, de la conception à la diffusion, personne n’y ait pensé… Il y a un problème de culture politique », déplore cet élu, qui émet deux hypothèses : « Soit ça a été validé et c’est un problème de ligne politique, soit c’est pas validé et c’est un problème d’organisation ».
Dans les deux cas, « il y a une responsabilité à assumer » pour reconnaitre « qu’on a fait une connerie ». Et dans l’organisation du parti, celle-ci revient aux « membres chargés de la ‘coordination des espaces’, au titre de la ‘bataille médiatique’ « , souligne-t-il.
Façon de désigner sans les nommer deux figures majeures de LFI, proches parmi les proches de Jean-Luc Mélenchon : Bompard qui a hérité de la circonscription marseillaise de son mentor, et la députée de Paris Sophia Chikirou, ex-conseillère en communication du triple candidat à la présidentielle.
De son côté, l’animateur a assuré vouloir intenter « une action en justice », qualifiant LFI de « bien pire que l’extrême droite ».