Après son départ de la Knesset, Eisenkot travaille sur une « alternative gouvernementale »
L'ancien chef d'état-major estime que Netanyahu doit démissionner en raison du 7 octobre ; Matan Kahana, qui a, lui aussi, quitté le parti, veut négocier une alliance avec Bennett

Vingt-quatre heures après avoir annoncé sa décision de quitter le parti HaMahane HaMamlahti de Benny Gantz, le député Gadi Eisenkot a fait savoir que si les deux anciens chefs d’état-major ont travaillé ensemble pendant de nombreuses années et qu’ils se respectent mutuellement, leurs divergences sont finalement venues à bout de leur alliance politique.
« Depuis plusieurs mois, je m’efforce par tous les moyens de renforcer le bloc des partis sionistes, patriotiques, libéraux et étatistes, je m’efforce de les mettre en ordre de marche avec pour objectif de présenter une alternative gouvernementale, d’organiser des élections et de remporter la victoire et ce, dès que possible », a dit Eisenkot aux journalistes qui étaient réunis à Tel Aviv mardi dans la soirée.
« Mon service commun et mon amitié avec Benny Gantz remontent à de nombreuses années, mais il y a également des divergences d’opinion », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse, affirmant que son ancienne formation « a besoin d’un processus de démocratisation transparent et profond ».
« Malheureusement, rien ne s’est produit jusqu’à présent », ce qui a contribué à sa décision de démissionner, a-t-il ajouté. Il a noté que ses anciens collègues étaient « des personnalités merveilleuses » avec lesquelles, a-t-il affirmé avec conviction, il « continuera à travailler dans le but de créer un avenir meilleur ».

Lorsqu’il avait rejoint HaMahane HaMamlahti, Gadi Eisenkot avait notamment revendiqué « l’instauration d’un processus démocratique au sein du parti dans les meilleurs délais » et « l’arrivée de nouveaux jeunes », a-t-il expliqué.
La formation politique a récemment annoncé qu’elle organiserait des primaires pour désigner son nouveau chef – ajoutant que ce scrutin ne porterait pas sur le choix de la liste qui sera présentée par le parti aux électeurs.

« Je pensais que nous devions mettre en place une alternative à la gouvernance qui permettrait de remporter les prochaines élections », a expliqué Eisenkot, qui a rejeté les informations transmises par les médias qui avaient fait état de différends idéologiques profonds avec Gantz, notamment sur la question d’un éventuel boycott du Premier ministre Benjamin Netanyahu ou sur celle d’une possible alliance avec ce dernier dans le cadre d’une coalition de gouvernement.
« Cela n’a rien à voir avec le Premier ministre Netanyahu », a-t-il asséné, insistant sur le fait que « tous ceux qui occupaient une position centrale [lors du 7 octobre] doivent présenter leur démission ».
La conférence de presse d’Eisenkot a été légèrement retardée lorsque les sirènes ont retenti dans une grande partie du centre d’Israël dans le sillage d’un tir de missile des Houthis, au Yémen. Le projectile a finalement été intercepté et il n’a causé aucun dégât.
« J’ai pris la décision de présenter ma démission de la Knesset, de faire ce qui est juste pour rendre mon mandat – comme cela devrait être le cas dans le cadre d’une vie politique saine », a dit l’ancien chef d’état-major, qui a souligné que le député Matan Kahana, son collègue, qui était assis à proximité, avait choisi de faire de même.
Kahana représente l’aile droite du parti de centre-droit de Gantz et, selon la chaîne publique Kan, il aurait rencontré à plusieurs reprises l’ancien Premier ministre Naftali Bennett. Ce dernier lui aurait conseillé de démissionner de la faction dirigée par Gantz.

Une initiative qui a donné lieu à des rumeurs qui ont laissé entendre que Kahana, un proche de Bennett qui appartenait, dans le passé, à son parti Yamina – aujourd’hui disparu – pourrait bien rejoindre la formation politique qui a été récemment enregistrée par l’ex-Premier ministre.
Lors d’un entretien accordé au Times of Israel avant la conférence de presse qui avait été organisée mardi, Kahana a indiqué qu’il était en contact avec Bennett et qu’il tenterait de négocier une alliance politique entre lui et Eisenkot.
Interrogé sur les informations qui ont laissé entendre qu’il serait actuellement en train de mener des négociations avec Bennett et avec le président de Yesh Atid, Yair Lapid, Eisenkot a expliqué aux journalistes qu’il respectait les deux hommes et qu’il « rencontrait régulièrement » Bennett.
Il n’a toutefois évoqué aucune union politique avec l’un ou l’autre des politiciens. Il a affirmé que les deux personnalités « ne sont en aucun cas liées à ce processus » et il a ajouté qu’il souhaitait « s’engager dans un processus qui rassemblera, à terme, tous les partis sionistes et démocratiques ».
Une source proche de l’ancien chef d’état-major a déclaré mardi au Times of Israel qu’Eisenkot et Lapid étaient en contact mais il a démenti l’existence d’un accord entre les deux hommes, rejetant ainsi une information qui avait été transmise par le site d’information Ynet qui avait affirmé que Lapid avait proposé à Eisenkot la direction de son parti pour les prochaines élections.

Une autre source proche de Bennett a également nié toute influence de l’ancien Premier ministre dans la décision prise par Kahana de démissionner. Il a affirmé qu’avec le départ d’Eisenkot de HaMahane HaMamlahti, Kahana avait peu de chances de figurer sur la liste du parti pour les prochaines élections.
« Quand Gadi est parti, le départ de Matan n’a plus été qu’une question de temps », a confié la source.

Alors que le Times of Israel lui demandait s’il avait l’intention de créer son propre parti, Eisenkot est resté évasif. Il s’est contenté de dire que « l’objectif est de remplacer ce mauvais gouvernement et d’établir une alternative sioniste, patriotique, démocrate et digne de l’État », ajoutant que lui-même « fera tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre ce but ».
Interrogé sur sa capacité à assumer un mandat de Premier ministre, Eisenkot a répondu qu’il pensait « pouvoir remplir n’importe quelle fonction au sein de l’État d’Israël ».
À la suite de la démission d’Eisenkot et de Kahana, le parti HaMahane HaMamlahti a annoncé qu’il reprendrait le nom initial de la faction qui avait été créée par Gantz, Kakhol lavan.

Le parti lancera une nouvelle campagne publicitaire sous son nouveau nom qui sera axée sur « la nécessité de conclure des accords et de créer l’unité entre toutes les composantes de la société israélienne » et elle aura pour slogan « Israël avance vers l’entente ».
« Nous poursuivons le chemin que nous avons emprunté dès le premier jour : celui qui mènera à connecter et à unir l’ensemble de la société israélienne. Surtout maintenant, après la tragédie de l’attaque du 7 octobre, après les guerres contre le Hezbollah et l’Iran, il est temps d’avancer vers l’entente et il est temps de panser les blessures. Finis les camps, nous sommes tous bleus et blancs’, a déclaré Gantz dans un communiqué.
Selon un sondage dont les résultats ont été révélés par la chaîne d’information N12, mardi dans la soirée, Kakhol lavan obtiendrait six sièges sur les 120 que compte la Knesset si des élections devaient se tenir aujourd’hui. De son côté le Likud en gagnerait 26, et le nouveau parti de Bennett pourrait en revendiquer 24. Si Eisenkot créait son propre parti, il remporterait huit sièges.
Si Eisenkot remplaçait Lapid à la tête de Yesh Atid, le parti obtiendrait 18 sièges, et s’il rejoignait Bennett, ils obtiendraient ensemble 32 sièges, ce qui ferait de leur faction la plus importante au sein du parlement.
Eisenkot et Kahana devraient être remplacés à la Knesset par Eitan Ginsburg et Yael Ron Ben-Moshe.