« Bros » : la première série originale en hébreu de Netflix arrive enfin
Reportée par les événements du 7 octobre puis l'attaque iranienne, la sortie officielle de « Bros » se fait à un moment tendu
Nous sommes en 2008 et l’équipe de football du Beitar Jérusalem joue contre celle du Wislow Cracovie, en Pologne.
Ce match de qualification crucial pour la Ligue des champions de l’UEFA sert de toile de fond à la série « Bros », comédie noire israélienne visible sur Netflix dès jeudi prochain.
Complices de longue date à la ville, Guy Amir et Hanan Savyon sont à l’origine de la série, intitulée « Baesh Uvamayim » en hébreu (« Par le feu et l’eau »), qu’ils ont écrite et réalisée et dont ils sont les interprètes à l’écran, dans la peau de deux amis, eux aussi de longue date, Nisso et Pini.
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Il s’agit de la toute première production originale entièrement en hébreu et située en Israël de Netflix. La série aurait dû être diffusée sur la plateforme de streaming dès le début du mois de novembre dernier, mais les massacres du Hamas du 7 octobre ont retardé sa sortie.
Le porte-parole de Netflix a démenti une information parue dans le média Ynet, ce mois-ci, selon laquelle la plateforme faisait profil bas compte tenu du contexte délicat de la guerre entre Israël et le Hamas. Pour autant, impossible de programmer d’interviews sur la question avant sa première, le porte-parole affirmant que les acteurs et créateurs préféraient laisser la série vivre sa vie, plutôt que de répondre à des questions susceptibles de donner lieu à des mises en cause politiques.
L’équipe de la série a été directement touchée par le massacre du Hamas : le concepteur sonore Lior Waitzman a été assassiné le 7 octobre alors qu’il faisait du vélo près de chez lui, à Sderot.
גיא וחנן, ברוכים הבאים לנטפליקס!
סדרת הדרמה הקומית הישראלית מאת היוצרים חנן סביון וגיא עמיר
"באש ובמים" – 9.11.2023 – רק בנטפליקס! pic.twitter.com/d48wTN6dRI— Netflix Israel (@Netflix_IL) October 3, 2023
Des mois après son report, la soirée de première a finalement dû être annulée, dimanche dernier, jour où Israël a été victime d’une attaque iranienne de missiles et de drones.
La série, bien sûr, n’a rien à voir avec le Hamas, Gaza ou même le conflit israélo-palestinien. En fait, on y parle très peu de politique.
Des rumeurs ont un temps laissé entendre que la série évoquerait l’un des chapitres les plus tristement célèbres de l’histoire du Beitar Jérusalem – le recrutement, en 2012, de deux joueurs musulmans originaires de Tchétchénie, qui avait suscité l’indignation de La Familia, supporters ouvertement racistes –, mais elle se déroule en fait des années plus tôt et ne fait aucune référence aux controverses sur l’équipe.
Pour tout dire, la série porte avant tout sur la vie de deux amis et sur leur passion pour l’équipe : certes on y évoque la saison 2008, mais on y parle finalement assez peu de football ou même de sport. « Bros » est surtout l’histoire d’amis de longue date, portés à l’écran par Savyon et Amir, qui ont grandi à Jérusalem et tiennent un bar sportif dans lequel ils boivent peut-être un peu trop.
Confrontés à des difficultés dans leur vie personnelle, les deux hommes se retrouvent pris dans un étau et des incertitudes qui mettent à l’épreuve leur longue amitié et l’avenir de leur entreprise.
Savyon et Amir sont des habitués du milieu de la télévision israélienne : ils ont fait équipe sur de nombreux projets, comme « Asfur » en 2010 (avec la jeune Gal Gadot) ou « Scarred » en 2013, ou dans les longs-métrages « Maktub » en 2017, et « Forgiveness » en 2019.
La série est en certains points autobiographique – Savyon a grandi à Jérusalem, les deux hommes sont amis depuis près de 25 ans (ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école de théâtre), ils sont fans du Beitar et étaient copropriétaires d’un bar à Givatayim – mais on espère pour eux que les similitudes s’arrêtent là.
Tout au long des huit épisodes de la série, les deux amis se livrent à des bouffonneries de plus en plus folles et surréalistes, que ce soit à Jérusalem ou à Cracovie, malmenés par les aléas de l’existence et l’avenir incertain de leur bar adoré, aux prises avec des policiers, des trafiquants de drogue, des enquêteurs d’assurance ou des néonazis en colère.
Pour une série (du moins à l’origine) destinée au public des 190 pays dans lesquels sont offerts les services de Netflix, « Bros » est profondément et indéniablement israélienne. À peine huit minutes après le début du premier épisode, les deux hommes font une blague sur les terroristes du Hezbollah. Il faut attendre le deuxième épisode pour une référence à la Shoah.
Les habitants de Jérusalem seront probablement ravis de voir à l’écran des quartiers emblématiques de la capitale et ceux qui prennent régulièrement l’avion à destination ou au départ d’Israël riront lorsque le personnage d’Amir commande un repas « spécial casher » à bord de son vol, simplement parce qu’il en a assez de voir les passagers religieux manger les premiers.
Il est difficile de prédire l’intérêt que « Bros » va susciter sur Netflix, le service de streaming le plus populaire au monde. Le public a adoré des séries israéliennes comme « Fauda » ou « Téhéran », centrées sur le conflit et la violence, ou les « Shtisel », qui a su humaniser une communauté insulaire très discrète, là où « Bros » parle de deux idiots d’âge moyen souvent insupportables, qui tentent de se frayer un chemin dans la vie en prenant des décisions épouvantables et en essayant de devenir adultes, mais bien trop tard.
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