Coronavirus : pourquoi l’enquête épidémiologique en Israël est à la traîne
Le ministère de la Santé cherche à décupler les chiffres, mais ce serait encore insuffisant en comparaison avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne
Dans des pays comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, ainsi que dans de nombreux Etats américains, le nombre d’épidémiologistes par habitant menant des enquêtes sur les personnes entrées en contact avec des porteurs du coronavirus est 100 fois plus élevé qu’en Israël, selon un rapport publié jeudi par la Direction du renseignement militaire.
La recherche épidémiologique consiste à mener des enquêtes pour identifier et mettre en quarantaine tous ceux qui ont pu être exposés à des porteurs du virus dans les jours précédant leur diagnostic, afin de stopper la propagation.
En Israël, il y a un seul épidémiologiste pour 300 000 personnes. Le ministère de la Santé cherche à renforcer son équipe pour avoir un épidémiologiste pour
30 000 personnes. Or, même si cela se concrétise, les chiffres seraient encore loin derrière ceux de nombreux pays du monde, selon la Douzième chaîne.
En Allemagne, il y a un épidémiologiste pour 4 000 personnes. Au Royaume-Uni, le taux est encore plus élevé, avec un épidémiologiste pour 2 200 habitants.
À New York, chaque épidémiologiste est responsable de 6 200 personnes et dans le Michigan, le taux est d’un épidémiologiste pour 1 400 habitants.
En Autriche et au Royaume-Uni, les citoyens peuvent signaler sur une application téléphonique désignée où ils se trouvaient avant de contracter le virus, ce qui a permis d’accélérer encore davantage le processus de ces enquêtes épidémiologiques dans ces pays.
« Le système d’enquête épidémiologique existant en Israël est limité par rapport à ceux qui existent dans le monde entier », écrit la Direction du renseignement militaire dans son rapport. « Le petit nombre d’enquêteurs ne nous permet pas de répondre dans les délais aux enquêtes, si tant est qu’il y en ait. »
Ce rapport recommande que le ministère de la Santé profite de « divers moyens technologique pour rationaliser et renforcer ses capacités d’enquête » et pour établir un système d’enquête informatisé qui permettra à la plupart des porteurs du virus de « s’enquêter eux-mêmes » afin de gagner du temps, comme c’est actuellement le cas dans certains pays.
Face à cette carence, le gouvernement a réintroduit un programme controversé de géolocalisation mené par le Shin Bet qui identifie les personnes susceptibles d’avoir été exposées au virus en utilisant des moyens numériques pour retracer les mouvements des patients avant leur diagnostic, principalement les données des téléphones portables.
Bien que le Shin Bet lui-même se soit montré très réticent à utiliser cette technologie, qui est généralement réservée à la lutte contre le terrorisme, le gouvernement a insisté sur le fait qu’il s’agissait du seul moyen pour rester au courant de la propagation du virus. Le programme a été utilisé lors de la première apparition du virus, mais il a ensuite été interrompu pendant une courte période, faute de législation.