Cyberdéfense: citant la menace iranienne commune, Lapid s’engage à aider l’Albanie
Le Premier ministre albanais, en visite de trois jours en Israël, souhaite renforcer la protection de son pays après des cyberattaques imputées à Téhéran
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le Premier ministre Yair Lapid a proposé dimanche une aide à son homologue albanais, Edi Rama, qui se trouve en Israël, pour se protéger des cyberattaques iraniennes, selon un compte-rendu israélien d’une réunion entre les deux hommes.
Tirana a rompu ses relations diplomatiques avec la République islamique en septembre après une série de cyberattaques qu’elle impute à l’Iran.
« L’Iran représente une menace commune pour Israël et l’Albanie », a déclaré Lapid lors de la réunion, qui s’est tenue au bureau du Premier ministre à Jérusalem. « Nous l’avons vu dans les récentes cyberattaques iraniennes contre l’Albanie. Israël contribuera de quelque manière que ce soit à l’effort contre l’Iran. Nous considérons cela comme un intérêt national et une responsabilité historique. »
Après la visite, les échelons professionnels des deux pays organiseront des discussions en ligne sur la cybersécurité.
Les deux dirigeants ont également discuté du développement du tourisme et du commerce, ainsi que de la reprise des vols directs entre les pays.
La guerre en Ukraine n’a pas été évoquée lors de la rencontre.
Rama est arrivé en Israël plus tôt dimanche pour une visite de trois jours. Le dirigeant albanais rencontrera également le président Isaac Herzog, le président de la Knesset Mickey Levy et le ministre des Finances Avigdor Liberman, ainsi que le chef de la direction nationale du cyberespace, Gaby Portnoy.
Portnoy présentera un exposé sur les capacités de cyberdéfense d’Israël.
En septembre, Israël a offert son assistance en matière de cyberdéfense à l’Albanie, quelques jours après que cet État des Balkans a rompu ses liens diplomatiques avec l’Iran, en invoquant des accusations selon lesquelles la République islamique avait mené des cyberattaques contre le pays en juillet.
« Ce n’est pas la première fois qu’ils ont été menacés par l’Iran, et leur Premier ministre a dit ne pas être prêt à continuer comme ça », a déclaré Galit Peleg, l’ambassadeur d’Israël en Albanie, au Times of Israel.
La délégation de Rama est composée du directeur du cyberespace et des ministres albanais des Affaires étrangères, de la Jeunesse et de l’Agriculture, ainsi que du conseiller à la sécurité nationale et du porte-parole en chef.
Les liens étroits avec l’Albanie sont importants pour Israël dans les forums internationaux. Bien que Tirana doive encore attendre des années avant de rejoindre l’UE, elle siège actuellement au Conseil de sécurité des Nations unies.
« Il y a trois semaines, les 57 États de l’Organisation de la coopération islamique se sont réunis en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Une résolution condamnant Israël est sortie, et l’ambassadeur albanais a dit, cela ne nous représente pas », explique Peleg. « Et il s’est levé et est parti ».
Dans les coulisses, la visite a été organisée avec l’aide du milliardaire kazakh-israélien Alexander Machkevitch, qui a rencontré Rama lorsqu’il a aidé à réinstaller 400 réfugiés afghans en Albanie l’année dernière.
« J’ai parlé avec des hommes d’affaires, des fonctionnaires, tous ceux qui ont un intérêt quelconque pour l’Albanie », a-t-il déclaré au Times of Israel.
Mashkevitch organise un événement lundi soir à l’hôtel Waldorf Astoria de Jérusalem pour mettre en lumière le sauvetage des Juifs par l’Albanie pendant la Shoah , et pour promouvoir les relations bilatérales. « La plupart des Israéliens ne savent pas que l’Albanie est extrêmement loyale envers les Juifs d’Albanie », a-t-il déclaré.
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Après l’effondrement de son gouvernement communiste au début des années 1990, l’Albanie – un pays à majorité musulmane – s’est transformée en un allié indéfectible des États-Unis et de l’Occident, rejoignant officiellement l’OTAN en 2009.
L’Albanie a imputé à l’Iran la responsabilité de la cyberattaque du 15 juillet, qui a entraîné la fermeture temporaire de nombreux services numériques et sites Web du gouvernement albanais. Rama a déclaré qu’une enquête avait permis de déterminer que la cyberattaque de juillet n’avait pas été menée par des individus ou des groupes indépendants, la qualifiant d' »agression d’État ».
Les deux pays sont des ennemis acharnés depuis des années, depuis que l’État balkanique a commencé à accueillir sur son sol des membres des Moudjahidines du peuple d’Iran, ou Moudjahidines du peuple (MEK), un mouvement d’opposition.
L’Iran a rejeté l’accusation selon laquelle il serait à l’origine de la cyberattaque, la qualifiant de « sans fondement », et a qualifié la décision de l’Albanie de rompre ses liens diplomatiques d' »action irréfléchie et à courte vue ».
« L’Iran, qui est l’un des pays cibles des cyberattaques visant ses infrastructures critiques, rejette et condamne toute utilisation du cyberespace comme outil pour attaquer les infrastructures critiques d’autres pays », a déclaré son ministère des Affaires étrangères.
L’administration Biden a déclaré qu’elle soutenait la démarche de l’Albanie.
Depuis plusieurs années, Israël et l’Iran sont impliqués dans une cyberguerre largement clandestine qui remonte parfois à la surface. Les responsables israéliens ont accusé l’Iran d’avoir tenté de pirater le système d’approvisionnement en eau d’Israël en 2020.