Dans un village de repos de Galilée, les habitants du Sud fuient les roquettes
Envoyés au Nord pour échapper aux tirs constants de roquettes, des résidents du Sud parlent de la routine de nuisances périodiques ponctuées d’horreur et de tragédies

Ortal Dadya a vu des roquettes tomber à côté d’elle deux fois en deux ans.
La première fois, c’était en 2006 lorsque Dadya, une mère de deux enfants de Sderot, a vu une roquette Kassam faire un impact à côté de sa voiture. Un an plus tard, une autre roquette est tombée à côté d’elle alors qu’elle était en train de marcher. Ses épaules, sa jambe gauche et son dos ont été blessés, explique Dadya, qui vit toujours à Sderot avec sa famille.
« Puisque la pluie de roquettes n’a pas cessé le mois dernier, je n’ai pas quitté la chambre forte de ma maison », explique-t-elle. « Nous mangeons même là-bas. C’est très dur. »
Dadya est assise avec sa fille de 5 ans à l’entrée de l’hôtel Bali à Tibériade près de la Mer de Galilée, collant de toutes petites paillettes dans une pièce de carton fabriquée à la main et appelée un hamsa. Elles sont dans la ville du Nord pour trois jours de repos organisés par Une Famille Ensemble, une organisation à but non lucratif qui aide à réhabiliter et à réintégrer les victimes israéliennes du terrorisme.
La retraite a attiré des centaines de victimes du terrorisme au Nord au cours des deux dernières semaines. Elle a pour but d’aider les familles traumatisées par les attaques incessantes de roquettes depuis Gaza.
Les roquettes ont été une menace pendant de nombreuses années. Mais les dernières semaines ont été un cauchemar pour Dadya et d’autres familles vivant dans le sud d’Israël.
« Ma fille a également été effrayée de la situation », explique-t-elle. « Ce n’était pas comme cela avant. On ne peut pas dormir. L’autre nuit, il y a eu du bruit toute la nuit, et tout le bâtiment tremblait. Le danger semblait plus proche. Nous entendions toutes les explosions de Gaza. »
Elle ne peut pas se rappeler une fois où elle est sortie dans la rue sans vérifier l’emplacement des abris en cas d’attaque de roquette.
« Cela dure depuis trop d’années maintenant », explique Dadya.
Ce qui est le plus appréciable dans une retraite dans le Nord est de pouvoir prendre une douche et dormir une nuit entière sans se soucier des sirènes.
« Cela me manquait », explique-t-elle.
Une alarme avec un son assez faible a résonné dans l’entrée de l’hôtel, et Dadya a sauté de sa chaise.
Ce n’était pas une sirène, mais comme la plupart des hôtes de la retraite, Dadya réagit à chaque événement qui lui rappelle sa vie à Sderot. Comme beaucoup de participants, elle souffre de stress post traumatique, explique un membre de l’équipe.
Le traumatisme psychologique est la réalité que des milliers de victimes du terrorisme affrontent en plus des blessures physiques infligées par les attentats à la bombe et les attaques de roquettes. L’organisation Une Famille, fondée en 2001 par Michal Belzbeg, âgée de 12 ans lors de l’attentat à la pizzeria Sbarro dans le centre ville de Jérusalem, place la question psychologique au sommet de son programme.
L’organisation a aidé 3 500 familles, environ 12 000 personnes, un nombre qui a augmenté de façon drastique au cours du dernier mois.
« Lorsque quelqu’un est blessé ou tué dans un attentat, nous contactons immédiatement la famille et offrons notre soutien financier, émotionnel et juridique », explique Rebecca Fuhrman, la directrice du marketing de Une Famille. Le soutien émotionnel, souligne-t-elle, est crucial.
Dans la retraite, située dans un hôtel surplombant la mer de Galilée, les enfants jouent dans la piscine et mangent des glaces distribuées par le personnel de l’hôtel. Mais les expériences cauchemardesques qu’ils ont subies dans le Sud ne quittent jamais leurs esprits.
La vie dans la ligne de feu est une interruption constante, expliquent les résidents. C’est impossible de préparer un repas, de finir de lire un livre ou d’achever une conversation au téléphone. Les chambres fortes se transforment en prison où des familles entières dorment, mangent, étudient et travaillent.
La pluie de roquettes est devenue une routine, mais terrifiante, dans la vie quotidienne de la population locale, explique un membre de l’équipe. Les tirs de roquettes sont plus menaçants qu’avant.
« Notre fille de deux ans, Noa, sait exactement quoi faire quand elle entend les sirènes : elle court immédiatement dans la chambre forte », explique Avital Afgin, une enseignante dans une école primaire d’Ashkelon, qui a quatre enfants.
Afgin explique que sa foi en Dieu joue un rôle central dans des moments comme ceux-là. Elle a été blessée en 2008 avec sa fille Tair, alors âgée de deux ans, par une roquette tombée sur un centre commercial à Ashkelon. Elles s’y étaient rendues pour une journée de divertissement, explique Afgin.
« Une roquette est tombée sur le centre commercial alors qu’aucune sirène ne retentissait », explique-t-elle. « Nous nous sommes retrouvées au milieu du chaos. Par chance, Tair ne se souvient de rien. Nous avons toutes les deux été sérieusement blessées. Nous étions dans un état critique. »
Elles sont restées à Tel Hashomer pendant trois mois. La moitié du visage d’Afgin a dû être reconstruite, dont sa mâchoire. Son œil souffre toujours et Tair a porté un plâtre pendant deux ans après l’attaque.
« Le corps rejette naturellement les plus petits éléments d’éclats d’obus », explique Afgin, « mais les plus grands restent. J’ai des morceaux [d’obus] partout dans mon corps. Je peux même en sentir certains. »
Une Famille, explique-t-elle, « a été géniale. Ils ne nous ont jamais laissées tomber. »
Au cours de leur séjour, les victimes reçoivent une grande variété de thérapies, y compris de la réflexologie, des massages et de l’acupuncture. Des thérapies de groupe ou individuelles avec un psychologue sont également proposées quotidiennement.
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