D’après un défenseur des médias, la presse israélienne est « partiellement libre »
Le think tank Freedom House a déclassé Israël du fait de l’influence néfaste du journal pro-Netanyahu Israël Hayom

La presse israélienne a été rétrogradée à « partiellement libre » par un think tank de Washington dans son rapport annuel publié mercredi, qui a cité l’ « impact croissant » du journal gratuit Israël Hayom, un journal de droite largement considéré comme un porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi qu’une augmentation de la « publicité native », soit des publicités rédigées comme des articles de presse.
Le classement de Freedom House donne à Israël 32 points sur un total de 100 – où un nombre plus élevé représente plus de restrictions à la liberté de la presse – juste au-dessus de l’Italie, à 31 points, et quatre points au-dessus de la France et de l’Espagne, qui ont toutes deux obtenu 28.
En 2015, Israël avait obtenu 30, ce qui est le nombre maximum de points qu’un pays peut avoir tout en conservant le statut « libre ».
Le rapport cite l’influence négative croissante d’Israël Hayom, un quotidien distribué gratuitement dans les rues passantes et les transports en commun. Le journal, qui d’après les estimations de Freedom House a accaparé 40 % du marché de l’information en hébreu, est soutenu par le milliardaire américain Sheldon Adelson.

En février, au cours d’une audience de la Cour suprême, l’avocat du magnat du casino Avigdor Klagsbald a déclaré pour la première fois que le journal était possédé par un parent d’Adelson.
« La viabilité financière des médias privés imprimés et audiovisuels demeure une préoccupation en 2015, en particulier compte tenu de la part de marché croissante du journal gratuit Israël Hayom, premier média imprimé du pays. Il est détenu et subventionné par l’homme d’affaires américain Sheldon Adelson et soutient fermement le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu », dit le rapport.
Le modèle économique d’Israel Hayom, dit le rapport, a forcé d’autres médias à « réduire les taux de publicité, menaçant ainsi leur durée de vie. »
Une autre « source de préoccupation » pour la presse libre en Israël est l’utilisation croissante de « publicités natives » banalisées, c’est-à-dire des publicités rédigées comme des articles de presse.
Le rapport dit que la publicité native banalisée est devenue la principale source de revenus des grands médias en Israël, y compris du site d’informations le plus populaire, Ynet.
Le rapport du think tank a également cité la décision de Netanyahu de devenir ministre des Communications après les élections nationales en mars comme étant un développement préjudiciable à la liberté de la presse d’Israël.
L’initiative, selon le rapport, donne au premier ministre « le contrôle sur la réglementation des différents segments du marché. »
Le rapport dit que malgré le déclassement, Israël « bénéficie [toujours] d’un environnement animé, pluraliste des médias dans lequel la liberté de la presse est généralement respectée. »
« Cependant », poursuit le rapport, « en raison de conflits en cours avec les groupes palestiniens et les pays voisins, les médias sont soumis à la censure militaire et à des injonctions de silence, et les journalistes sont souvent confrontés à des restrictions de voyage. »

Israël est toujours classé le plus libre parmi tous les autres pays au Moyen-Orient, suivi par la Tunisie, le Liban et le Koweït. La Syrie a été classée pays le moins libre dans la région, suivie par l’Iran.
La liberté de la presse à l’échelle mondiale est tombée à son point le plus bas en 12 ans en 2015, selon le rapport, avec seulement 13 % de la population du monde profitant d’une presse libre.
Le rapport a révélé deux facteurs du déclin de la liberté de la presse : « un sectarisme accru et la polarisation dans l’environnement médiatique des pays, et le degré d’intimidation et de violence physique extra-légale rencontré par les journalistes ».
« Ces problèmes étaient les plus aigus dans le Moyen-Orient, » déclare le rapport.