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Décès de la romancière et journaliste Maryse Wolinski, veuve du dessinateur

Au procès de l'attentat qui a tué son mari, elle avait affirmé que l'audience ne répondrait pas à ses questions sur "les dysfonctionnements" de la police et de l'antiterrorisme

Maryse Wolinski, la veuve du dessinateur français du journal satirique Charlie Hebdo pose après l'inauguration de la médiathèque "Georges Wolinski " à Fenouillet, le 13 juin 2015. (Crédit : REMY GABALDA / AFP)
Maryse Wolinski, la veuve du dessinateur français du journal satirique Charlie Hebdo pose après l'inauguration de la médiathèque "Georges Wolinski " à Fenouillet, le 13 juin 2015. (Crédit : REMY GABALDA / AFP)

La romancière et journaliste Maryse Wolinski, veuve du dessinateur Georges Wolinski tué dans l’attentat contre Charlie Hebdo, est décédée jeudi à l’âge de 78 ans, après avoir écrit trois livres poignants consacrés à son mari.

« Les Editions du Seuil ont la grande tristesse de faire part de la disparition de Maryse Wolinski, à Paris, le 9 décembre », a indiqué la maison d’édition.

Née Maryse Bachère à Alger, originaire du Lot-et-Garonne, elle a été mariée pendant 43 ans avec le dessinateur tué en janvier 2015.

Ils ont eu une fille, Elsa.

Après une carrière dans la presse, en commençant par Sud-Ouest à Bordeaux et en passant par Le Journal du dimanche, Elle ou Le Monde-Dimanche, elle s’est consacrée à la littérature.

« C’est en 1988 qu’elle s’impose comme romancière à part entière, avec Au diable Vauvert, son premier roman, paru chez Flammarion : l’intimité et le secret, la vie de famille, l’amour (ou le désamour) dans le couple, autant de thèmes qui formeront la matière de ses romans ultérieurs », souligne le Seuil dans un communiqué.

Maryse Wolinski « fut aussi très attentive aux mouvements féministes et à la place des femmes dans la société », a rappelé la maison d’édition. Elle salue « l’élégance de son courage, l’obstination de sa pensée et des valeurs qui l’animaient ». Suivent des succès comme Le Maître d’amour (1992), Lettre ouverte aux hommes qui n’ont rien compris aux femmes (1993) ou La Femme qui aimait les hommes (1998).

Après la mort de son mari, elle lui a consacré trois livres publiés par le Seuil, « trois récits poignants : Chérie, je vais à Charlie (2016), Le goût de la belle vie (2018), et Au risque de la vie (2020) ».

Des victimes emmenées d’urgence pour être soignées suite à l’attentat contre Charlie Hebdo. (Crédit : AFP)

« Chaleureuse et pugnace »

Elle avait raconté que Wolinski n’était plus aussi heureux dans un journal qui avait perdu « l’ambiance rigolarde et fraternelle » de ses débuts.

Elle déplorait par ailleurs que la sécurité n’ait pas été à la hauteur autour d’une rédaction régulièrement menacée pour ses critiques contre l’islam.

« Qui avait donc pris la décision d’alléger le dispositif de protection, et pourquoi ? (…) Il y a eu des failles dans la sécurité de Charlie Hebdo et elles sont nombreuses », écrit-elle dans Chérie, je vais à Charlie.

Des bougies placées sur un journal montrant les photos du rédacteur en chef et dessinateur de l’hebdomadaire français satirique Charlie Hebdo Charb, de Jean Cabut, alias Cabu, de Georges Wolinski et de Michel Renaud, tués la veille lors d’un attentat par deux hommes armés dans les bureaux du journal satirique français Charlie Hebdo, lors d’un rassemblement à Marseille, le 8 janvier 2015. (Crédit : Anne-Christine Poujoulat/AFP)

Au procès de cet attentat fin 2020 devant la cour d’assises spéciale de Paris, elle était partie civile. Mais avant l’ouverture des débats, elle avait affirmé que l’audience ne répondrait pas à ses questions sur « les dysfonctionnements » de la police et de l’antiterrorisme.

Le Seuil l’a décrite comme une « fine observatrice de la société » et une militante « implacable de la liberté d’expression et des valeurs républicaines et démocratiques face à l’obscurantisme ». « Elle aura porté avec une profonde conviction et un grand engagement le projet de création d’une Maison du dessin de presse et du dessin satirique », selon l’éditeur.

« Très attristé de la mort de Maryse Wolinski, que je n’ai rencontré que récemment pour défendre avec elle son projet d’une maison du dessin de presse. Une femme meurtrie mais chaleureuse et pugnace », a twitté le dessinateur Xavier Gorce, le père des « indégivrables » qui a claqué la porte du Monde en début d’année.

Mercredi, Elsa Wolinski avait salué sur Instagram la façon dont sa mère, malade, affrontait sa mort prochaine « avec vaillance et élégance ».

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