Décès d’Esther Wachsman, mère du soldat, enlevé et tué par le Hamas il y a 30 ans
La mère de Nachshon Wachsman, 76 ans, avait dédié sa vie à honorer la mémoire de son fils Nachshon et du capitaine Nir Poraz, tombé lors de l’opération de sauvetage

La mère d’un soldat de Tsahal, à la double nationalité israélienne et américaine, assassiné il y a 30 ans par le groupe terroriste palestinien du Hamas en Cisjordanie, est décédée lundi. Esther Wachsman avait 76 ans.
Son fils, Nachshon Wachsman, avait été kidnappé en octobre 1994 alors qu’il faisait du stop près de Jérusalem. Il avait été retenu captif pendant six jours, tandis qu’Esther appelait les Israéliens à prier pour sa libération.
Israël avait finalement lancé une opération de sauvetage qui s’était soldée par un échec. Nachshon avait été tué, ainsi qu’un soldat de la force d’extraction, le capitaine Nir Poraz. Plusieurs autres soldats avaient également été blessés, et tous les ravisseurs palestiniens avaient été abattus lors du raid.
Depuis la mort de Nachshon, Esther s’est engagée à perpétuer sa mémoire ainsi que celle du capitaine Poraz.
Les funérailles d’Esther ont eu lieu lundi soir à Jérusalem.
Elle laisse derrière elle six enfants et des dizaines de petits-enfants. Son mari, Yehuda Wachsman, est décédé en 2020.
אסתר וקסמן שהלכה היום לעולמה הייתה המורה שלי לאנגלית בתיכון, עם האנרגיה התוססת והמבטא האמריקאי.
ואני זוכר את הצער הגדול על האסון שפקד את המשפחה כמה שנים לאחר מכן כשבנה נחשון נחטף על-ידי מחבלי חמאס ונרצח במהלך ניסיון החילוץ, שבו נהרג גם לוחם סיירת מטכ"ל ניר פורז.
יהי זכרה… pic.twitter.com/YVUD1x0e0z
— Yaacov Ben-Shemesh (@YBenshemesh) March 3, 2025
Née en 1947 dans un camp de personnes déplacées en Allemagne, Esther était la fille de survivants juifs allemands de la Shoah, dont les familles entières avaient été décimées. La famille avait ensuite émigré à Brooklyn.
En 1969, Esther s’était installée en Israël, où elle avait obtenu un master en histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem, avec une spécialisation sur la Shoah.
En Israël, Esther a rencontré son futur mari, Yehuda Wachsman. Ils ont eu sept enfants, dont Nachshon, et ont vécu à Jérusalem.
Mère d’un enfant atteint du syndrome de Down, elle était également active au sein de Shalva, une importante organisation à but non lucratif dédiée aux personnes en situation de handicap. Elle avait aussi enseigné l’anglais au lycée de l’Université hébraïque pendant près de trente ans.
Nachshon Wachsman, alors sergent de 19 ans dans la brigade d’infanterie Golani de Tsahal, a été enlevé le dimanche 9 octobre 1994 à Jérusalem.
Wachsman venait de quitter une base militaire dans le nord d’Israël et a disparu alors qu’il faisait du stop à la jonction de Bnei Atarot, dans le centre d’Israël.
Deux jours après sa disparition, ses ravisseurs avaient diffusé une vidéo exigeant la libération de centaines de prisonniers palestiniens en échange de sa liberté. Ils menaçaient de l’exécuter le vendredi suivant à 20 heures si Israël refusait de céder.
S’adressant à la caméra, Wachsman déclarait, « Le Hamas m’a capturé, il veut libérer ses prisonniers. Sinon, ils me tueront. Je vous implore de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour me sortir d’ici vivant. »
À ses parents, il a dit : « J’espère pouvoir vous revoir. »

Une équipe de l’unité d’élite des forces spéciales Sayeret Matkal a tenté de sauver Wachsman du village palestinien au nord de Jérusalem où il était détenu, mais ses ravisseurs du Hamas l’ont exécuté à l’approche des soldats. Le général Poraz, qui dirigeait la force d’intervention, a également été tué.
Le père de Poraz était un pilote de l’armée de l’air et a été tué pendant la guerre de Kippour alors que Nir était un enfant. Après sa mort, Nir Poraz avait reçu une citation pour bravoure et avait été inhumé aux côtés de son père, au cimetière militaire de Kiryat Shaul.
Yitzhak Rabin, Premier ministre à l’époque, avait assumé l’échec de l’opération.
Interrogé par le quotidien Maariv à l’occasion des 30 ans de l’enlèvement de son frère, Hezi Wachsman a confié que Rabin avait clairement fait savoir à la famille qu’il n’accèderait pas aux exigences du Hamas.
« Rabin est venu chez nous, il nous a pris dans ses bras, il a pleuré avec nous, mais il nous a dit en face : ‘Je suis désolé, je ne céderai pas au terrorisme.’ Nous l’avons très mal pris… mais au fond de nous, nous comprenions », a raconté Hezi.
Wachsman was executed on the spot, the second the terrorists realized that there are forces attempting to break in.
the leader of the commando team, Captain Nir Poraz (no family ties) was killed in fire exchange. Post Mortem he received the Chief of Staff citation >> pic.twitter.com/ShkhBKRubf— Dan Poraz (@PorazDan) October 9, 2020
Parmi les principaux responsables de l’enlèvement de Wachsman figurait Muhammad Deif, qui deviendra le chef de la branche armée du Hamas et celui qui a planifié le pogrom qui a déclenché la guerre actuelle à Gaza. Le 7 octobre 2023, des milliers de terroristes ont déferlé le sud d’Israël, pour y assassiner plus de 1 200 personnes et kidnapper 251 personnes pour les emmener en otages dans la bande de Gaza.
Après des années de tentatives d’assassinat, Israël a finalement éliminé Deif lors d’une frappe aérienne sur Khan Younès en juillet.
Un autre personnage clé impliqué dans l’enlèvement de Wachsman, Jihad Yaghmour – aujourd’hui agent de liaison du Hamas en Turquie – avait été libéré des prisons israéliennes dans le cadre de l’accord de 2011 pour la libération du soldat Gilad Shalit, après plus de cinq ans de captivité à Gaza.
Esther et Yehuda Wachsman avaient d’ailleurs pris part activement à la campagne publique en faveur de la libération de Shalit, qui était présent aux funérailles de Yehuda en 2020.
Esther Wachsman avait raconté qu’en 2008 déjà, elle avait confié à Ehud Olmert, alors Premier ministre, qu’elle soutenait la libération de Jihad Yaghmour dans le cadre d’un accord visant à obtenir la libération de Gilad Shalit, un accord finalement accepté trois ans plus tard par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Je lui ai dit que je n’arrivais plus à dormir. Je suis ici en tant que mère, pas en tant que citoyenne objective. Je ne peux pas imaginer ce que représentent 900 jours sans savoir dans quelles horreurs se trouve son fils », avait-elle déclaré. « Après avoir vu ce que Gilad Shalit a traversé, j’ai même été soulagée que mon histoire tragique se soit terminée rapidement. »
« Je renonce à poursuivre le meurtrier de mon fils », avait-elle ajouté. « Mon Nachshon me pardonnera. »
Esther Wachsman ne s’était pas exprimée publiquement au sujet de la crise actuelle des otages.
Dans un entretien accordé au Maariv en octobre dernier, son fils Hezi avait confié qu’il ressentait profondément la douleur des familles d’otages, tout en s’interrogeant sur la pertinence de ramener les captifs « à n’importe quel prix ».
« Nous avons vu ce qui s’est passé après l’accord Shalit, qui a conduit directement au désastre du 7 octobre », a-t-il déclaré.
Parmi les terroristes libérés dans le cadre de cet accord figurait en effet Yahya Sinwar, devenu depuis le chef du Hamas à Gaza. Avec Muhammad Deif, il a été l’un des principaux instigateurs des atrocités du 7 octobre 2023.