Découverte d’une carrière de l’ère du Second Temple dans la zone industrielle de Jérusalem
Les pierres qui y ont été prélevées, dont certaines pesaient jusqu'à 2,5 tonnes, ont probablement été utilisées lors des nombreux projets de construction du roi Hérode au premier siècle avant notre ère
La carrière de pierre récemment découverte dans le nord de Jérusalem, qui remonte au Second Temple, renferme de gigantesques dalles de calcaire qui ont probablement été utilisées pour les chantiers du roi Hérode, au premier siècle avant notre ère, a déclaré jeudi l’Autorité des antiquités d’Israël.
Dans la carrière située dans la zone industrielle de Har Hotzvim, « les archéologues ont découvert des dizaines de pierres de différentes tailles, ainsi que des tranchées d’extraction et de coupe dont les contours laissent deviner la taille des blocs extraits », explique l’IAA dans un communiqué.
Les archéologues ont également trouvé deux récipients en pierre en forme de bol d’un type qui, selon la loi juive, ne saurait être rituellement impur, « découverte qui, de par sa nature, est le signe d’une présence juive », souligne l’IAA.
Les fouilles se sont étendues sur près de 3 500 mètres carrés, soit une petite partie de ladite carrière. La zone doit être protégée et incluse dans un complexe industriel et commercial de 40 étages développé par la société Vitania, à l’origine de la découverte du site au moment du chantier et qui a pris en charge le coût des travaux de l’IAA.
Selon les céramiques retrouvées sur place, on pense que le site a « été exploité durant des dizaines d’années à la fin de la période du Second Temple », jusqu’à « peu de temps avant sa destruction », en l’an 70 de notre ère, explique au Times of Israel l’archéologue Michael Chernin .
Il y a « des dizaines de carrières dans le secteur », toutes de la même période, ajoute-t-il, en parlant des quartiers de Har Hotzvim et Sanhedria. Stuées à seulement quatre kilomètres de la Vieille Ville, elles étaient une source idéale de matériaux de construction pour les projets de grande envergure du roi Hérode, précise-t-il.
« Dans le monde antique, il existait un grand nombre de manières de façonner les pierres et des chariots spéciaux conçus pour les transporter. La Vieille Ville n’est pas si loin ». A la même époque, on était capable de transporter des pierres bien plus grosses sur de plus grandes distances, ajoute-t-il.
La majorité des pierres extraites de la carrière étaient d’« énormes dalles de roche » pesant non moins de deux tonnes et demie.
« Les pierres de taille impressionnante extraites de cette carrière sont le signe de leur utilisation dans l’un des nombreux projets royaux de Jérusalem à la fin de la période du Second Temple, qui avait commencé sous le règne du roi Hérode le Grand, en 37-34 avant notre ère », expliquent Cherning et l’archéologue Lara Shilov, tous deux co-directeurs des fouilles, par voie de communiqué.
« Les sources historiques nous disent que les projets d’Hérode à Jérusalem ont surtout eu pour objet de développer la zone du mont du Temple et du Temple lui-même. Au cours de son règne, plusieurs bâtiments publics de grande ampleur – palais et fortifications – ont été construits dans toute la ville, avec d’énormes quantités de pierres de grande qualité. Ces constructions monumentales se sont poursuivies dans la ville avec ses successeurs », ajoutent les archéologues.
D’autres fouilles de l’IAA dans la Cité de David, à Jérusalem, ont récemment permis de mettre à jour l’existence d’une rue pavée datant de l’époque du Second Temple, appelée « rue en escalier » ou « route du pèlerin », construite à l’aide de dalles de pierre parfaitement taillées et de la même « signature géologique » que celles découvertes dans la carrière de Har Hotzvim.
Par conséquent, « on peut raisonnablement penser, avec toute la prudence qui prévaut, qu’au moins certaines des pierres extraites ici étaient destinées à servir de dalles pour paver les rues de Jérusalem à cette époque », affirment Chernin et Shilov.
Un récipient en pierre intact a été découvert sur le site « presque par hasard » après 2 000 ans d’abandon, ajoutent les archéologues.
« Il s’agit d’un récipient en pierre utilisé pour des besoins de purification, du type de celui qui était utilisé dans la communauté juive pendant la période du Second Temple », explique Shilov. « Il est possible qu’il ait été produit sur place, dans la carrière elle-même, ou qu’on l’ait fait venir pour les ouvriers. »
Les récipients seront exposés cet été et visibles lors de visites organisées dans les nouvelles installations de l’IAA, le Campus national Jay et Jeanie Schottenstein pour l’archéologie d’Israël, situé à Givat Ram, à Jérusalem.