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Enfants yéménites : Les familles veulent la vérité, pas l’argent de l’État

Les proches des enfants disparus à leur arrivée dans les années 50, réclament uniquement que la vérité soit faite et refusent les 162 millions de shekels promis par le cabinet

Les Israéliens manifestent lors de la journée de commémoration de l'Affaire des enfants yéménites à Jérusalem, le 31 juillet 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les Israéliens manifestent lors de la journée de commémoration de l'Affaire des enfants yéménites à Jérusalem, le 31 juillet 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Mardi, nombre de familles d’immigrants qui disent que leurs enfants et leurs frères et sœurs ont été enlevés dans les années 1950, demandent que le gouvernement ouvre les documents classés confidentiels liés à l’affaire des enfants yéménites, et considèrent le plan de compensation récemment annoncé comme une tentative de mise à silence.

Les familles se sont mobilisées le jour qui a suivi l’annonce du gouvernement d’allouer 162 million NIS à titre de compensation.

Mille familles d’immigrants, principalement originaires du Yémen, mais aussi des Balkans, d’Afrique du Nord et autres pays du Moyen Orient, affirment que leurs enfants ont été kidnappés dans les hôpitaux dans les premières années d’Israël. Ils auraient été destinés à l’adoption, y compris à l’étranger.

Au niveau officiel, on explique que les enfants sont morts des suites de soins médicaux. Les familles n’y croient pas et affirment que les enfants ont été donnés à des couples stériles, originaires d’Europe. Bien que les enquêtes précédentes aient démenti les enlèvements massifs, ces suspicions ont fait long feu, aggravant encore plus la fracture entre les Juifs européens et ceux d’origine orientale.

Les Israéliens manifestent lors de la journée de commémoration de l’Affaire des enfants yéménites à Jérusalem, le 31 juillet 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Bien que lundi, l’Etat ait exprimé ses regrets et sa compréhension des souffrances vécues par les familles, il n’y a eu jusqu’à ce jour aucune excuse officielle sur cette affaire qui demeure hautement sensible et controversée dans la société israélienne.

Yona Iraqi Hacohen , une femme âgée de 77 ans dont les frères et sœurs ont disparu déclare au site Walla news : « Les enfants ne sont pas morts. Et si c’est le cas, où ont-ils été enterrés ? »

“Cet argent est pour nous faire taire. Voilà ce que je pense. Où sont-ils passés durant toutes ces années. Je suis en colère car mes parents ne sont plus parmi nous, et j’ai promis de ne jamais renoncer jusqu’à ma mort » dit-elle.

L’absence d’excuses officielles a été critiquée par ceux qui ont soutenu ces familles touchées. Le plan a éludé les réponses aux questions des familles, tant sur la disparition des enfants, que les plaintes vis-à-vis des responsables de cette affaire.

Les familles affirment que les enfants ont été enlevés par des autorités qui n’ont jamais fait la lumière sur leur sort. Elles considèrent que cette affaire reflète la politique de l’époque et ne concerne en aucune manière des cas isolés.

Michael Sharabi critique les compensations et précise que ce n’est pas l’objectif de la protestation. Il avait été dit à sa mère à l’époque que son nourrisson était mort. « Nous n’avons jamais parlé de dédommagement financier. Nous demandons la vérité.”

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 6 janvier 2021. (Crédit : Marc Israel Sellem/Pool via AP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré lundi que « le temps était venu pour les familles dont les bébés avaient été enlevés, de recevoir de l’Etat, reconnaissance et compensation du gouvernement israélien. »

Tout en reconnaissant que les dédommagements « n’atténueront pas les terribles souffrances endurées par les familles », Netanyahu espère que cette décision apportera « le minimum de confort qu’elles méritent. »

Il a également demandé au ministère de l’Éducation que cette affaire soit inscrite dans les livres d’histoire en Israël.

Selon les termes du plan, les familles recevront 150 000 NIS pour chaque enfant dont la mort avait été déclarée à l’époque. La somme de
200 000 NIS sera donnée pour chaque enfant dont on ignore le destin.

Au total, le gouvernement allouera 162 million NIS dans le cadre du plan de compensation.

Seules les familles dont les cas ont déjà été examinés par les trois comités de l’Etat mis en place ces dernières années pour enquêter sur le sujet pourront être retenues. Les demandes devront être effectuées entre le 1er juin et le 30 novembre 2021.

Un comité sera alors créé pour organiser les allocations compensatoires.

Une famille juive yéménite se rend dans un camp de réfugiés mis en place par le Joint Distribution Committee, près d’Aden. (GPO/Domaine public)

1 050 familles seraient concernées selon le site Ynet. Il leur sera alors demandé d’écrire une déclaration affirmant qu’ils ne porteront pas plainte dans le futur et qu’ils entérinent la fin de toute action judiciaire.

La proposition intégrera la déclaration selon laquelle « le gouvernement d’Israël regrette les événements qui se sont déroulés dans les premières années de l’Etat et reconnaît la souffrance des familles ».

« Le plan financier n’a pas le pouvoir de répondre aux souffrances des familles ». « Mais l’Etat d’Israël espère que cela permettra de participer au processus de réhabilitation et à la blessure sociale qui a imprégné la société israélienne. »

Ce plan a été élaboré en réponse à différentes poursuites engagées par les familles.

Au début de l’année, l’État a avancé que certains cas étaient prescrits. La Cour suprême n’a pas donné son avis sur le sujet.

Après la création de l’Etat d’Israël en 1948, les immigrants venant de pays arabophones du Moyen Orient et d’Afrique du nord avaient été envoyés dans des camps de transit insalubres et furent ignorés par les européens et les Ashkénazes du parti travailliste. Cette expérience douloureuse a contribué à apporter du soutien au parti Likud dirigé aujourd’hui par Benjamin Netanyahu.

Yona Josef, née au Yémen, montre une photographie des années 1940 d’elle et de son père au Yémen, dans leur ville de Raanana. Sa soeur Saada a disparu après quelques heures passées dans un dispensaire. Il a été dit à la famille qu’elle était morte mais aucune dépouille n’a jamais été restituée. Photo datant du 11 juillet 2016. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit, File)

Parmi les immigrants, se trouvaient plus de 50 000 Juifs yéménites, le plus souvent pauvres et issus de familles nombreuses. Au milieu du chaos de leur exil, certains enfants sont morts, tandis que d’autres ont été séparés de leurs parents.

Certains affirment que la réalité est bien plus sinistre. L’organisation d’une adoption par la capture d’enfants au profit de familles ashkénazes, s’appuyait sur l’idée qu’elles pourraient leur offrir une vie meilleure.

Plus tard, les soupçons se sont renforcés lorsque certaines familles ont reçu par la poste des papiers d’incorporation militaire pour leurs enfants prétendument morts. Grâce aux tests ADN, on a pu découvrir quelques cas qui confirment que certains enfants adoptés sont nés dans des familles yéménites à qui il avait été dit que leur enfant était mort.

Trois commissions de haut niveau ont rejeté les allégations, affirmant que la plupart des enfants étaient morts des suites de maladie dans les camps d’immigration. En 2001, un rapport a souligné qu’il était peut-être possible qu’il y ait eu des adoptions à l’initiative de travailleurs sociaux individuels. Mais qu’il ne s’agit en aucun cas d’une conspiration nationale. Au nom de la protection de la vie privée, il a été ordonné que les témoignages recueillis soient scellés pendant 70 ans.

Amram, l’une des principales organisations à but non lucratif soutenant les familles a déclaré lundi dans un communiqué que le plan du gouvernement « était une étape qui ne répond que partiellement et de manière inappropriée et incomplète aux demandes »

« Il manque un point essentiel, explique Amram, des excuses officielles de l’Etat ».

« Il est à noter que cette décision a été prise sans aucun dialogue avec les familles ni avec les associations compétentes. Ce qui rend impossible le processus de réparation »

Le groupe parle de « défaillances substantielles ». En effet, seules les familles s’étant adressées aux comités peuvent réclamer des indemnisations ce qui constitue de fait des exclusions arbitraires pour les autres. »

Il a donc été demandé au gouvernement de trouver une solution plus exhaustive. Ainsi « de nombreuses familles ne se sont pas adressées aux comités, pour toutes sortes de raisons, y compris la méfiance envers les institutions. »

Enfants yéménites arrivés en Israël grâce à l’opération Tapis volant, devant un avion d’Alaska Airlines. (Crédit : AJM)

Les revendications portent aussi sur la manière dont de nombreux immigrants juifs du monde musulman ont été marginalisés et négligés lorsqu’Israël était sous contrôle d’une élite ashkénaze.

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