France : Blanche Gardin décrédibilise et rigole de la lutte contre l’antisémitisme
La comédienne souhaitait dans son sketch dénoncer ce qu’elle considère être une censure de la critique du gouvernement israélien

« Bonsoir, je m’appelle Blanche et depuis le 7 octobre, je suis antisémite. » L’accroche donne le ton. Blanche Gardin a face à elle un public conquis.
Ce 1ᵉʳ juillet, l’humoriste est venue faire son numéro à La Cigale, lieu de la soirée « Voice for Gaza ». Face à elle, le chroniqueur démissionnaire de France Inter Aymeric Lompret, qui a choisi de quitter la station après le départ de Guillaume Meurice, lui répond : « Ne t’inquiète pas Blanche, ici, tu es dans une ‘safe place’, personne ne te jugera, car nous sommes tous antisémites. »
Le sketch, mis en scène sous la forme d’une réunion des alcooliques anonymes, veut dénoncer une censure supposée du gouvernement israélien et de ce qu’ils appellent le « génocide » en cours dans la bande de Gaza. Lompret désigne alors une chaise vide à la comédienne et lâche sur un ton goguenard : « Tu vois Blanche, cette chaise, c’était celle de Jordan. Il n’est plus là, il est guéri, car il n’est plus antisémite. » Façon de reprocher l’absence présumée d’insistance sur l’antisémitisme d’extrême droite tout en invisibilisant le malaise de la communauté juive face aux positions de l’extrême gauche.
En juin, Le Point a révélé dans un sondage que 92 % des Français de confession juive estimaient que La France insoumise était le parti qui faisait monter le plus l’antisémitisme.
Tranquillement Blanche Gardin nous explique que pour avoir un molière il faut être islamophobe comme @SophiaAram.
Sophia Aram islamophobe je ne l'ai pas vu venir.
La seule chose où elle a peut-être raison, c'est que pour avoir un molière, il faut effectivement éviter d'être… pic.twitter.com/sOIJafKZra— Benjamin (@sdblepas) July 2, 2024
Pour conclure son numéro, Blanche Gardin décide de s’attaquer à Sophia Aram, sous le regard ravi et hilare de la salle. À son camarade de jeu qui lui demande de remonter sur scène, Gardin répond : « Ce serait trop de pression pour moi, il faudrait que j’aille chercher un Molière et je ne peux pas, il faudrait que je sois islamophobe, comme Sophia Aram. Mais je ne peux pas être islamophobe, parce que je suis antisémite. L’un exclut l’autre, en fait. »
La chroniqueuse de France Inter d’origine musulmane avait dénoncé les silences du monde de la culture après les attaques terroristes du 7 octobre à l’occasion de la cérémonie des Molière : « Comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? Comment exiger d’Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment réclamer le départ de Netanyahu sans réclamer celui du Hamas ? » Certains avaient déploré le fait que Sophia Aram ait mis sur le même plan le Premier ministre et le chef de la branche palestinienne des Frères musulmans.
Le sketch, qui rit ainsi de l’antisémitisme et se moque de la lutte contre le phénomène, accusant ceux qui luttent contre d’en faire trop et de reprendre l’accusation d’antisémitisme à tort et à travers, ressemble à un numéro d’il y a une dizaine d’années de Dieudonné, condamné à de multiples reprises pour antisémitisme.
"Le silence, même relatif, après ce 7 octobre, dans lequel 1200 Israéliens ont été massacrés, est assourdissant, lance @SophiaAram aux #molieres. "Comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes?". pic.twitter.com/6uhp4d9PIB
— Philippe Berry (@ptiberry) May 6, 2024