France : La ministre Sylvie Retailleau s’exprime sur les dérives antisémites dans l’enseignement supérieur
"Les signalements rapportant des propos antisémites [à Sciences Po] sont gravissimes. Ils sont transmis à la justice, nous sommes dans un État de droit", a-t-elle déclaré
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a réagi ce dimanche dans une interview au JDD à la polémique qui agite Sciences Po Paris depuis une semaine, alors que des soupçons d’antisémitisme pèsent sur l’école après qu’une étudiante, membre de l’Union des étudiants juifs de France, s’est vue refuser l’accès à une conférence pro-palestinienne.
La ministre a depuis saisi le procureur de la République suite à ces faits, dénonçant une ligne rouge, mais se veut rassurante sur les dérives dénoncées dans l’enseignement supérieur.
« Les signalements rapportant des propos antisémites [à Sciences Po] sont gravissimes. Ils sont transmis à la justice, nous sommes dans un État de droit », a-t-elle déclaré.
Elle a expliqué que son ministère était « engagé depuis plusieurs années dans la lutte contre l’antisémitisme et les discriminations » et que, « dès les attaques terroristes du 7 octobre, [elle avait] écrit aux universités et écoles pour accroître la prévention des actes antisémites, accompagner les victimes, réparer, apporter les sanctions ». « On a renforcé les référents antisémitisme et lutte contre les discriminations dans les établissements. Concernant Sciences Po, le dossier de saisine du procureur a été constitué dans un temps record », a-t-elle indiqué.
« Nous n’acceptons pas que le visage de Sciences Po soit celui que quelques-uns ont voulu lui donner cette semaine », a-t-elle exprimé. « La nouvelle gouvernance devra particulièrement veiller à l’apaisement et à la poursuite du plan d’action engagé pour faire respecter les principes de la République. Les étudiants devront s’appuyer sur un cadre précis en respectant une charte qui sera mise en place. »
« L’université est le reflet de la société avec sa richesse et parfois ses tensions. Je ne nie pas qu’il y ait des dérives d’une minorité bruyante, mais qui ne représente en rien la majorité », a-t-elle ajouté. « L’université doit rester un sanctuaire à la fois d’études et de débats. Je travaille depuis 35 ans sur le terrain et je constate que nos présidents d’établissements sont de plus en plus mobilisés contre l’antisémitisme et les discriminations. »
Ce lundi, Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris, a assuré que l’institution serait « intraitable » si des actes antisémites étaient avérés au sein de l’école, et a fait part de « son inquiétude » face à un « raidissement du climat ».