Fuchs : L’arrestation d’étudiants en yeshiva déserteurs aura des conséquences négatives

Toute loi concernant l’enrôlement des ultra-orthodoxes doit être formulée de manière à répondre aux préoccupations concernant l’impact sur l’étude de la Torah et la sécularisation potentielle, a déclaré lundi le secrétaire de cabinet Yossi Fuchs. Ce dernier a averti que l’arrestation de Haredim étudiant en yeshiva pour avoir refusé l’enrôlement pourrait provoquer un retour de bâton qui mettrait à mal toute initiative en faveur de la conscription.

« La communauté haredi considère l’étude de la Torah comme une valeur suprême. Naturellement, tout le monde n’étudie pas jour et nuit. Les deux plus grands défis auxquels les Haredim sont confrontés sont une vision du monde qui donne la priorité à l’étude de la Torah et la crainte d’un processus de sécularisation », a déclaré le haut fonctionnaire aux membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.

« La réussite de ce projet ne peut se faire que dans des conditions qui répondent à ces défis. »

Insistant sur le fait que le projet relatif aux ultra-orthodoxes doit commencer par ceux qui n’étudient pas à plein temps en yeshiva, Fuchs a fait valoir que « si vous arrêtez ceux qui étudient jour et nuit dans une yeshiva et que vous en faites des criminels, vous transformerez l’ensemble de la communauté haredi en ‘Faction de Jérusalem’ ».

La « Faction de Jérusalem » est un groupe extrémiste ultra-orthodoxe qui compte quelque 60 000 membres et qui est considéré comme l’un des opposants les plus acharnés aux efforts visant à étendre les conditions d’enrôlement aux étudiants en yeshiva et à d’autres Haredim.

« Le processus qui conduira à l’enrôlement des Haredim est un processus graduel qui doit se dérouler dans des espaces de consensus, sinon ces derniers refuseront toujours de s’enrôler lorsqu’ils seront appelés », a insisté Fuchs.

Des manifestants ultra-orthodoxes brandissant une affiche sur laquelle on peut lire « Nous mourrons et nous ne nous enrôlerons pas », tout en bloquant une route lors d’une manifestation contre le recrutement de l’armée, à Bnei Brak, le 17 novembre 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

« Lorsque Tsahal dit avoir besoin de 10 000 hommes, l’armée ne parle pas seulement des Haredim, mais aussi de l’augmentation de la durée du service régulier à 36 mois, de l’augmentation de l’âge d’exemption, et d’autres choses encore. »

L’armée a déjà indiqué à la commission qu’elle serait en mesure de recruter des Haredim « sans aucune restriction » dans cette communauté à partir de 2026, si on lui fournissait les ressources nécessaires.

Toutefois, le ministre de la Défense, Israel Katz, a fait valoir que cela n’était pas réalisable et a préféré augmenter progressivement le nombre de Haredim incorporés dans l’armée jusqu’à ce qu’il atteigne 50 % de la cohorte annuelle des ultra-orthodoxes concernés par le service militaire, d’ici à 2032.

Lors d’une audition sur cette question la semaine dernière, le général de division Dado Bar Kalifa, chef du Directorat des Ressources humaines, a déclaré que Tsahal avait besoin de 10 000 soldats supplémentaires, ce qui fait de la conscription des hommes ultra-orthodoxes un « besoin opérationnel évident ».

Le ministre de la Défense Israel Katz s’adressant à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le 21 janvier 2025. (Crédit : Noam Moskowitz/Bureau du porte-parole de la Knesset)

Kalifa a également exhorté les parlementaires à imposer des « sanctions beaucoup plus efficaces » aux personnes qui se soustraient à l’appel afin d’améliorer le nombre d’enrôlements.

En ce qui concerne le projet de loi relatif à la question de l’enrôlement, actuellement examiné par la commission, Fuchs a précisé qu’il était favorable à des objectifs annuels en matière d’enrôlement, plutôt qu’à un système de quotas dans lequel un certain nombre de Haredim sont autorisés à étudier à temps plein, tandis que les autres sont tenus de faire leur service militaire.

« Tout le monde sait, tant au sein de la coalition que de l’opposition, que la question des quotas est un obstacle à la conclusion d’un accord », a-t-il souligné, ajoutant que des sanctions devraient être imposées à l’ensemble des recrues éligibles si l’objectif d’enrôlement collectif n’est pas atteint.

En réponse à Fuchs, un représentant du ministère des Finances a fait valoir que les sanctions collectives sont inefficaces et que l’utilisation d’objectifs plutôt que de quotas s’est avérée inefficace dans le passé.

Les remarques de Fuchs ont été faites alors que les députés reprenaient le travail sur un projet de loi sur l’enrôlement, soutenu par le gouvernement, qui est bloqué au sein de la commission depuis l’été dernier. Le président de la commission, Yuli Edelstein (Likud), a déclaré qu’il ne produirait « qu’une véritable loi sur la conscription qui augmenterait de manière significative la base de conscription de Tsahal ».

Lors d’une audition la semaine dernière sur les amendements proposés par le ministre de la Défense Katz, le procureur général adjoint Gil Limon avait déclaré aux parlementaires que le plan du gouvernement ne satisferait pas les besoins en main-d’œuvre de Tsahal et qu’il était donc incompatible avec l’arrêt de la Haute Cour rendu l’été dernier, selon lequel le gouvernement devait enrôler dans l’armée les Haredim étudiants en yeshiva.

L’arrêt de la Cour sert de point de départ à toute loi sur la question et impose « la conscription générale, l’obligation administrative pour l’armée de l’appliquer équitablement et l’interdiction pour l’État de financer » les déserteurs, avait affirmé Limon au cours de la discussion précédente.

Cependant, « l’ampleur de la conscription présentée par le ministre est inférieure aux besoins de l’armée, et le taux de conscription ne correspond pas non plus aux besoins de l’armée en termes de constitution d’unités », avait-il ajouté.

Yossi Taieb, député du Shas. (Crédit : capture d’écran YouTube / Shass Francophones)

Un député appartenant au parti ultra-orthodoxe Shas a annoncé mardi que, bien qu’il ait reçu un ordre d’enrôlement de Tsahal, son fils était prêt à aller en prison plutôt que de servir dans l’armée.

« Mon fils a reçu un ordre et m’a demandé ce qu’il devait faire. Je lui ai dit de demander aux responsables de sa yeshiva et d’agir selon leurs instructions », a déclaré le député Yosef Taieb à la radio Kol Baramah.

« Il s’assied et étudie sérieusement et aime apprendre. Nous ferons ce qu’on nous demandera de faire. S’ils nous disent qu’il faut l’arrêter, il sera arrêté et apprendra la Torah en prison. »

Alors que certains hommes politiques du Shas ont demandé l’enrôlement des Haredim qui n’étudient pas à plein temps en yeshiva, le Conseil des Sages de la Torah du Shas, les chefs spirituels du parti ultra-orthodoxe, avait demandé à ses partisans, l’été dernier, d’ignorer tous les ordres d’enrôlement.

Le rabbin Moshe Maya, haut membre du Conseil des Sages de la Torah de Shas, avait déclaré à Radio Kol Baramah en juin 2024 qu’il était « interdit à ceux qui n’étudient pas d’aller à l’armée. Ceux qui le font finiront par violer le Shabbat ».

Lors de la réunion hebdomadaire du groupe de son parti Yisrael Beytenu à la Knesset, le président Avigdor Liberman est entré lundi avec une urne et a déclaré que toute personne refusant de servir dans l’armée ne devrait pas être autorisée à voter.

« Ceux qui ne s’enrôlent pas ne votent pas », a-t-il déclaré.