Katz : la moitié des haredim s’enrôleront, l’autre reste dans le « monde de la Torah »
Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense met en garde contre les efforts de la coalition visant à contourner son groupe
Si la faible présence d’Israéliens ultra-orthodoxes dans les services de sécurité porte préjudice à l’Etat, le « monde de la Torah » des yeshivot constitue également une part importante de l’identité du pays, a déclaré lundi le ministre de la Défense Israël Katz, appelant à un dialogue avec les haredim.
S’adressant aux législateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Katz a demandé que les objectifs annuels de recrutement se situent dans une fourchette qu’il a qualifiée de raisonnable, mettant en avant l’idée que la moitié des appelés éligibles pourraient finir par servir tandis que les autres poursuivraient leurs études dans les yeshivot.
Lors de la même audition, le président Yuli Edelstein a mis en garde contre toute tentative de contourner sa commission sur la question de l’enrôlement des ultra-orthodoxes.
« En ce qui concerne le projet de loi sur l’enrôlement, nous espérons vivement qu’à la fin, comme je m’y suis engagé auprès des membres de la commission, nous parviendrons à un véritable projet de loi sur l’enrôlement qui apportera de véritables solutions au personnel de Tsahal, avec une intégration progressive du public haredi », a-t-il déclaré, selon un compte-rendu de la séance à huis clos de la Knesset.
Un projet de loi traitant de la question de la conscription haredi est bloqué au sein de la commission depuis des mois, Edelstein ayant déclaré qu’il ne permettrait pas à la législation d’avancer à moins que les législateurs ne parviennent à un large consensus sur la question.
« Après toutes sortes d’informations alléguant que le ministre a déjà conclu des accords dans le dos du président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, soyons clairs : il n’y a rien de tel que dans le dos de la commission des Affaires étrangères et de la Défense », a déclaré Edelstein aux législateurs.
« Tout ce que nous voulons mettre en œuvre sera apporté ici et subira toutes les adaptations et tous les changements nécessaires, indépendamment des interprétations d’un type ou d’un autre ».
On ignore comment Edelstein a réagi à la proposition de Katz, mais il a déjà critiqué Tsahal pour avoir fourni ce qu’il estime être des estimations basses du nombre de recrues ultra-orthodoxes qu’il est en mesure d’accueillir.
Les commentaires d’Edelstein sont intervenus après qu’Aryeh Deri, président du parti ultra-orthodoxe Shas, a déclaré à la Quatorzième chaîne que le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui avait assuré dimanche que le projet de loi sur l’enrôlement serait adopté par la commission dans un délai d’une semaine à dix jours.
Selon la chaîne publique Kann, lorsque le député Ohad Tal (HaTzionout HaDatit) a interrogé Katz sur les commentaires de Deri, le ministre de la Défense a répondu qu’il n’était pas au courant d’un tel engagement.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a rejeté la proposition de Katz en tweetant sur X que « les haredim prétendent qu’il s’agit d’un plan draconien, mais la vérité est qu’il s’agit d’une véritable imposture qui ne fera pas progresser le recrutement des haredim ».
L’adoption du projet de loi est devenue l’une des principales priorités législatives du parti ultra-orthodoxe Yahadout Hatorah, qui, en octobre, a semblé renoncer – du moins temporairement – à sa menace de faire dérailler les négociations sur le budget du gouvernement à cause de cette question.
L’absence d’adoption d’un budget avant le 31 mars entraînerait la dissolution automatique du gouvernement et des élections anticipées. Yahadout HaTorah ne s’est pas opposé au budget lors des votes de lundi soir.
Au lieu de cela, Yahadout HaTorah a soutenu le projet de loi sur les crèches, qui vise à contourner un arrêt de la Haute Cour empêchant les subventions de l’État pour les crèches d’aller aux enfants des hommes ultra-orthodoxes qui n’effectuent pas leur service militaire.
Toutefois, en raison d’une opposition interne au sein de la coalition, ce projet de loi a été retiré de l’ordre du jour de la Knesset.
Avec le limogeage de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant au début du mois dernier, Edelstein reste le dernier obstacle majeur à l’adoption de ce projet de loi controversé.