Gallant fustige Macron pour l’interdiction des firmes israéliennes au salon Euronaval
Le ministre de la Défense accuse la France de mettre en œuvre une "politique hostile envers le peuple juif", après les déclarations de l'organisateur du salon de la défense

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a qualifié mercredi de « honte pour la France » la décision du président français Emmanuel Macron d’interdire aux entreprises israéliennes d’exposer à un salon d’armement naval et a accusé Paris de mettre en œuvre une politique hostile au peuple juif.
La décision d’interdire aux entreprises israéliennes est la dernière en date prise par le gouvernement Macron pour exprimer son opposition à la conduite d’Israël dans les combats contre les groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah – à Gaza et au Liban.
Elle intervient après que les efforts de la France pour obtenir une trêve dans le conflit entre Israël et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban ont échoué et alors qu’Israël mène davantage de frappes aériennes dans cet ancien territoire sous mandat français.
« Les actions du président français Macron sont une honte pour la nation française et les valeurs du monde libre, qu’il prétend défendre », a écrit Gallant sur le réseau social X.
« La France a adopté, et met en œuvre de manière cohérente, une politique hostile à l’égard du peuple juif. Nous continuerons à défendre notre nation contre des ennemis sur 7 fronts différents, et à nous battre pour notre avenir – avec ou sans la France. »
Les responsables français ont déclaré à maintes reprises que Paris était attaché de façon « indéfectible » à la sécurité d’Israël et soulignent que son armée a aidé à défendre Israël après les attaques iraniennes le 13 avril et le 1er octobre.

Les organisateurs du salon Euronaval, prévu à Paris du 4 au 7 novembre, ont indiqué dans un communiqué que le gouvernement français les avait informés mardi que les délégations israéliennes ne seraient pas autorisées à installer des stands ni à exhiber du matériel, mais qu’elles pouvaient assister au salon. Cette décision concerne sept entreprises, ont-ils précisé.
C’est la deuxième fois cette année que la France interdit aux entreprises israéliennes de participer à un grand salon de la défense. En mai, la France avait estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour qu’Israël participe au salon militaire Eurosatory, alors que Macron appelait Israël à cesser ses opérations militaires contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, où il se bat depuis le pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre actuelle.
« Ces mesures nuisent non seulement aux relations entre nos deux pays, mais aussi aux liens de confiance qu’ils ont tissés, et jettent ainsi un doute sur la capacité de la France à jouer un rôle de premier plan sur la scène diplomatique pour promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient », a déclaré l’ambassade d’Israël dans un communiqué.
Une querelle diplomatique
L’armée israélienne mène de nombreuses frappes aériennes et une opération terrestre visant le Hezbollah au Liban, causant d’importantes pertes civiles et amenant les alliés occidentaux, dont la France, à demander un cessez-le-feu immédiat.
Les querelles diplomatiques entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Macron se sont multipliées ces dernières semaines après que Paris eut travaillé avec Washington pour obtenir une trêve de 21 jours qui ouvrirait ensuite la porte à des négociations sur une solution diplomatique à long-terme.
Convaincus qu’Israël souscrivait globalement à cet effort, et ayant reçu l’assurance du gouvernement libanais que le Hezbollah s’y rallierait, la France et les États-Unis ont été pris par surprise lorsque, le lendemain, Israël a lancé des frappes qui ont éliminé le chef du groupe terroriste chiite libanais, Hassan Nasrallah.
Netanyahu a rejeté un cessez-le-feu unilatéral qui n’empêcherait pas le Hezbollah de se réarmer et de se reconstituer, tandis que le groupe terroriste chiite libanais a exclu toute trêve qui ne s’accompagnerait pas d’un arrêt des combats à Gaza. La France s’est efforcée de continuer à travailler à une résolution diplomatique.

Macron a irrité Netanyahu à de multiples reprises, notamment lorsque les forces de maintien de la paix des Nations unies (FINUL) ont été prises dans les tirs croisés israéliens dans le sud du Liban.
La France, qui compte près de 700 soldats dans la la FINUL, forte de 10 000 hommes, est l’un des principaux contributeurs européens, aux côtés de l’Italie et de l’Espagne. Tous trois ont condamné ce que l’ONU qualifie d’attaques et de violations israéliennes contre les soldats de la paix, tandis qu’Israël maintient que ses opérations ont visé des postes du Hezbollah, mais que leur étroite proximité avec la FINUL a conduit à plusieurs frappes accidentelles.
Macron a exhorté à mettre fin à la fourniture à Israël d’armes offensives utilisées à Gaza et au Liban, un appel que Netanyahu a qualifié de « honteux ».
Mardi, Macron a déclaré lors d’une réunion du cabinet que Netanyahu ne devrait pas oublier qu’Israël a été créé par une décision de l’ONU, selon un responsable français. Une déclaration que l’Élysée n’a pas démentie.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a cherché à dédramatiser ces remarques, affirmant qu’il s’agissait de propos généraux pour rappeler à Israël l’importance de respecter la charte de l’ONU.
Mais le bureau de Netanyahu a déclaré en réponse qu’Israël a été établi par « la Guerre d’Indépendance avec le sang de nos combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de la Shoah, y compris du régime de Vichy en France » – en référence au gouvernement français qui avait collaboré avec l’Allemagne nazie.
En outre, l’ONU ne met pas en œuvre sa résolution 1701 qui stipule que le Hezbollah ne doit pas se trouver à proximité du fleuve Litani et doit déposer les armes.