Macron réclame l’arrêt des livraisons d’armes à Israël utilisées à Gaza
Après le pogrom du 7 octobre, le chef de l'Etat "voulait monter une grande alliance militaire internationale contre les terroristes du Hamas", rappelle le RN

Le président français Emmanuel Macron s’est prononcé samedi pour l’arrêt des livraisons d’armes à Israël qui sont utilisées dans le conflit à Gaza.
« Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza », a-t-il déclaré lors d’une émission spéciale sur la radio France Inter consacrée à la francophonie.
« La France n’en livre pas », a-t-il ajouté lors de cet entretien enregistré le 1er octobre et diffusé à deux jours du premier anniversaire des massacres commis par le Hamas en Israël.
Le président américain Joe Biden s’est jusqu’à présent refusé à user du levier des armes à Israël, en dehors de la suspension d’une livraison de bombes en mai.
Le Royaume-Uni a pour sa part annoncé en septembre la suspension d’une trentaine de licences d’exportation d’armes à Israël sur un total de 350, après un examen concluant à « un risque » qu’elles soient utilisées en violation du droit humanitaire international dans le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza qui fait suite à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.

« Ressentiment » et « haine »
Le président français a déploré que les lignes ne bougent pas à Gaza, malgré tous les efforts diplomatiques conduits pour obtenir un cessez-le-feu, notamment auprès d’Israël.
« Je pense que nous ne sommes pas entendus. Je l’ai redit au Premier ministre (Benjamin) Netanyahu et je pense c’est une faute, y compris pour la sécurité d’Israël demain », a souligné Emmanuel Macron.
« On le voit bien dans nos opinions publiques, on le voit de manière encore plus terrible dans les opinions publiques de la région, c’est au fond un ressentiment qui est en train de naître, une haine qui est nourrie par cela », a-t-il ajouté.
Cette prise de position a été bien accueillie à gauche, à l’instar du chef du parti socialiste Olivier Faure qui a écrit sur le réseau social X : « Enfin et tant mieux si la France peut parler d’une seule voix ».
« Oui, il faut cesser de livrer des armes à Israël comme nous le disons depuis des mois », a également réagi Manuel Bompard le coordinateur de La France insoumise, appelant à « sortir de phrases sans effet » car « seuls les actes comptent » et réclamant en outre des « sanctions contre le gouvernement de Netanyahu ». Le parti de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, avec qui le PS s’est associé pour remporter les législatives de juin dernier, est largement accusé d’antisémitisme, ne cache pas son hostilité à l’égard de l’État hébreu et semble tout faire pour importer le conflit dans l’Hexagone.
La cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain a elle aussi estimé que la France doit aller plus loin et « arrêter toutes les livraisons d’armes à Israël » dont l’armée, selon elle, « commet des crimes de guerre ».
Éric Ciotti parle d’une « faute politique » et une « trahison morale », qui « affaiblit Israël encerclé par des dictatures islamistes hostiles ».
L’appel du Président Macron à l’embargo sur les armes à destination d’Israël est une faute politique et une trahison morale.
Il affaiblit Israël encerclé par des dictatures islamistes hostiles.
Il donne raison au Hamas et Hezbollah terroristes contre la démocratie israélienne,…
— Eric Ciotti (@eciotti) October 5, 2024
A l’inverse, le porte-parole du Rassemblement national Julien Odoul a dénoncé un changement de pied « irresponsable et criminel », rappelant qu’après les attaques du 7 octobre le chef de l’Etat « voulait monter une grande alliance militaire internationale contre les terroristes du Hamas » tandis qu' »un an après, alors que l’Etat d’Israël est attaqué de tous côtés, Macron veut le désarmer ».
Par ailleurs, le président de la République a affirmé que la « priorité est d’éviter l’escalade » au Liban, après le lancement de l’opération israélienne contre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah.
« Le peuple libanais ne peut pas à son tour être sacrifié et le Liban ne peut pas devenir un nouveau Gaza », a-t-il martelé sans pour autant rappelé les raisons pour lesquelles Israël mène une offensive contre le Hezbollah.
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Plus de 60 000 Israéliens ont dû évacuer leurs domiciles.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de vingt-six civils du côté israélien, ainsi que celle de trente-et-un soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Le Hezbollah a signalé que 516 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie.
Depuis qu’Israël a intensifié ses frappes aériennes contre le groupe terroriste du Hezbollah lundi, plus de 630 autres morts ont été signalés au Liban, selon le ministère de la Santé du pays.
Au moins un quart des personnes tuées depuis lundi seraient des femmes et des enfants, selon les autorités sanitaires libanaises qui ne font pas de distinction entre les civils et les terroristes. Plus de 2 000 personnes auraient également été blessées. Israël a déclaré que de nombreux terroristes du Hezbollah figuraient parmi les morts.
Face à l’escalade, le Hezbollah semble avoir cessé de nommer ses éléments éliminés.