Goldknopf danse sur une chanson antisioniste ; appels bipartites à son renvoi
Le ministre a été filmé au milieu d'une foule scandant « Nous mourrons et nous ne nous enrôlerons pas » ; il s'excuse après avoir initialement rejeté les critiques comme étant de "l'incitation à la haine"

Le ministre du Logement, Yitzchak Goldknopf, a provoqué un tollé dimanche soir après la diffusion d’une vidéo du ministre haredi dansant sur une chanson antisioniste et anti-enrôlement lors du mariage de son neveu, ce qui a entraîné des appels à son renvoi de la part des politiciens de la coalition et de l’opposition, bien que le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’ait pas tardé à féliciter son allié clé pour avoir pris ses distances avec la chanson.
Dans une vidéo très largement diffusée, on pouvait voir le chef du parti de coalition ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, Yehuda Goldknopf, au milieu d’un cercle de jeunes hommes haredim chantant qu’ils « ne croient pas au gouvernement des infidèles » et qu’ils « ne se présenteront pas aux bureaux de recrutement [de l’armée] ». Les paroles disaient également : « Nous mourrons et nous ne nous enrôlerons pas ».
La chanson, une version d’un hymne célèbre de la secte radicale Neturei Karta , farouchement antisioniste, est récemment devenue populaire dans les milieux ultra-orthodoxes traditionnels et a été au centre de plusieurs controverses.
En toile de fond, une décision de la Haute Cour de justice rendue l’année dernière selon laquelle il n’existe aucune base juridique pour l’exemption générale du service militaire dont bénéficient depuis des décennies les étudiants des yeshivot haredim, ainsi qu’une décision de la procureure générale Gali Baharav-Miara selon laquelle les enfants des étudiants des yeshivot ultra-orthodoxes qui refusent d’obéir aux ordres de conscription ne peuvent pas bénéficier de subventions pour la garde de leurs enfants.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a réagi à la vidéo de dimanche, rappelant le lourd tribut payé par les soldats depuis le 7 octobre 2023. « Un ministre qui se met à danser contre l’État d’Israël aurait dû être licencié ce soir », a-t-il fait valoir.
Mais Netanyahu ne l’a pas fait parce qu’il « est le Premier ministre de la désertion et des récalcitrants », a affirmé Lapid.
בשלטון הכופרים אין אנו מאמינים. השר יצחק גולדקנופף בריקוד סוער כעת עם בחורי ישיבות שזועקים: 'ובלשכותיהם אין אנו מתייצבים' pic.twitter.com/9ExW6yvkny
— משה ויסברג (@moshe_nayes) March 23, 2025
« Ce n’est pas l’État profond, c’est la subversion au sein du gouvernement qui nuit à l’État d’Israël », a déclaré le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, faisant écho à une récente campagne de Netanyahu contre ce qu’il appelle « l’État profond » de bureaucrates qui contrecarrent les décisions controversées du gouvernement.
Gantz a fait valoir que la seule réponse appropriée aux actions de Goldknopf était « une lettre de licenciement et des ordres d’enrôlement [pour les jeunes hommes haredim] ».
« Tout autre message est une insulte aux soldats de l’armée israélienne. Seul un gouvernement de consensus sioniste sauvera la sécurité d’Israël », a-t-il tweeté.
« Nos soldats gardent les frontières et le ministre Goldknopf danse sur l’hymne de la désertion », a tweeté le député d’Israël Beytenu, Oded Forer. « Un vrai Premier ministre l’aurait renvoyé ce soir. Mais nous n’avons que la fausse version d’un Premier ministre. L’État d’Israël doit promulguer une loi simple : si vous ne vous enrôlez pas, vous ne votez pas non plus. »

Certains partenaires de la coalition de Goldknopf ont également critiqué le dirigeant haredi.
« Une honte et une disgrâce », a tweeté le ministre des Finances, Bezalel Smotrich.
« Nous ne pouvons plus rester silencieux face à l’indifférence, au dédain et à l’ingratitude du ministre Goldknopf envers l’État d’Israël et les combattants héroïques de l’armée israélienne. J’exige que le Premier ministre le convoque ce soir pour obtenir des éclaircissements, lui fixer une limite et mettre fin à son comportement honteux. »
Le député Ohad Tal, du parti HaTzionout HaDatit de Smotrich, a accusé Goldknopf d’avoir « complètement déraillé » et a insisté pour que Netanyahu « lui montre la porte afin que quiconque ne croit pas en la ‘domination des infidèles’ n’ose pas être ministre ».
Le ministre de l’Alyah et de l’Immigration, Ofir Sofer, également membre du parti HaTzionout HaDatit, a déclaré que Goldknopf était « inapte à être ministre du gouvernement israélien », et a accusé quiconque étant « incapable de condamner clairement un acte aussi honteux ne peut faire partie des dirigeants nationaux en cette période difficile ».
Le député Moshe Saada, du parti au pouvoir, le Likud, a réagi : « N’y a-t-il pas de honte ? N’y a-t-il pas de limite à ce que vous pouvez faire ? Cher ministre Goldknopf, vous ne croyez pas au gouvernement des infidèles ? Alors, faites comme vous l’entendez et démissionnez de votre poste prestigieux et gratifiant au sein du gouvernement auquel vous ne croyez pas. Et si vous ne le faites pas, j’appelle le Premier ministre Netanyahu à le faire pour vous. »
Le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch (Likud), s’est dit exaspéré par le manque de compréhension des dirigeants haredim quant à leur attitude vis-à-vis du service militaire, après la diffusion de la vidéo.

Il a rappelé qu’il ne croit pas que l’enrôlement puisse être imposé à la communauté ultra-orthodoxe, et privilégie le discours et les accords, et c’est pourquoi de telles scènes le frustrent.
« La première fois, c’est un accident, la deuxième fois, c’est une coïncidence, la troisième fois, notre sang ne fait plus qu’un tour », a-t-il dit.
« Si les dirigeants haredim ne suivent pas le public haredi, qui, dans des proportions croissantes, réclame le changement, ils commettront une erreur historique dont nous paierons tous le prix », a-t-il ajouté.
L’ancien Premier ministre Naftali Bennett a rejeté les condamnations des membres de la coalition, affirmant sur X que leurs déclarations étaient « sans valeur » tant que le gouvernement transférait « des milliards [de shekels] dans un budget [de l’État] qui encourage la désertion, faisant ainsi porter tout le fardeau sur nos réservistes ».
« Nous n’avons pas besoin de vos condamnations, mais d’une simple action de la part du gouvernement : une cessation complète des fonds alloués à la désertion. »

En réponse aux nombreuses critiques, Goldknopf a accusé ses détracteurs de tenter de semer la division et d’attiser les conflits, affirmant que même s’il ne se sentait pas à l’aise avec la chanson, il n’avait pas quitté la cérémonie « pour ne pas offenser le marié et sa famille ».
« Malheureusement, certaines personnes en ont profité pour inciter à la haine, comme si j’étais d’accord avec le contenu de la chanson. Alors voilà : je la désavoue et la condamne », a-t-il écrit.
En réponse à la déclaration de Goldknopf, Netanyahu a déclaré que le ministre « avait bien fait de désavouer la chanson qui a été chantée lors de l’événement auquel il a assisté et a même exprimé des regrets à ce sujet ».
« Il n’y a pas de place pour des chansons contre le service dans l’armée israélienne. Il est temps d’unir les forces à l’intérieur contre les ennemis à l’extérieur », a-t-il tweeté.
Goldknopf a ensuite présenté des excuses plus fermes, reconnaissant que les images avaient offensé beaucoup de gens et disant qu’au « paroxysme de la danse et de la musique, je n’avais pas fixé de limites, et précisément en tant que personne qui aide les réservistes, qui craint pour le bien-être des soldats et qui prie pour leur succès, je demande pardon ».
« J’étais obligé d’arrêter le groupe immédiatement et c’est ce que je vais faire à l’avenir », a-t-il ajouté. « Je comprends très bien ceux qui ont souffert [des images] et je m’en excuse. »

Ressources générales en matière de logement destinées aux Haredim
Ce n’était pas les premières excuses publiques de Goldknopf ce jour-là.
Le ministre a également fait l’objet de critiques politiques dimanche pour des remarques prononcées mardi de la semaine dernière lors d’une conférence sur l’éducation dans la ville de Beit Shemesh, dont la population haredi n’a cessé de croître au cours des dernières décennies.
Goldknopf s’est vanté d’orienter les ressources en matière de logement vers la communauté ultra-orthodoxe au détriment du reste de la population : « Même ce qu’ils pensaient être destiné au public [non-haredi], nous l’avons alloué d’une manière ou d’une autre au public haredi. On ne peut pas parler de tout. »
Selon le quotidien financier The Marker, l’Autorité foncière israélienne n’a publié jusqu’à présent cette année que des appels d’offres pour des logements à Beit Shemesh destinés au marché ultra-orthodoxe.
Le ministre des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli (Likud), a accusé Goldknopf d’avoir tenu des propos constituant une « discrimination malveillante à l’encontre du grand public » et a demandé sa démission.
Chikli réclame le limogeage de Goldknopf depuis vendredi.
En réponse aux critiques, Goldknopf a déclaré qu’il enverrait à ses collègues ministres une explication détaillée de ses politiques et a tweeté qu’il « souhaitait s’excuser pour la façon dont je me suis exprimé ».
« Pour être clair, le ministère de la Construction et du Logement fonctionne conformément à la loi, et contrairement à la façon dont des intérêts particuliers ont cherché à interpréter mes propos, rien n’a été fait en violation des règles », a-t-il écrit, insistant sur le fait que son ministère « travaille dans l’intérêt de toutes les communautés de l’État d’Israël ».
Le vice-ministre des Transports Uri Maklev, également membre de Yahadout HaTorah, a affirmé que Goldknopf était engagé dans une « action positive » dans une ville « où la communauté haredi était exclue », a rapporté le site d’information ultra-orthodoxe Behadrei Haredim.