Israël en guerre - Jour 339

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« Il y a un risque de guerre », disait le chef du Shin Bet à Netanyahu en juillet 2023

Selon Ynet, Ronen Bar faisait probablement allusion au Liban ou à la Cisjordanie ; le cabinet de Netanyahu assure qu'on ne l'a pas mis en garde contre une possible guerre à Gaza

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, le 4 avril 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, le 4 avril 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Selon une information rendue publique ce vendredi, le chef de l’agence de sécurité du Shin Bet, Ronen Bar, avait averti en juillet 2023 le Premier ministre Benjamin Netanyahu du risque très élevé d’une guerre contre Israël en cas de poursuite du très polémique projet de refonte judiciaire.

C’est là le dernier épisode en date de la chasse aux coupables entre milieux de la Défense et de la politique au sujet du 7 octobre.

Le site d’information Ynet estime que Bar avait dans l’idée soit une guerre au nord contre le Hezbollah soutenu par l’Iran, soit une escalade en Cisjordanie conduisant à une troisième Intifada susceptible de déborder d’autres frontières, et non stricto sensu à une guerre contre le Hamas.

Selon cette information, le 23 juillet 2023 – la veille du vote du premier élément important du très contesté projet de refonte judiciaire –, Bar aurait dit à Netanyahu : « Je vous dis aujourd’hui qu’il existe un fort risque de guerre. Nous n’en connaissons ni le jour ni l’heure, mais l’information est là. »

Plus tard dans la même journée, avec l’accord de Netanyahu, Bar aurait donné la même information au chef de l’opposition Yair Lapid, qui s’en serait servi, le 20 septembre, pour alerter du risque d’une « confrontation violente sur plusieurs fronts » à l’occasion d’une conférence de presse.

Le cabinet du Premier ministre a balayé d’un revers de main l’information de Ynet, affirmant que Netanyahu « n’avait reçu aucun avertissement concernant une guerre à Gaza – ni à la date indiquée dans l’article ni à aucun moment avant le 7 octobre à 6h29 », moment auquel le Hamas a tiré un très grand nombre de roquettes pour couvrir son entrée en territoire israélien et le massacre de milliers de personnes.

S’agissant spécifiquement de la guerre à Gaza, le cabinet du Premier ministre n’a pas nié le fait que Netanyahu avait reçu une mise en garde.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assistant à une cérémonie commémorative pour Zeev Jabotinsky, au mont Herzl, à Jérusalem, le 4 août 2024. (Crédit : Naama Grynbaum/Pool/Flash90)

Jeudi, la Douzième chaîne a indiqué que début octobre – trois ou quatre jours avant le 7 octobre –, le Shin Bet avait estimé que le chef du Hamas, Sinwar, n’avait pas l’intention de « s’impliquer dans des combats ».

Des documents confidentiels du Shin Bet cités par la chaine auraient conclu que les concessions d’Israël envers Gaza allaient « permettre de préserver l’ordre public pendant une longue période ».

L’agence de sécurité a confirmé l’exactitude de ces citations, précisant toutefois qu’elles omettaient un point, à savoir « la déclaration claire du chef du Shin Bet selon laquelle ‘un niveau d’alerte élevé devait être maintenu compte tenu du risque imminent de combats sur le front de Gaza’ ».

Ynet a évoqué vendredi la réaction horrifiée de hauts responsables des milieux de la sécurité à l’idée que des « membres du cabinet du Premier ministre » aient révélé des documents classifiés dans le seul but d’absoudre l’échelon politique de sa responsabilité dans l’échec à prévenir le pogrom du 7 octobre et d’en rejeter la faute sur les cercles de la Défense.

Le député d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, qui, en 2016 et en sa qualité de ministre de la Défense, avait alerté du risque d’attaque de grande ampleur du Hamas avant de démissionner, faute de décisions suffisamment fermes envers Gaza, a déclaré vendredi que le « petit jeu de la chasse aux coupables par temps de guerre, entre le chef du Shin Bet et le Premier ministre, venait souligner l’importance que tous les responsables de l’échec du 7 octobre quittent le pouvoir ».

Des dégâts occasionnés par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nirim, le 7 octobre 2023, non loin de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d’Israël, le 21 janvier 2024. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Selon la députée travailliste Naama Lazimi, l’information relayée par Ynet montre que Netanyahu n’est absolument pas prêt à diligenter une commission d’enquête d’État sur le pogrom du 7 octobre.

Face au refus de Netanyahu, organisations anti-gouvernement et rescapés du 7 octobre ont mis en place une commission d’enquête civile indépendante.

S’adressant devant cette commission jeudi, Lapid a indiqué que Netanyahu avait, à plusieurs reprises avant le 7 octobre, été informé que les décisions de son gouvernement avaient érodé la dissuasion israélienne. Il a ajouté que, lors de son entretien avec Bar, le chef du Shin Bet l’avait alerté des « conséquences de la refonte en matière de défense et de clivage interne ».

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid témoignant devant la commission d’enquête citoyenne non officielle sur l’incapacité à prévenir et à répondre au pogrom du 7 octobre perpétré par le Hamas, le 29 août 2024. (Crédit : Capture d’écran)

Les deux hommes s’étaient vus la veille de l’adoption par la Knesset d’une loi vidant de sa substance la « clause dite du caractère raisonnable », utilisée par les tribunaux pour invalider des lois infondées. Il s’agissait de l’une des mesures phares de la refonte judiciaire voulue par le gouvernement dans le but d’encadrer strictement l’indépendance des tribunaux : elle avait donné lieu à des manifestations anti-gouvernement de très grande ampleur dans les mois précédant le 7 octobre.

Lapid a déclaré vendredi que l’information donnée par Ynet était « exacte ».

La guerre à Gaza a éclaté le jour de l’attaque terroriste du 7 octobre menée par le Hamas dans le sud d’Israël, au cours de laquelle près de 1 200 personnes ont été tuées et 251 prises en otage.

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