Iran: les forces de sécurité auraient tué 1 500 personnes lors du soulèvement
Le guide suprême Khamenei avait donné l'ordre de faire le nécessaire pour réprimer les protestations, selon Reuters
Près de 1 500 personnes, en majorité des civils, ont été tuées durant les deux semaines de violence qui ont agité l’Iran le mois dernier. Les résidents de la République islamique ont mené l’une des plus importantes manifestations depuis la révolution de 1979, a fait savoir Reuters lundi.
Lorsque le soulèvement a débuté au milieu du mois dernier, le guide suprême iranien Ali Khameinei a donné l’ordre de faire le nécessaire pour réprimer les protestations, ont déclaré certains responsables iraniens à la presse, sous couvert d’anonymat.
« La République islamique est en danger. Faites ce qu’il faut pour y mettre un terme. C’est un ordre », a déclaré Khamenei à son entourage, selon l’une des sources.
Les protestations ont commencé le 15 novembre après une hausse inattendue des prix du carburant.
L’Iran n’a pas communiqué de bilan sur le nombre de personnes tuées ou arrêtées lors de cette répression, au cours de laquelle des immeubles ont été incendiés et des magasins pillés.
Selon Reuters, on estime à 1 500 personnes le nombre de personnes tuées dont 17 adolescents et 400 femmes, en moins de deux semaines. Certains membres des forces de l’ordre iraniennes compteraient parmi les victimes.
Ce bilan est quelque peu supérieur aux estimations précédentes. Le département d’Etat américain a déclaré à Reuters qu’il estimait que des centaines de personnes ont été tuées, bien que certains médias faisaient état d’un milliers de victimes. Le dernier rapport de l’organisation Amnesty International estimait qu’au moins 304 personnes avaient été tuées.
Depuis le début du soulèvement, les organisations humanitaires accusent l’Iran de faire un usage excessif de la force contre les manifestants.
Vendredi dernier, un groupe indépendant d’experts de l’ONU a déclaré que les forces de sécurité iraniennes tiraient délibérément sur des manifestants non-armés.
Les experts se sont appuyés sur des articles et des vidéos qui montrent que les forces de sécurité iraniennes « ont non seulement tiré à balles réelles sur des manifestants désarmés, mais ont visé leur tête et leurs organes vitaux ».
« Le nombre de morts semble particulièrement élevé dans des provinces comptant une importante population appartenant à une minorité ethnique », selon les experts.
« Viser ces parties du corps montre que les forces de sécurité cherchaient à tuer ou à blesser gravement », ont-ils dit, ajoutant qu’ils étaient « très perturbés à l’idée que les autorités iraniennes utilisent ce genre de méthode contre des manifestants pacifiques ».
Début décembre, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme avait déclaré qu’au moins 7 000 personnes avaient été arrêtées en Iran depuis le début des manifestations qui avaient éclaté le 15 novembre.
Dans leur communiqué rendu public vendredi, les experts indépendants ont estimé que des milliers de personnes seraient encore détenues. Les informations recueillies « suggèrent que des détenus ont été torturés ou ont subi d’autres formes de mauvais traitements, parfois pour leur arracher des aveux forcés », soulignent les experts, qui ont été nommés par l’ONU mais qui ne s’expriment pas au nom de l’organisation.
« Certains se seraient vus refuser des soins médicaux, y compris pour des blessures causées par l’usage excessif de la force par les forces de sécurité », tandis que d’autres ont été « détenus au secret ou ont été victimes de disparitions forcées », selon le rapport.
Les experts ont également dénoncé l’absence de processus judiciaire, estimant que de nombreux détenus seraient probablement privés de leur droit à un procès équitable.
Les autorités iraniennes ont accusé les Etats-Unis, Israël et plusieurs pays européens de fomenter les manifestations nationales, au cours desquelles des manifestants ont brûlé la photo de Khamenei et appelé au retour du Shah, le précédent dirigeant de l’Iran.
L’AFP a contribué à cet article.