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Israël autorise l’exhumation de 17 corps d’enfants yéménites « morts-nés »

Les familles seront autorisées à effectuer des tests ADN pour déterminer si les autorités dans les années 1950 leur ont dit la vérité

Enfants yéménites arrivés en Israël grâce à l'opération Tapis volant, devant un avion d'Alaska Airlines. (Crédit : Autorisation AJM)
Enfants yéménites arrivés en Israël grâce à l'opération Tapis volant, devant un avion d'Alaska Airlines. (Crédit : Autorisation AJM)

Les autorités israéliennes ont approuvé mardi une demande des familles d’enfants portés disparus il y a des décennies dans l’affaire dite des « enfants yéménites », et émettra un mandat autorisant l’exhumation des restes de 17 tombes aux fins de tests génétiques.

Depuis les années 1950, plus de 1 000 familles – principalement des immigrants du Yémen, mais aussi des Balkans, d’Afrique du Nord et d’autres pays du Moyen-Orient – ont allégué que leurs enfants ont été systématiquement kidnappés dans des hôpitaux israéliens et placés en adoption, parfois à l’étranger.

Les députés ont récemment approuvé un projet de loi permettant aux familles des enfants portés disparus en 1948-1970, et plus tard déclarés morts par les autorités, de demander l’autorisation du tribunal pour ouvrir les tombes afin d’effectuer une authentification de l’ADN.

« La décision a été prise avec attention face à l’importance pour le public de découvrir la vérité concernant la mort et l’enterrement des enfants venus du Yémen, d’Orient et des Balkans, et dont les familles ont été informées de leur mort dans les années qui ont suivi la création d’Israël », a indiqué le bureau du procureur général dans un communiqué.

Nurit Koren, députée du Likud, pendant une conférence sur l’affaire des enfants yéménites à la Knesset, le 21 juin 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

« Il convient de noter que cette décision a été approuvée par le comité du grand rabbinat sur la dignité des morts, sous réserve de conditions permettant l’exhumation des enfants yéménites et la conduite de tests génétiques conformément à la Halakha », ajoute le communiqué, se référant aux restrictions de la loi juive visant à limiter les autopsies et à déplacer les restes des morts.

« Dans ces circonstances, le bureau du procureur a accepté qu’un mandat soit émis pour exhumer les corps et prélever des échantillons d’ADN afin d’effectuer des tests de maternité », a conclu le bureau du procureur.

En vertu de la loi initiée par la députée du Likud Nurit Koren, les proches ont dû fournir aux tribunaux des preuves étayant leurs doutes quant à l’enterrement de leurs proches dans les différents sites.

Immigrants yéménites dans un camp près d’Ein Shemer, en 1950. (Crédit : Pinn Hans/GPO)

Contesté par des universitaires et apparemment réfuté par trois commissions d’Etat qui ont examiné l’affaire et conclu que la plupart des enfants étaient morts, le cas des enfants disparus a refait surface, notamment parce que la plupart des familles n’avaient pas récupéré le corps de leurs enfants ni n’avaient été informé du lieu de l’enterrement.

En outre, les certificats de décès ont été truffés d’erreurs et la plupart des enfants disparus ont reçu des avis de convocation de l’armée, 18 ans après leur mort présumée. Il y a eu également des cas où des enfants adoptés ont pu confirmer, par des tests d’ADN, qu’ils étaient issus de familles yéménites à qui l’on a dit qu’ils étaient morts.

Exhumer les restes des enfants pour des tests génétiques ne serait pas sans précédent : en 1996, le ministre de la Santé de l’époque, Tzahi Hanegbi, a approuvé l’exhumation de 10 tombes à Petah Tikva dans le cadre de l’enquête sur l’affaire.

Le dernier regain d’intérêt pour l’affaire est survenu après que les archives de l’Etat ont déclassifié 400 000 documents sur l’affaire en décembre 2016.

Malgré les révélations, la longue controverse est loin d’être résolue, les familles ayant rejeté les conclusions des commissions d’enquête officielles successives de la Knesset, et les groupes de défense représentant les familles ont continué à intensifier les pressions pour de nouvelles enquêtes. Les informations sur les adoptions restent secrètes conformément aux lois d’adoption israéliennes en vigueur.

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