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Israël sème la « barbarie » : Macron sème (encore) la consternation dans la communauté juive

"Jamais dans l'Histoire une démocratie n'a accusé une autre démocratie de 'semer la barbarie'", s'est ému le Conseil représentatif des institutions juives de France

Le président français Emmanuel Macron s'adressant à la presse après un sommet de l'UE, à Bruxelles, le 17 octobre 2024. (Crédit : Ludovic Marin/AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adressant à la presse après un sommet de l'UE, à Bruxelles, le 17 octobre 2024. (Crédit : Ludovic Marin/AFP)

« Outrance et gâchis » : Le gouffre devient béant entre la communauté juive de France et le président Emmanuel Macron qui, après avoir appelé à stopper les ventes d’armes utilisées à Gaza, accuse cette fois Israël de « semer la barbarie ».

« On parle beaucoup de guerre de civilisation […] Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie », a-t-il lâché jeudi en référence au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui avait expliqué la veille au micro de Laurence Ferrari (CNews/Europe1) défendre la civilisation judéo-chrétienne dans les combats que mène l’armée israélienne contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza et contre le Hezbollah au Liban, en rappelant que la France avait elle-même fait face à ces attaques terroristes (Bataclan, Nice, ou encore Toulouse, entre autres).

Et qui a aussitôt provoqué de vives réactions dans la communauté juive, tout comme ses propos rapportés sur le rôle qu’aurait joué l’ONU dans la création de l’État d’Israël.

« Jamais dans l’Histoire une démocratie n’a accusé une autre démocratie de ‘semer la barbarie' », s’est ému le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), évoquant des propos « outranciers » ressentis « comme une blessure ».

Pour le président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) Yossef Murciano, « Macron nous replonge une nouvelle fois dans le désarroi ». « Le Hezbollah, comme le Hamas, est une menace existentielle pour Israël et sa dimension d’État refuge pour les Juifs du monde entier », poursuit-il.

« Montrer l’exemple »

Le Hamas a perpétré le pire massacre de Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale le 7 octobre 2023 en Israël, déclenchant une riposte israélienne sans précédent à Gaza, avec des destructions massives.

« Lorsqu’on se revendique de la civilisation comme le fait Netanyahu, il faut montrer l’exemple et il faut respecter le droit international », renchérit le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. « Ce n’est pas faire offense au peuple d’Israël et au peuple juif de rappeler constamment le gouvernement à ses obligations », assure-t-il.

Mais pour beaucoup, le mot « barbarie » est « extrêmement chargé » : il renvoie à « terrorisme et groupes jihadistes », pointe Marc Hecker, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).

« La communauté juive vit un malaise qui renvoie à celui vécu à l’époque du général de Gaulle lorsqu’il avait qualifié les Juifs de ‘peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur' », en réaction à la Guerre des Six Jours en 1967, et décidé d’un embargo sur les armes à Israël, commente encore le président du CRIF Yonathan Arfi. « Ça avait été un traumatisme pour les Juifs de France », rappelle-t-il à l’AFP.

L’incompréhension est d’autant plus forte que depuis 2017 le chef de l’État a « montré à maintes reprises sa proximité avec Israël et le peuple juif », précise Frédéric Haziza, chef du service politique de la station communautaire Radio J.

Et si tous les Juifs de France ne soutiennent pas le Premier ministre israélien », « il est un point qui fait l’unanimité, c’est l’existence d’Israël et son droit à se défendre », souligne-t-il.

« Ligne de crête »

Après un soutien à Israël au lendemain du pogrom du 7 octobre, Macron a rééquilibré la position française en direction du monde arabe tout en assurant être attaché de façon « indéfectible » à la sécurité d’Israël.

« C’est une ligne de crête compliquée, on voit que ça trouble beaucoup d’acteurs et les met en colère » l’un après l’autre, relève Marc Hacker. « Ce n’est pas une rupture avec la communauté juive, mais une crise », ajoute-t-il.

Selon le CRIF, les mots de Macron « légitiment » également le mouvement d’extrême-gauche radicale anti-Israël, La France Insoumise (LFI) qui avait refusé de qualifier le Hamas d’organisation « terroriste ».

À droite de l’échiquier, à l’inverse, le député Eric Ciotti a aussitôt dénoncé des « déclarations provocatrices » et « indignes » du chef de l’État français. « La barbarie, c’est l’islamisme qui menace notre civilisation judéo-chrétienne », a-t-il asséné.

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