La candidate « sioniste » du Labour soutient le droit au retour des Palestiniens
Lisa Nandy, qui a reçu le soutien du Mouvement travailleur juif après avoir dénoncé l'antisémitisme dans son parti, soutient une série de revendications pro-palestiniennes
Une candidate à la direction du Parti travailliste britannique se disant sioniste a signé la semaine dernière une série d’engagements pro-palestiniens, dont un reconnaissant le droit au retour des Palestiniens.
En réponse à une lettre de la Palestine Solidarity Campaign (PSC) appelant tous les candidats travaillistes à soutenir ses objectifs, Lisa Nandy a déclaré dans un tweet : « J’ai toujours soutenu et je continuerai à soutenir les droits des Palestiniens. C’est pourquoi je m’oppose au ‘plan’ de Trump, j’ai fait campagne contre les entreprises britanniques qui tirent profit des territoires palestiniens occupés et je soutiens tout embargo sur les ventes d’armes qui viole les droits humains. »
Si elle critique depuis longtemps les politiques du gouvernement israélien à l’égard des Palestiniens, elle s’est également prononcée contre l’antisémitisme au sein de son parti et a reçu la semaine dernière l’aval du Mouvement travailleur juif (Jewish Labour Movement, JLM), l’une des plus anciennes organisations affiliées au parti.
Mais les responsables du JLM se sont retournés contre elle après son tweet disant qu’elle était « heureuse de soutenir » les objectifs de la PSC.
Stephane Savary, un vice-président national du JLM, a accusé Lisa Nandy dans un tweet de « jouer sur les deux tableaux ».
I have and always will support Palestinian rights. That's why I oppose Trump's 'plan', have campaigned against British business profiting from the OPTs and support any embargo on arms deals which violates human rights.
I'm happy to back these @PSCupdates commitments https://t.co/igs3JMIIXX
— Lisa Nandy (@lisanandy) February 15, 2020
Les Amis d’Israël du Labour ont tweeté qu’un droit au retour des Palestiniens signifierait « la fin d’Israël en tant qu’État juif, ce qui est incompatible avec le soutien de deux États pour deux peuples ».
(Le « droit au retour » est l’un des principaux points de discorde dans le conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens affirment que plus de cinq millions de personnes – en fait des dizaines de milliers de réfugiés originaires de ce qui est aujourd’hui Israël, et leurs millions de descendants – ont un « droit au retour ». Israël rejette la demande, disant qu’elle représente une tentative des Palestiniens de détruire Israël par la démographie. La population d’Israël est de près de neuf millions d’habitants, dont les trois quarts sont Juifs. Un afflux de millions de personnes signifierait qu’Israël ne serait plus un État à majorité juive.)
La lettre signée par Lisa Nandy est intitulée « Trois engagements pour une politique palestinienne basée sur le droit international et les droits humains ».
Ses engagements déclarés comprenaient celui « de s’opposer à toute solution proposée pour les Palestiniens, y compris ‘l’accord’ [du président américain Donald] Trump, qui ne serait pas fondée sur le droit international et les résolutions de l’ONU reconnaissant leurs droits collectifs à l’autodétermination et au retour dans leurs foyers ».
L’engagement ne précise pas si le droit au retour serait vers un futur État palestinien ou vers Israël, bien que la question se réfère normalement à la récupération par les Palestiniens des terres abandonnées en Israël pendant la guerre d’indépendance de 1947 à 1949. Au début de ce mois, le candidat démocrate à la présidence américaine Andrew Yang a répondu « oui » à un questionnaire du New York Times à la question de savoir si les réfugiés palestiniens avaient droit de retour en Israël.
Mais le lendemain, il a fait marche arrière, en affirmant que la réponse à la question « a été faite par un membre du personnel qui, je pense, a mal compris la question ». « Je crois que les Palestiniens devraient avoir leur mot à dire sur leur avenir, mais je ne crois pas que tous les réfugiés et leurs descendants aient le droit de retourner en Israël ».
Lisa Nandy a reçu le soutien du Mouvement travailliste juif vendredi dernier, dans le cadre de la course à la direction du Parti travailliste, pour remplacer le leader sortant, Jeremy Corbyn, très controversé.
Le JLM n’a pas délégué de membres pour démarcher les candidats travaillistes avant les élections de décembre dernier, au cours desquelles Corbyn a conduit le Labour à une défaite écrasante, dans le cadre d’un conflit avec le parti sur sa gestion des accusations d’antisémitisme.
L’année dernière, le Jewish Chronicle, basé au Royaume-Uni, a rapporté que Lisa Nandy avait gagné la sympathie des membres du JLM au cours d’un discours passionné contre l’antisémitisme lorsqu’elle s’est décrite comme une sioniste.
« Je crois que le peuple juif a le droit à l’autodétermination nationale. Cela fait de moi une sioniste », aurait-elle déclaré.
La semaine dernière également, la secrétaire d’État des Affaires étrangères du cabinet travailliste fantôme Emily Thornberry a été éliminée de la course après n’avoir pas obtenu suffisamment de nominations dans les circonscriptions locales, laissant place aux trois candidats : Lisa Nandy, les secrétaires d’État à la Sortie de l’Union européenne, Keir Starmer, et aux Entreprises, à l’Énergie et à la Stratégie industrielle, Rebecca Long-Bailey, du cabinet fantôme.
Keir Starmer est actuellement considéré comme le grand favori de la course, qui se terminera le 4 avril par la désignation du nouveau dirigeant. Lisa Nandy et lui sont tous deux considérés comme des candidats centristes, tandis que Rebecca Long-Bailey fait partie du cercle restreint de Corbyn et est la candidate préférée de l’aile gauche du parti.
Keir Starmer est arrivé juste derrière Lisa Nandy dans le vote du JLM, remportant 45 % des voix contre 51 % pour sa concurrente. Emily Thornberry n’a remporté que 1,9 % des suffrages, et Rebecca Long-Bailey, 1,4 %.
Lors d’un débat télévisé jeudi, tous les candidats ont présenté leurs excuses aux membres juifs du parti pour la façon dont les travaillistes ont traité l’antisémitisme au sein du Labour et assuré qu’il fallait faire beaucoup plus pour s’attaquer à ce problème. Tous ont promis d’en faire une priorité absolue s’ils étaient élus.
Nandy a déclaré qu’elle avait « honte » du racisme au sein du parti, a qualifié cette affaire de menace « existentielle » et ajouté qu’elle avait envisagé à un moment donné de quitter son poste au sein du Parti travailliste pour cette raison. « Nous avons donné le feu vert aux antisémites », a déclaré Nandy. « Plus jamais je ne veux faire du porte-à-porte avec des membres du parti et être traitée de raciste. »
Nandy est également à la tête du groupe parlementaire les Amis de Palestine et du Moyen Orient du Labour, qui compte actuellement 91 des 202 députés du parti à la Chambre des communes. Ses deux rivaux en sont également membres.
Elle a accusé Israël de violer le droit international et les droits humains en Cisjordanie et à Gaza, et a qualifié la politique israélienne de « destruction délibérée des espoirs d’une génération ».