La délégation israélienne reprendra les discussions sur un accord jeudi – bureau du Premier ministre
Cette annonce a été faite alors que Netanyahu doit partir pour les États-Unis où il cherchera le soutien de Biden en vue d'un positionnement "dur" dans les négociations ; les manifestants ont bloqué la circulation près de l'aéroport
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé, dimanche, de ramener la délégation israélienne, cette semaine, à la table des négociations dans le cadre des discussions portant sur un accord otages contre cessez-le-feu à Gaza, a annoncé le Bureau du chef de gouvernement qui se prépare à partir pour les États-Unis.
Un communiqué émis par son Bureau a fait savoir que Netanyahu avait eu « des discussions en profondeur » sur les pourparlers avant son départ pour Washington en présence de ses négociateurs et de hauts-responsables de la sécurité.
Le site d’information Walla a cité un responsable israélien qui a noté que le lieu où se tiendraient les pourparlers n’était pas encore défini. Netanyahu, qui reviendra jeudi en Israël, veut d’abord s’assurer que Biden apportera sa bénédiction à un positionnement israélien « dur » sur la base de quatre conditions « non-négociables » que Netanyahu veut imposer.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a salué la décision prise par Netanyahu de revenir à la table des négociations après presque deux semaines.
« Il y a une fenêtre d’opportunité limitée concernant un accord de remise en liberté des otages », a écrit Gallant sur X, anciennement Twitter. « Même s’il y a encore des désaccords, l’establishment de la sécurité tout entier vous soutient dans votre mission qui vise à trouver un arrangement ».
Les discussions visant à garantir la mise en place d’un cessez-le-feu dans la bande et à obtenir la remise en liberté des otages ont fait naître un optimisme croissant, avec le secrétaire d’État Antony Blinken qui a dit, vendredi, que « nous sommes dans les derniers mètres » des pourparlers.
Eli Cohen, ministre de l’Énergie et membre du cabinet de sécurité, a déclaré dans un entretien accordé dimanche à la Douzième chaîne qu’un accord pourrait être signé dans les deux prochaines semaines.
Plusieurs centaines de manifestants anti-gouvernement se sont rassemblés dimanche aux abords de l’aéroport Ben Gurion pour demander à Netanyahu de rester en Israël et de signer un accord. Le Premier ministre devait prendre son vol pour Washington lundi matin. Pour leur part, les membres de la ligne dure de la coalition de Netanyahu ont menacé de renverser le gouvernement si l’accord devait être finalisé.
Netanyahu a été accusé d’avoir entravé les progrès réalisés en direction d’un arrangement avec le Hamas en imposant quatre conditions « non-négociables » qu’il a annoncées le 7 juillet – avec notamment une demande visant à conserver le contrôle du Corridor de Philadephi, qui sépare Gaza et l’Égypte.
L’officiel israélien qui s’est exprimé auprès de Walla a dit que pendant une rencontre de quatre heures, dimanche, Netanyahu avait donné pour instruction à la délégation israélienne de ne pas aller plus loin dans ses demandes et de respecter la proposition faite par Israël, le 27 mai, une proposition qui avait été personnellement endossée et présentée par Biden dans un discours prononcé en date du 31 mars. Toutefois, a indiqué le responsable, Netanyahu a paru plus réaliste sur la question de l’acceptation, par le Hamas, de ces conditions « non-négociables ».
La chaîne publique Kan a indiqué, dimanche, qu’Israël était en train de rédiger sa dernière réponse dans le cadre des pourparlers avant le départ de Netanyahu pour les États-Unis.
Netanyahu devait quitter Israël dimanche dans la soirée pour rencontrer Biden dans la journée de lundi. Le Premier ministre, dimanche, avait repoussé son vol de vingt-quatre heures après que Biden, qui est en train de se rétablir après avoir attrapé la COVID-19, a reporté son entretien avec le Premier ministre israélien – un entretien qui aura finalement lieu mardi.
Malgré ce report, les groupes d’opposants au gouvernement et certains proches des otages ont manifesté, comme ils l’avaient prévu, aux abords de l’aéroport Ben Gurion dans la journée de dimanche. La Treizième chaîne a indiqué que les organisateurs avaient dit avoir pensé que ce report avait été annoncé « pour induire en erreur les protestataires » et que les choses pouvaient encore changer. Des mouvements de protestation anti-Netanyahu seront également organisés aux États-Unis devant les lieux où il se trouvera, notamment lors du discours qu’il prononcera mercredi devant le Congrès.
« La majorité des citoyens savent que le Premier ministre prend ses décisions sur la base de ses intérêts personnels », a déclaré Shai Mozes, le neveu de l’otage Gadi Mozes, au quotidien Haaretz avant la manifestation. « Ils voient bien qu’il veut les laisser en captivité. Et nous le rappellerons à chaque fois que nous le pourrons : Il ne représente personne et nous n’accepterons pas cet abandon ».
Les partenaires de coalition d’extrême-droite du Premier ministre, avec à leur tête le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont menacé de renverser le gouvernement si Israël devait accepter un accord qui, disent-ils, serait « imprudent ».
Pendant le week-end, huit membres du propre parti du Likud de Netanyahu ont expliqué qu’ils refuseraient de soutenir la proposition actuelle. Dans un courrier adressé au Premier ministre, les députés ont indiqué que « tout accord incluant le retrait de nos forces de leurs positions actuelles, à Gaza, équivaudrait à une défaite totale ».
Ils ont plus précisément mis en garde contre le retrait du Corridor Philadelphi qui, selon Israël, est utilisé par le Hamas pour faire entrer des armes à Gaza. Amit Halevi, parlementaire élu sous l’étiquette du Likud, qui est l’un des signataires, a indiqué au Times of Israel, dimanche, qu’il ne fera pas « partie d’une coalition qui enlèvera nos soldats du Corridor de Philadelphi ».
Les trois autre conditions « non-négociables » sont qu’Israël puisse reprendre les combats jusqu’à ce que ses objectifs de guerre soient atteints ; que les Palestiniens armés soient interdits du nord de la bande et qu’Israël « optimise le rapatriement des otages vivants qui seront libérés de captivité » par le groupe terroriste.
Il resterait 120 otages à Gaza. 116 avaient été kidnappés le 7 octobre, quand des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient envahi le sud d’Israël et qu’ils s’étaient livrés à un pogrom. Les hommes armés avaient massacré près de 1200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
Les discussions, qui se déroulent sous l’égide des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar, n’ont pas permis de mettre en place une trêve et de garantir la remise en liberté des otages depuis un cessez-le-feu d’une semaine qui avait eu lieu à la fin du mois de novembre. A cette occasion, le Hamas avait libéré 105 otages en échange de 240 prisonniers incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale dans la bande de Gaza.
Les pourparlers actuels portent sur la proposition qui avait été soumise par l’État juif, le 27 mai. Ils s’étaient enlisés au mois de juin mais ils avaient repris au début du mois de juillet, le Hamas signalant son approbation des négociations.