La guerre contre le Hamas coûtera à Israël 27 Mds de NIS – banque Hapoalim
La guerre survient à un moment difficile pour l'économie ; Le FMI avertit que l'économie mondiale fait face à une nouvelle incertitude liée à la guerre entre Israël et le Hamas
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Selon les premières estimations de la banque Hapoalim, la guerre entre Israël et le groupe terroriste du Hamas lui coûtera au bas mot 27 milliards de shekels.
Ces chiffres prennent en compte le rappel des quelque 300 000 réservistes qui vont quitter temporairement leur emploi – la mobilisation la plus importante depuis la guerre de Kippour, en 1973, pour laquelle Israël avait appelé 400 000 réservistes -, la remise en état des infrastructures, logements et autres services de l’armée, le risque d’une guerre de longue durée ainsi que la charge pluriannuelle liée à la rééducation des soldats handicapés et au soin des proches des soldats morts au combat.
« À l’heure actuelle, il est très difficile de savoir quelle tournure va prendre cette guerre : y aura-t-il une campagne terrestre pour conquérir des parties de Gaza, ce qui prendrait des semaines ? Y aura-t-il une campagne dans le nord du pays ? Ou encore combien de temps les réservistes seront-ils mobilisés ? », a déclaré Modi Shafrir, stratège en chef de Bank Hapoalim. « À l’heure actuelle, on peut supposer (c’est une estimation très approximative) que les coûts de la guerre s’élèveront à au moins 1,5 % du PIB, ce qui signifie une augmentation du déficit budgétaire d’au moins 1,5 % du PIB dans l’année à venir. »
L’estimation de la Banque Hapoalim est en partie fondée sur le coût des précédentes guerres d’Israël. Les dépenses de la deuxième guerre du Liban, en 2006, d’une durée de 34 jours, ont été estimées à 9,4 milliards de shekels, soit 1,3 % du PIB, par l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS). Le coût de l’opération Plomb durci, de décembre 2008 à janvier 2009, a lui été estimé à 3,3 milliards de shekels.
Les guerres passées d’Israël, comme la deuxième guerre du Liban en 2006, ont paralysé une partie du pays en raison de tirs de roquettes, mais n’ont pas duré suffisamment longtemps pour mettre toute l’économie à l’arrêt. Une fois que les missiles se sont tus et que soldats et réservistes sont rentrés au bercail, l’économie d’après-guerre a rebondi et s’est rétablie assez rapidement.
L’expérience passée montre que l’impact de la guerre sur le PIB devrait essentiellement se faire sentir au niveau de la consommation privée et du tourisme, mais la très forte mobilisation des réservistes et l’estimation selon laquelle la guerre durera plusieurs semaines devraient causer des dommages plus directs à l’économie israélienne que les précédents conflits. », a ajouté Shafrir.
Depuis l’assaut surprise du Hamas, samedi, et la déclaration de l’état de guerre par Israël, les actions et obligations israéliennes ont chuté, et de nombreuses entreprises et écoles du pays sont restées fermées, tandis que les compagnies aériennes ont suspendu la plupart des vols à destination de Tel Aviv. La Banque centrale d’Israël a annoncé cette semaine son intention de vendre jusqu’à 30 milliards de dollars de devises étrangères afin de soutenir le shekel et d’empêcher son effondrement. Malgré cette annonce, le shekel a baissé de plus de 2 % ces deux derniers jours : il se négocie aujourd’hui autour de 3,95 shekels pour un dollar américain.
Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé que l’économie mondiale faisait face à de nouvelles incertitudes liées à la guerre entre Israël et les militants du Hamas, susceptibles d’avoir des retombées au Moyen-Orient, en particulier sur les prix du pétrole.
Le FMI a dit s’attendre à ce que la croissance économique mondiale ralentisse à 2,9 % en 2024, contre les 3% prévus cette année. Les prévisions pour 2024 sont en recul par rapport aux 3 % annoncés en juillet dernier et ce, alors même que le monde ne s’est pas encore pleinement remis de la récession de courte durée liée à la COVID-19, compliquée par la hausse des taux d’intérêt et l’invasion de l’Ukraine.
Il est « trop tôt » pour évaluer l’impact de la guerre entre Israël et le Hamas sur la croissance économique mondiale, a déclaré l’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d’une conférence de presse. Il a ajouté que le FMI « suivait la question de très près » et souligné que les prix du pétrole avaient augmenté d’environ 4 % ces tout derniers jours.
« Ce sont des choses que nous avons déjà remarquées à l’occasion de précédents conflits ou crises. Et bien sûr, cela reflète le risque de perturbations dans la production ou le transport du pétrole dans la région », a-t-il expliqué.
Dans la mesure où le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit aux Israéliens de se préparer à une guerre « longue et difficile », jusqu’à ce que les objectifs du gouvernement soient atteints, l’économie du pays, bien que toujours assez robuste, suit une tendance baissière.
Depuis le début de l’année, la controverse autour du projet de refonte judiciaire a entraîné une baisse des investissements dans le secteur de la haute technologie, principal moteur de croissance du pays, et un affaiblissement du taux de change du shekel. Les fortes hausses de taux d’intérêt, la hausse de l’inflation et les anticipations d’un ralentissement de l’économie mondiale pèsent également sur la croissance locale.
Avant le début de la guerre, la Banque centrale d’Israël estimait à 3 % la croissance en 2023 puis 2024, après avoir cru de plus de 6 % l’an dernier.
En août, le déficit budgétaire d’Israël s’est creusé à 1,3 % du PIB, soit 23,1 milliards de shekels, au cours des 12 mois précédents, alors que les recettes fiscales de l’État continuaient de diminuer et que les dépenses publiques augmentaient. Le déficit budgétaire a dépassé l’objectif de 1,1 % que s’était fixé le gouvernement cette année, le gouvernement ayant approuvé le versement de plusieurs milliards de shekels en réponse aux demandes de la coalition haredi.
Les dépenses publiques vont augmenter pour les besoins de la campagne militaire, ce qui pourrait avoir pour conséquence de procéder à des emprunts à un moment de taux d’intérêt élevés et d’augmenter les impôts, ce qui ne manquerait pas d’avoir des répercussions sur l’économie.