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La nouvelle synagogue en Patagonie fait beaucoup d’heureux

À peine les Juifs conservateurs de San Martín de Los Andes ont-ils inauguré la première synagogue de la ville que l’assistance a doublé

Les Juifs de San Martin de los Andes ont inauguré la toute première synagogue de leur ville. (Crédit : Gustavo Castaign / Courtesy Comunidad Hebrea San Martin de los Andes via la JTA)
Les Juifs de San Martin de los Andes ont inauguré la toute première synagogue de leur ville. (Crédit : Gustavo Castaign / Courtesy Comunidad Hebrea San Martin de los Andes via la JTA)

JTA — La Patagonie, célèbre région du sud de l’Argentine, est un refuge pour les routards israéliens et les citadins de Buenos Aires après l’avoir été, au 20e siècle, pour les criminels de guerre nazis.

Mais ce que ce territoire pittoresque n’avait pas vu depuis près de 40 ans, c’était la sortie de terre d’une nouvelle synagogue.

Ce n’est plus le cas depuis que la communauté juive de San Martín de los Andes a, cette année, inauguré la toute première synagogue de la ville.

Cette synagogue est en fait la deuxième de toute la Patagonie et de son million de kilomètres carrés, mais la première construite en Argentine depuis longtemps, hors réseau orthodoxe Habad-Loubavitch.

La communauté hébraïque de San Martín de los Andes est affiliée au mouvement conservateur du judaïsme qui, contrairement au mouvement Habad en plein boom, a plutôt tendance à se contracter à l’échelle mondiale. Ses fondateurs ont reçu le soutien du Séminaire rabbinique latino-américain d’Argentine, dont le siège se trouve à Buenos Aires, ainsi que de plusieurs synagogues des environs de la capitale.

Le premier événement accueilli par la nouvelle synagogue a été un seder de Pessah en avril et, le mois dernier, des offices à l’occasion des grandes fêtes.

De dimensions modestes – une centaine de mètres carrés -, la synagogue est située en centre-ville, à quelques minutes à pied de la gare routière et du lac Lacar.

À l’occasion de Rosh HaShana, 85 personnes se sont réunies pour un dîner festif, soit deux fois plus que les années précédentes, touristes argentins ou étrangers et membres de la communauté locale – forte de 150 membres – compris.

« C’était très émouvant, ce premier Kippour dans notre propre synagogue, dans notre ville, avec les enfants », confie Eduardo Labaton, président de cet embryon de communauté juive, à la Jewish Telegraphic Agency. « Les premiers offices à la synagogue resteront dans toutes les mémoires. »

Labaton, qui a quitté Buenos Aires il y a 20 ans pour s’installer ici, est celui qui a eu l’idée de la synagogue.

« [Avant la synagogue], nous nous réunissions chez les uns ou les autres », se souvient-il. « Mais nous ne pouvions jamais être très nombreux. »

Il y a trois ans, Labaton, qui travaille dans l’immobilier et le commerce de détail, a acheté un terrain près du lac avec un espace pour construire quelque chose pour la communauté. Claudio Ploit, alors vice-président de la communauté, propose d’aller plus loin et de se procurer une Torah. D’un coup, ils parlent de construire une synagogue à part entière.

Claudio Ploit propose d’aller plus loin et d’obtenir une Torah pour la communauté, qu’il se procure auprès de la communauté juive de Weitzman et des rabbins de la communauté Lamroth Hakol, tous deux à Buenos Aires. (Crédit : Gustavo Castaign / Avec l’aimable autorisation de la Comunidad Hebrea San Martin de los Andes via la JTA)

Ploit, personnalité bien connue de la communauté de Buenos Aires qui a une entreprise touristique en Patagonie et se partage entre la capitale et San Martín de los Andes, joue un rôle déterminant dans la levée de fonds pour le projet patagonien. En plus du financement du Seminario, il parvient à se procurer une Torah auprès de la communauté juive Weitzman et des rabbins de la communauté Lamroth Hakol, tous deux situés à Buenos Aires.

« J’ai lu de nombreux textes sur l’importance que revêt la création d’une synagogue, mais en faire l’expérience est autrement émouvant », confie à la JTA le rabbin Deborah Rosenberg, directrice de l’éducation à Lamroth Hakol de Buenos Aires, qui travaille avec la communauté de San Martín de los Andes.

« Ce tout premier Shabbat dans une nouvelle synagogue a été très émouvant. »

Avant l’inauguration de San Martín de los Andes, l’unique institution juive de toute la Patagonie était une maison Habad à Bariloche, autre destination touristique courue, située à trois heures de route au sud, qui accueille régulièrement des centaines de routards israéliens pour Pessah.

Le criminel de guerre nazi Erich Priebke a dirigé l’école allemande de Bariloche pendant de nombreuses années avant d’être arrêté en 1994 et de devenir le symbole de la facilité avec laquelle l’Argentine avait accueilli les anciens nazis.

L’Argentine compte la sixième plus importante population juive du monde, estimée à 180 000 personnes selon un rapport de 2019. La plupart des Juifs vivent dans les environs de Buenos Aires, et l’on ignore le nombre exact de Juifs vivant en Patagonie. Ce qui est clair, c’est qu’il y en a plus que ce que Labaton et Ploit pensaient et qu’il y en a toujours de passage.

La Patagonie est une destination prisée des voyageurs, en particulier des amoureux de la nature et des athlètes désireux de pratiquer le ski d’été.

L’effondrement du peso argentin est problématique à bien des égards, mais il profite à la Patagonie, car il rend l’Argentine plus abordable aux touristes étrangers. En outre, pour bien des Argentins, la Patagonie est la seule destination financièrement envisageable.

L’an dernier, le taux d’occupation moyen des hôtels en Patagonie a été de 97 % et l’on sait que certains de ces visiteurs se sont rendus à la nouvelle synagogue.

Touristes dans une rue commerçante de San Martin de los Andes, en Argentine. (Crédit : Arterra / Universal Images Group via Getty Images / via la JTA)

« J’ai parlé avec une Américaine, une touriste très émue à l’idée de pouvoir bénéficier d’un office religieux lors de ses vacances en Patagonie, et aussi avec des sportifs venus pour la randonnée et la course à pied, qui se sont joints à nous pour les cérémonies », confie Rosenberg à propos de l’inauguration.

Quelque 70 personnes étaient présentes à la cérémonie, venues des principales institutions juives de Buenos Aires. La communauté a également accueilli une quinzaine de Juifs des environs qu’elle ne connaissait pas encore, dont ce voisin venu de Zapala, à 240 km au nord, ou cet homme venu faire cadeau d’un tallit – le châle de prière juif – à la synagogue.

Mario Jakszyn, membre de la communauté qui a contribué à l’organisation de l’événement, assure que rien ne laissait présager une telle affluence.

« Nous avions installé quelques chaises seulement, pour éviter de donner l’image d’une synagogue vide, au cas où peu de personnes viendraient, mais rapidement, nous avons dû ajouter des chaises, encore et encore », explique Jakzyn.

Avec Tamar Schnaider, un autre membre de la communauté, ils se sont portés volontaires pour diriger les offices de Shabbat tous les vendredis. Les touristes sont toujours là, dit-il. Et comme le groupe partage ensuite le dîner de Shabbat, les réjouissances se terminent rarement avant minuit.

La communauté espère à l’avenir pouvoir avoir son propre rabbin, mais en attendant, elle se coordonne avec Lamroth Hakol pour organiser des offices réguliers.

Ploit, triathlète membre de l’équipe argentine aux Maccabiades de cet été en Israël, veut faire de la nouvelle synagogue un lieu de passage obligé des athlètes juifs qui viennent en Patagonie. Il pense à un dîner de Shabbat autour des athlètes locaux et est en pourparlers avec la fédération argentine des Maccabiades pour créer une école de ski et peut-être même le premier événement de sports d’hiver des Maccabiades en Argentine.

Cette semaine, l’Argentine accueille le Gran Fondo Siete Lagos, compétition cycliste internationale à travers les montagnes, forêts et lacs de Patagonie. La course de cette année prend le départ à San Martín de los Andes, et Ploit a organisé un repas de Shabbat à la synagogue la veille du début de la course. 80 personnes sont déjà inscrites.

« Nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin », a-t-il déclaré à propos de sa communauté.

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