L’accord sur le nucléaire retardé par le « lobby sioniste », dit un diplomate iranien
Le diplomate a déclaré à Davos que la levée des sanctions était le principal point d’achoppement et a accusé Israël de peser sur la politique américaine pour bloquer l’accord
Le ministre des Affaires étrangères iranien a déclaré jeudi que le maintien, par les États-Unis, du Corps des gardiens de la révolution islamique sur la liste des groupes terroristes ne retardait pas autant les négociations nucléaires que les désaccords sur la levée des sanctions financières.
S’exprimant sur scène au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, Hossein Amir-Abdollahian a également accusé le président américain, Joe Biden, de perpétuer la politique intransigeante de son prédécesseur, affirmant qu’Israël et ses partisans prenaient la politique étrangère américaine « en otage ».
« Le plus important est que les sanctions économiques soient levées de manière efficace », a déclaré Amir-Abdollahian à Fareed Zakaria de CNN. « La chose la plus importante est que la politique de pression maximale de l’ère Trump – les facteurs, les éléments – disparaisse. »
Ces propos ont été tenus quelques jours après que le Premier ministre, Naftali Bennett, a déclaré que Biden l’avait informé que les États-Unis ne retireraient pas le Corps des gardiens de la révolution islamique de la liste américaine des organisations terroristes étrangères. Les demandes iraniennes de radiation du CGRI de la liste ont été un point d’achoppement clé dans les pourparlers, mais mercredi, le spécialiste américain de l’Iran, Rob Malley, a déclaré que le refus de l’Iran de faire des concessions en nature avait rendu le retrait impossible.
« Ce qui a provoqué la cessation des pourparlers, c’est [la question des] garanties économiques », a déclaré Amir-Abdollahian. « Nous ne sommes pas arrivés au point où nous pouvons faire confiance à la partie américaine. Nous ne voyons pas de changement par rapport à l’approche de Trump. »
L’administration Biden tente de rétablir le Plan d’action global conjoint de 2015, dont l’ancien président américain Donald Trump s’est retiré en 2018, mettant en œuvre une campagne de sanctions dite de « pression maximale », saluée par Israël.
Téhéran avait réagi en violant progressivement les termes de l’accord, qui lui offrait un allègement des sanctions en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Les pourparlers sont au point mort depuis avril. Malley a déclaré mercredi que les chances d’un accord étaient « ténues ».
Amir-Abdollahian a affirmé que les pourparlers avaient été retardés parce que « le régime sioniste » et le « lobby sioniste » contrôlaient les décisions de politique étrangère des États-Unis, trope antisémite bien connu.
« Si la partie américaine décide d’agir de manière réaliste, alors l’accord sera à portée de main, mais c’est quelque chose que les sionistes ne veulent pas », a-t-il déclaré.
« Nous disposons de renseignements selon lesquels le régime sioniste tient la politique étrangère et les intérêts des États-Unis en otage », a ajouté le diplomate. « Je pense que si le lobby sioniste se distancie des intérêts nationaux des États-Unis, juste un peu, M. Biden sera en mesure de prendre la décision nécessaire pour parvenir à un bon accord. »
Israël et les États-Unis affirment que le CGRI, étroitement aligné sur le guide suprême de l’Iran, est un groupe terroriste auteur de nombreux attentats, contre des Israéliens, et plus largement dans le monde.
Bennett l’a qualifié cette semaine de « plus grande organisation terroriste au monde, impliquée dans la planification et l’exécution d’attentats terroristes meurtriers qui déstabilisent le Moyen-Orient ».
Israël avait lancé une campagne publique contre la radiation du CGRI de la liste des organisations terroristes, répétant que cela reviendrait à récompenser un groupe responsable de la mort de milliers de citoyens américains.
Les partisans de la radiation considèrent que la concession vaut la peine, pour assurer la relance du JCPOA, dans la mesure où il s’agit en grande partie de sanctions symboliques et que les sanctions économiques contre le CGRI demeureraient.
Un responsable anonyme du milieu du renseignement a déclaré mercredi au New York Times que des responsables israéliens avaient transmis des informations sur l’exécution d’un haut responsable du CGRI, dimanche. Les autorités israéliennes sont furieuses de la fuite, imputée aux États-Unis.