Le cabinet approuve la réouverture de Kerem Shalom pour acheminer l’aide vers Gaza
Cette décision fait suite à l'intensification des pressions exercées par l'administration Biden et survient quelques heures après la visite de Jake Sullivan
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre, le cabinet a voté en faveur de la réouverture du point de passage israélien de Kerem Shalom pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, a annoncé aujourd’hui le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Cette décision fait suite à l’intensification des pressions exercées par l’administration Biden et survient quelques heures après les dernières réunions du conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, en visite en Israël.
Le bureau de Netanyahu a révélé pour la première fois que, dans le cadre de la trêve qui a permis la libération de 105 otages le mois dernier, Israël s’était engagé à faciliter l’entrée de 200 camions d’aide humanitaire par jour dans la bande de Gaza.
Le point de passage égyptien de Rafah, qui était jusqu’à présent le seul par où l’aide pouvait entrer, n’a pu traiter que 100 camions par jour, même après l’ajout du point de passage de Kerem Shalom pour les inspections en début de semaine, en plus du point de passage de Nitzana, a déclaré le bureau de Netanyahu.
Cette situation a entraîné d’importants engorgements dans l’acheminement de l’aide.
« Pour se conformer à l’accord, le cabinet a temporairement approuvé aujourd’hui le déchargement des camions sur la rive gazaouie du point de passage de Kerem Shalom », a indiqué Israël dans un communiqué, utilisant le langage le plus vague possible, pour signaler qu’il avait rouvert Kerem Shalom à l’entrée de l’aide.
La décision du cabinet ne s’applique qu’à l’aide en provenance d’Égypte et non à celle des Nations unies, selon un responsable israélien.
Le bureau de Netanyahu révèle également que « les États-Unis se sont engagés à financer la modernisation du point de passage de Rafah le plus rapidement possible » afin que le point d’accès égyptien soit suffisamment renforcé et devienne à terme le seul point de passage à partir duquel l’aide pourra entrer dans la bande de Gaza, rendant ainsi inutile l’utilisation de points de passage israéliens.
La décision du cabinet est la dernière volte-face du gouvernement de Netanyahu en matière d’aide humanitaire depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre.
Netanyahu s’était initialement engagé à n’autoriser aucune aide dans la bande de Gaza, imposant ainsi un siège à l’enclave dirigée par le Hamas.
Deux semaines plus tard, Israël a toutefois commencé à autoriser l’entrée de camions d’aide dans la bande de Gaza par le point de passage égyptien de Rafah. Il a maintenu fermé son propre point de passage de marchandises de Kerem Shalom, affirmant qu’il ne faciliterait pas directement l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza tant que des otages s’y trouveraient.
Jérusalem a déclaré que cette mesure s’inscrivait dans le cadre d’une politique plus large visant à se déconnecter de l’enclave.
Un peu plus d’un mois après le début de la guerre, Israël a approuvé l’entrée de camions-citernes de carburant dans la bande de Gaza pour la première fois, alors que Netanyahu avait initialement déclaré que « pas une goutte » ne serait autorisée à entrer car le Hamas la détournerait.
Le volume de l’aide reste toutefois bien inférieur aux 500 camions quotidiens qui entraient dans la bande de Gaza avant la guerre, ce qui, selon les Nations unies, n’était déjà pas suffisant compte tenu de la crise humanitaire sans précèdent qui frappe la bande de Gaza.
Jusqu’au cessez-le-feu de sept jours à la fin du mois de novembre, une cinquantaine de camions par jour en moyenne entraient dans la bande de Gaza. Grâce à cette trêve temporaire, le nombre de camions avait considérablement augmenté, passant à 200 par jour.
Depuis, ce chiffre est retombé à environ 100 camions par jour.
« Avant de quitter Israël, j’ai été informé par mon homologue, le chef du Conseil de sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, que le gouvernement israélien avait pris la décision d’ouvrir son poste frontière à Kerem Shalom pour la livraison directe de l’aide humanitaire aux civils palestiniens à Gaza. Nous saluons cette étape importante », a déclaré Sullivan après avoir conclu deux jours de réunions en Israël et à Ramallah.
« Le président Biden a soulevé cette question lors de récents appels téléphoniques avec le Premier ministre Netanyahu, et c’était un sujet de discussion important lors de ma visite en Israël au cours des deux derniers jours », a déclaré Sullivan dans un communiqué.
« Les États-Unis restent déterminés à étendre et à maintenir le flux d’aide humanitaire vers Gaza. »
« Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec l’Égypte et d’autres partenaires sur l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire via le point de passage de Rafah, et nous espérons que cette nouvelle ouverture réduira les embouteillages et contribuera à faciliter l’acheminement d’une aide vitale à ceux qui en ont besoin de toute urgence à Gaza », a-t-il conclu.