Le chef de l’État comorien et actuel président de l’Union africaine tient des propos antisémites
"Nous devons vivre avec les catholiques mais aussi avec les maudits juifs, que la colère de Dieu s’abatte sur eux", a déclaré Azali Assoumani
Le 18 août dernier, Azali Assoumani, président de l’union des Comores, petit archipel francophone indépendant de trois îles à proximité de Mayotte, dans l’Océan indien, assistait à l’inauguration d’une mosquée sur l’île d’Anjouan.
Alors qu’il louait les mérites du vivre-ensemble face à une assemblée de fidèles musulmans lors de la traditionnelle prière du vendredi, il a exprimé de vifs propos antisémites, a rapporté la chaîne Mayotte La Première, du groupe France Télévisions.
« Musulmans et chrétiens doivent cohabiter », a-t-il dit. « Nous devons vivre avec les catholiques mais aussi avec les maudits juifs, que la colère de Dieu s’abatte sur eux. Les juifs sont les maitres du monde. Ils ne sont pas comme nous. Eux (les juifs) se tiennent tapis dans l’ombre et se révèlent au moment opportun ».
La vidéo d’où est extraite cette déclaration a été publiée sur la page officielle Facebook du gouvernorat d’Anjouan.
« Dans la langue comorienne, le terme yahudi (juif, NDLR) renvoie à quelqu’un de foncièrement mauvais », a exprimé un « observateur anonyme » auprès de Mayotte La Première. « C’est quelque chose de communément admis qui n’a jamais été remis en question ni par les politiques ni par les religieux. Il est pourtant urgent que le débat soit posé et ces termes bannis. Un chef de l’État devrait pouvoir se retenir. Mais force est de constater que ce qu’il a dit n’a heurté qu’un petit nombre de gens avertis. »
Seul Yhoulam Athoumani, président des Nouveaux Démocrates, un opposant, semble avoir publiquement condamné ces propos dans le pays.
« Les propos tenus par le président Azali sur les juifs sont antisémites, impardonnables et inhumains. La communauté internationale et l’Union africaine doivent condamner ces propos fermement », a-t-il écrit sur Facebook. Il a ajouté que ces propos étaient d’autant plus graves qu’Azali Assoumani était également le président en exercice de l’Union africaine depuis février dernier pour un mandat d’un an. « L’un des objectifs de l’organisation panafricaine est de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent et les propos tenus par le président Azali sont loin d’aller dans ce sens », a-t-il dénoncé.
« Ce n’est pas de l’antisémitisme comme on l’entend et le voit en Europe », a expliqué le théologien franco-comorien Mohamed Bajrafil, délégué permanent des Comores auprès de l’Unesco. « C’est bien toute autre chose. Ce sont des maladresses mélangées à de l’immobilisme religieux, qui se contente de répéter sans rien contextualiser. Ce n’est pas que le Comorien est antisémite. Il n’a pas été capable de s’en prendre à Bob Denard (mercenaire français ayant sévi en Afrique, et notamment aux Comores, NDLR) qui lui a fait vivre les pires misères qui soient, comment pourrait-il s’en prendre à un juif, parce que juif ? La déclaration du chef de l’État est la même que celle des prédicateurs qui partout dans nos mosquées prient contre les païens, qui ne leur ont pourtant rien fait », a-t-il ajouté.
Azali Assoumani a accédé au pouvoir aux Comores et est devenu chef de l’État à l’issue d’un coup d’État le 30 avril 1999, avant d’être élu président de l’union des Comores en 2002, 2016 et 2019.