Israël en guerre - Jour 532

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Funérailles du colonel druze de l’armée israélienne Ehsan Daqsa, le « leader naturel » tué à Gaza

"Qu'attendez-vous d'autre de nous, cher pays ?" a interrogé le chef religieux druze, déplorant la discrimination persistante à l'encontre de la communauté, malgré le prix du sang payé par ses soldats

Les chefs religieux druzes observent les funérailles du colonel Ehsan Daqsa à Daliyat al-Karmel, dans le nord d'Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)
Les chefs religieux druzes observent les funérailles du colonel Ehsan Daqsa à Daliyat al-Karmel, dans le nord d'Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Des milliers de personnes ont assisté lundi aux funérailles du colonel Ehsan Daqsa, âgé de 41 ans, qui était le commandant de la 401e brigade blindée de l’armée israélienne – un afflux massif de citoyens en deuil qui a paralysé sa ville natale de Daliyat al-Karmel, située dans le nord d’Israël.

C’est une foule – dans laquelle figuraient des dignitaires religieux druzes et des soldats en uniforme de différents rangs – qui a envahi le centre communautaire de la ville, où les hommes et les femmes se sont rassemblés séparément, conformément à la tradition druze.

Daqsa avait été tué dimanche dans le nord de la bande de Gaza, dans le cadre de l’offensive en cours contre le Hamas.

Une enquête militaire sur sa mort a révélé que l’officier supérieur se trouvait à l’extérieur de son char avec d’autres officiers lorsqu’ils ont été touchés par un engin explosif.

Selon les investigations, Daqsa, qui était commandant du 52e bataillon de la brigade, et deux autres officiers étaient sortis de leurs chars à Jabaliya . Ils avaient avancé sur plusieurs mètres pour rejoindre un poste d’observation.

Le site avait été piégé avec des explosifs, qui avaient tué Daqsa sur le coup, grièvement blessé le commandant du 52ème bataillon, touchant également les deux autres officiers qui sont actuellement dans un état léger et modéré.

Daqsa, qui n’avait pris le commandement de la 401e brigade qu’il y a quatre mois, est l’un des officiers les plus gradés à avoir été tué dans les combats à Gaza. Il est le treizième membre de la communauté druze à être tombé au champ d’honneur dans le cadre de cette guerre.

Le colonel Ehsan Daqsa, chef de la 401e brigade blindée, est vu dans une photo non datée dans la bande de Gaza, publiée le 20 octobre 2024. (Armée israélienne)

Il laisse derrière lui son épouse, Huda, ainsi que trois enfants : Omri, 14 ans, Rif, 9 ans, et Yasmin, 4 ans.

Après la prière, les intervenants se sont succédés pour rendre hommage à Daqsa – un leader né qui alliait confiance en soi, sérénité, détermination et solidité à beaucoup de sensibilité et d’humilité. L’homme, qui s’appuyait sur des principes moraux rigoureux, s’inquiétait toujours pour ses soldats, ont dit ses proches et les représentants de Tsahal et du gouvernement.

Rif Daqsa, le fils de neuf ans du colonel Ehsan Daqsa, lors des funérailles de ce dernier à Daliyat al-Karmel, dans le nord d’Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Le chef d’état-major adjoint Amir Baram a déclaré qu’il était « le commandant le plus israélien que j’ai rencontré, c’était un homme qui savait expliquer pourquoi il se battait ».

Daqsa, qui avait tenté, dans le passé, de quitter l’armée israélienne mais qui en avait finalement été dissuadé, prenant la décision d’y rester et de progresser dans ses rangs, savait écouter les autres tout en défendant ses opinions et en faisant preuve d’originalité tant dans sa pensée que dans ses actions, a poursuivi Baram.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant lors des funérailles du colonel Ehsan Daqsa à Daliyat al-Karmel, dans le nord d’Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a décrit Ehsan Daqsa comme un commandant « de premier plan » au sein de l’armée, parlant d’un commandant « excellent » qui s’était d’ores et déjà distingué au début de sa carrière.

Il a évoqué la citation qui avait été remise au défunt par le chef du Commandement du nord lorsque ce dernier avait pris son char d’assaut pour aller sauver des parachutistes blessés, qui se trouvaient sous le feu de l’ennemi, lors de la bataille d’Ayta ash-Shab en 2006, au cours de la Deuxième guerre du Liban. Il a également rappelé que Daqsa, en congé ce jour-là, s’était rendu dans le sud d’Israël et qu’il avait rassemblé des troupes le 7 octobre, l’année dernière, pour aider à combattre certains des milliers d’hommes armés du Hamas qui avaient envahi le pays pour y commettre un pogrom.

Le général Gallant a déclaré avoir rencontré Daqsa – un « leader naturel », a-t-il précisé – pour la dernière fois lors d’une visite sur le terrain. Le ministre était alors venu faire le point sur le démantèlement du bataillon de Rafah du Hamas, dans le sud de la bande de Gaza. Impressionné par le commandant, il était retourné au siège du ministère de la Défense à Tel Aviv, où il avait rencontré le chef d’état-major et d’autres hauts-responsables de l’armée. Il avait découvert, en discutant, qu’eux aussi tenaient Daqsa en très haute estime.

Sami Daqsa embrasse le cercueil de son fils, feu le colonel Ehsan Daqsa, lors des funérailles de ce dernier à Daliyat al-Karmel, dans le nord d’Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Plus de 880 membres des services de sécurité israéliens sont morts au combat depuis le 7 octobre 2023 – date à laquelle les terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant la bande de Gaza et l’État juif et qu’ils avaient commis un pogrom dans le sud du pays. Ils avaient massacré plus de 1200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage au sein de l’enclave côtière.

Parmi les intervenants qui se sont exprimés lors des obsèques, le chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, Amir Baram ; l’officier en chef des unités de blindés, le général de brigade Ohad Maor ; le cheikh Muafak Tarif, chef de la communauté druze israélienne ; le maire de Daliat el Karmel, Rafik Halabi, ainsi que des membres de la famille de Daqsa.

Tarif et Halabi ont évoqué ce qu’ils ont qualifié « d’échec permanent » de la part des gouvernements israéliens successifs à reconnaître les Druzes comme des citoyens à part entière, en pleine égalité avec les Juifs, malgré le prix du sang que la communauté est prête à payer pour défendre le pays.

Des camarades du colonel Ehsan Daqsa portent son cercueil à Daliyat al-Karmel, dans le nord d’Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

En dépit de l’accueil chaleureux qui est réservé aux Druzes au sein d’une grande partie du public israélien, la communauté a essuyé des coups de la part de l’establishment politique – en particulier sous les gouvernements de droite qui ont dirigé le pays, ces dernières années.

En 2017, la Knesset avait adopté un amendement à la loi sur l’urbanisme (connue sous le nom de loi « Kamenitz », du nom d’un responsable du ministère de la Justice) qui visait à donner un coup d’accélérateur aux mesures prises contre les constructions illégales, sans qu’il soit nécessaire pour cela de passer par les tribunaux. Nombreux sont ceux qui reconnaissent que cet amendement visait en particulier la population arabe – pour laquelle il est pratiquement impossible d’obtenir des permis de construire, ce qui pousse les citoyens arabes d’Israël à construire leurs habitations illégalement.

La loi de 2018 sur l’État-nation, qui proclamait que le pays était l’État-nation du peuple juif, est toujours considérée par les communautés minoritaires du pays et par de nombreux Israéliens juifs comme une volonté d’exclure les autres communautés du territoire et comme une insulte à leur encontre.

Des femmes observent les funérailles du colonel Ehsan Daqsa depuis un balcon à Daliyat al-Karmel, dans le nord d’Israël, le 21 octobre 2024. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

« Qu’attendez-vous d’autre de nous, cher pays ? », a ainsi interrogé demandé cheikh Tarif.

L’un des nombreux membres de la famille resté en contact avec Daqsa via un groupe Whatsapp a raconté qu’il avait lui-même plaisanté en disant que la récolte des olives actuellement en cours était pire que les combats à Jabaliya, à Gaza. Il a ajouté : « Il [Daqsa] m’a répondu qu’il valait mieux récolter des olives parce que la guerre était terrible ».

Le colonel Ehsan Daqsa, à droite, le nouveau chef de la 401e brigade blindée, en compagnie du chef du Commandement du sud, le général de division Yaron Finkelman, à Rafah, le 26 juin 2024. (Crédit : Tsahal)

S’adressant au commandant défunt, l’un des frères de Daqsa a déclaré que sa veuve, Huda, « a ressenti quelque chose de lourd lorsque tu es parti. Lorsque tu n’as pas répondu au téléphone, comme tu le faisais toujours, elle a su que le pire était arrivé ».

Daqsa a été enterré dans le cimetière militaire druze d’Isfiya, à côté de Daliat el-Karmel.

Les hommages avaient été nombreux lorsque la nouvelle de la mort du commandant druze avait été rendue publique, balayant toute la sphère politique.

Daqsa était l’un des officiers les plus gradés à avoir été tué dans les combats à Gaza. Au total, six colonels de Tsahal sont morts au champ d’honneur, dont quatre lors du pogrom du 7 octobre.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait adressé ses condoléances à la famille du colonel Daqsa.

« Ehsan était un héros d’Israël, un guerrier et un commandant. Un modèle pour l’alliance de vie avec la communauté druze », avait-il déclaré dans un communiqué, rendant également hommage aux autres soldats de Tsahal morts en combattant le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban au cours de la semaine dernière.

« Que nos morts soient […] toujours gravés dans nos cœurs », avait-il ajouté.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant avait fait l’éloge du colonel Daqsa, comme « un commandant audacieux, un officier courageux et un homme qui a contribué par son énergie à la sécurité de l’État ».

« J’ai rencontré Ehsan alors qu’il dirigeait ses soldats dans leur mission de démantèlement de la Brigade Rafah du Hamas – dans cette mission aussi, il a fait preuve de créativité et d’agressivité, c’est ainsi qu’il a agi dans tous ses rôles, c’est ainsi qu’il est malheureusement tombé au combat », avait déclaré le ministre de la Défense dans un communiqué.

Des véhicules militaires israéliens et des chars près de la frontière de Gaza, alors qu’ils se préparent à entrer dans la bande pour y mener une opération militaire, 6 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/ Flash90)

L’ancien ministre du cabinet de guerre Benny Gantz avait également fait une déclaration après l’annonce de la mort du commandant de la 401e brigade du Corps Blindé Mécanisé, écrivant sur le réseau social X : « Ehsan est un rappel du sacrifice de la société druze dans son ensemble, toujours, et particulièrement dans cette guerre difficile. »

« Alors que nous poursuivons la bataille, nous devons nous assurer que l’ensemble de la société druze se sente égale et fasse partie de notre peuple », avait-il noté.

« Avec tout Israël », avait écrit le président Isaac Herzog sur X, « j’ai reçu avec tristesse et douleur l’amère nouvelle de la mort du commandant de la 401e brigade, le regretté colonel Ehsan Daqsa, qui est tombé aujourd’hui au combat à Jabaliya ».

« Ehsan était un héros d’Israël, un guerrier courageux, humble et éthique, et sa chute est une perte pour Israël et pour la société israélienne dans son ensemble », avait poursuivi Herzog.

« Je le salue et j’embrasse sa famille, la communauté de Daliyat al-Carmel, et nos sœurs et frères de la communauté druze qui ont perdu de nombreux fils précieux depuis le début des combats, avec dévouement, sens de la mission et du destin commun », avait précisé le président.

Le maire de Daliyat al-Karmel, Rafik Halabi, avait fait savoir que sa ville druze était « en deuil ».

« Avec tristesse, douleur et beaucoup de chagrin, Daliyat al-Karmel, Tsahal, la communauté druze et l’État d’Israël disent au revoir à l’un de leurs héros », a écrit Halabi sur X.

« Un héros, courageux et humble, qui s’est fait un nom dans le monde entier, » avait-il continué.

« Un héros, un combattant courageux et humble qui est devenu une légende, qui s’est battu depuis le début de la guerre. »

Tsahal a nommé le colonel Meïr Biderman, chef adjoint de la 162e division, commandant par intérim de la 401e brigade.

Le colonel Benny Aharon, autre ancien commandant de la 401e brigade, prendra la place de Biderman.

Le lieutenant-colonel Daniel Ella, ancien commandant du 52e bataillon qui a été modérément blessé lors des combats à Gaza en juillet, sera à nouveau le commandant par intérim du bataillon.

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