Israël en guerre - Jour 568

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Le Conseil des ministres approuve la légalisation de 9 avant-postes illégaux

La décision permettra la construction de 10 000 nouveaux logements dans des avant-postes illégaux construits sans permis et pour certains, sur des terrains privés palestiniens

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L'avant-poste de Sde Boaz, en Cisjordanie, le 11 octobre 2022. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)
L'avant-poste de Sde Boaz, en Cisjordanie, le 11 octobre 2022. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)

Le Conseil des ministres a approuvé dimanche la légalisation de neuf avant-postes illégaux en Cisjordanie, suite aux récents attentats terroristes palestiniens qui ont endeuillé Jérusalem-Est.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé la décision dans un communiqué donnant la liste des avant-postes illégaux concernés, à savoir Avigayil, Beit Hogla, Givat Harel, Givat Arnon, Mitzpe Yehuda, Malachei Hashalom, Asahel, Sde Boaz et Shacharit.

Afin de légaliser ces avant-postes illégaux, le gouvernement devra prouver qu’ils ont été établis sur ce qu’Israël considère comme des terres qui lui appartiennent.

Cela sera probablement difficile, compte tenu du fait que beaucoup, Sde Boaz et Givat Harel au premier chef dans leur ensemble, ont été construits sur des terrains privés palestiniens.

La Cour suprême de justice est susceptible de s’opposer à de telles légalisations et le processus prendra vraisemblablement des mois, voire des années.

Toutefois, le gouvernement radical travaille à une série de projets de loi contestés qui auraient pour effet de considérablement obérer la capacité du pouvoir judiciaire d’invalider les décisions du Conseil des ministres.

C’est en partie la raison pour laquelle les dirigeants des implantations comptent parmi les plus ardents défenseurs du projet de réforme du système judiciaire, – mis à part certains résidents d’Efrat où une petite manifestation a eu lieu samedi soir.

L’un des avant-postes, Givat Arnon, est situé sur un terrain désigné comme zone de tir par l’armée, dans le nord de la Cisjordanie, illustrant l’inégalité de traitement entre constructions israéliennes et palestiniennes non autorisées. En effet, l’État israélien a décidé de démolir plusieurs villages palestiniens situés dans une zone connue sous le nom de Masafer Yatta, également désignée comme zone de tir de l’armée.

Netanyahu a par ailleurs déclaré que ses ministres avaient accepté que l’organe du ministère de la Défense chargé d’autoriser la construction d’implantations se réunisse dans les tout prochains jours, afin de lancer la procédure destinée à construire de nouveaux logements israéliens en Cisjordanie.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, préside le Conseil des ministres à Jérusalem, le 12 février 2023. À droite, Itamar Ben Gvir. (Amit Shabi / Pool) à Jérusalem, le 12 février 2023.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui vit lui-même dans une implantation, a déclaré dans un communiqué que le projet de construction de 10 000 nouveaux logements serait bientôt mis en oeuvre, ce qui en fera le plus grand projet de l’Administration civile du ministère de la Défense depuis des années.

Cette décision est conforme à la profession de foi de la coalition radicale, à savoir que « le peuple juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les parties de la Terre d’Israël », Cisjordanie comprise.

La communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, mais Israël fait le distinguo entre les logements construits dans des implantations autorisées par le ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans permis, souvent sur des terres palestiniennes privées.

Cependant, des avant-postes sont parfois établis avec l’approbation tacite de l’État, et les gouvernements successifs ont tenté de légaliser quelques- unes des communautés non reconnues, dont le nombre s’établirait à une centaine.

Dirigeants d’implantations et leurs soutiens au sein du gouvernement plaident depuis longtemps pour un expansionnisme accru en Cisjordanie en réponse aux attentats terroristes perpétrés contre des Israéliens. Ils estiment que cette mesure aura pour effet de dissuader ceux qui portent atteinte aux Israéliens, en leur faisant comprendre que les attentats ne font que renforcer l’emprise d’Israël sur Jérusalem-Est et la Cisjordanie.

La décision prise par le Conseil des ministres, dimanche, a été saluée par les dirigeants d’implantations, mais critiquée par les organisations favorables à une solution à deux États, persuadés que le renforcement de la présence d’Israël en Cisjordanie rendra le règlement de la question plus complexe encore.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP), Mohammed Shtayyeh, a qualifié cette décision de « voie royale vers l’escalade, dont les conséquences, dangereuses pour la région et le monde, ne pourront être évitées, car elles menacent [grandement] l’existence-même des Palestiniens ».

Shtayyeh a demandé aux Nations unies et aux États-Unis d’intervenir, soulignant que la décision du Conseil des ministres israélien mettait à l’épreuve le sérieux de l’administration Biden, dont les hauts responsables se sont rendus dans la région le mois dernier et se sont engagés à s’opposer aux mesures unilatérales israéliennes.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’exprime lors d’une conférence de presse à Jérusalem, le 31 janvier 2023. (Crédit : Capture d’écran Twitter ; ssé conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Interrogé, un haut responsable de l’administration Biden a déclaré au Times of Israël : « Nous nous opposons fermement à l’expansion des implantations et sommes profondément préoccupés par les informations faisant état d’un processus de légalisation des avant-postes illégaux par la loi israélienne. »

« Nous cherchons à obtenir plus d’informations du gouvernement israélien sur ce qui a été réellement décidé », a ajouté le responsable.

Avec les mouvements vers l’annexion et les violations du statu quo sur le Mont du Temple, à Jérusalem, la légalisation des avant-postes est l’une des lignes rouges que les États-Unis tentent d’imposer depuis que le nouveau gouvernement israélien a pris ses fonctions, il y a moins de deux mois.

Expliquant l’approche américaine dans une interview, le mois dernier, l’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, déclarait : « Nous nous soucions profondément de préserver une solution à deux États. A l’évidence, l’annexion, et même la pseudo-annexion via les avant-postes, ne nous conviennent pas. »

L’organisme de surveillance des implantations « La Paix Maintenant » a déclaré que la décision du Conseil des ministres « prouvait à ceux qui n’avaient pas encore compris que l’approche du gouvernement était celle d’une annexion sous stéroïdes », ajoutant que les projets de la coalition pour la Cisjordanie constituaient une « menace gravissime ».

Netanyahu a déclaré dimanche que le vote de ses ministres avait eu lieu suite à des entretiens avec les ministres d’extrême droite Smotrich et Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité intérieure, ainsi qu’avec le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, dont le Premier ministre a fait son émissaire officieux dans sa relation avec l’administration Biden.

Une équipe médico-légale de la police israélienne travaille sur les lieux d’un attentat à la voiture-bélier, à un arrêt de bus à Ramot, Jérusalem, le vendredi 10 février 2023. (AP Photo/Mahmoud Illean)

Netanyahu a ajouté qu’un petit groupe de ministres de tout premier rang avait également approuvé des mesures destinées à lutter contre le terrorisme, comme par le déploiement de renforts de police et de l’armée à Jérusalem ou « l’intensification des opérations de police contre ceux qui soutiennent ou se livrent à des actes terroristes ».

« Les forces de l’ordre agiront de manière ciblée contre les auteurs d’actes terroristes : il n’y aura pas de punition collective », a-t-il ajouté, manifestement pour faire taire les craintes qu’Israël ne s’en prenne à des Palestiniens innocents.

La décision du Conseil des ministres intervient deux jours après l’attentat commis par un Palestinien, qui a foncé avec sa voiture sur un arrêt de bus, dans le quartier de Ramot à Jérusalem-Est, tuant trois personnes – dont deux frères âgés de six et huit ans – et en blessant quatre autres, dont le père des enfants et un autre frère de la famille.

Il y a de cela deux semaines, un terroriste palestinien avait déjà ouvert le feu sur des civils israéliens devant une synagogue du quartier de Neve Yaakov, à Jérusalem-Est, tuant sept personnes, dont un adolescent de 14 ans.

Le lendemain, un Palestinien de 13 ans avait ouvert le feu sur des Israéliens qui marchaient aux abords de la vieille ville de Jérusalem, blessant deux personnes, dont un grièvement.

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