Le fabricant de la réplique exacte de l’arche de Noé veut l’emmener en Israël
Johan Huibers est convaincu que son pays est menacé d'inondations imminentes et que nous sommes à la fin des temps. Son navire, dit-il, vise à rapprocher les gens de Dieu

Depuis deux ans, la seule réplique grandeur nature en état de naviguer de l’Arche de Noé au monde impressionne les passagers qui voyagent le long de la Meuse aux Pays-Bas.
Construit selon les spécifications détaillées dans la Bible hébraïque, le navire de 118 mètres de long s’élève a une hauteur de 23 mètres. Le bois utilisé pour la construction a nécessité l’abattage de 12 000 arbres. Et sa forme particulière domine le littoral de la petite ville qui l’accueille au cœur de ce que l’on appelle la Ceinture biblique du sud de la Hollande.
Cette arche est devenue instantanément une attraction touristique internationale lorsqu’elle a été achevée en 2012, après quatre ans de construction, et ce, même en éclipsant certains navires de croisière modernes.
Mais l’homme qui l’a construit, l’homme d’affaires et chrétien fervent, Johan Huibers, est impatient d’emmener ce mammouth en Israël – un pays dont les problèmes et les succès, a-t-il dit, sont toujours présents à son esprit.
« Ma destination privilégiée pour l’arche est Israël », a déclaré Huibers, 60 ans, à JTA au début du mois, sur le pont avant, où se dresse une représentation grandeur nature d’une girafe.

Son amour pour l’État et le peuple juifs, a-t-il dit, découle de la même impulsion qui l’a poussé à recueillir près de 5 millions de dollars pour construire l’arche.
« Cela peut sembler effrayant, mais je crois tout ce qui est écrit dans ce livre, du début à la fin « , a-t-il dit en montrant du doigt une copie d’une traduction en néerlandais de la Bible hébraïque. « C’est une copie du vaisseau de Dieu. C’est logique de l’emmener sur la terre de Dieu. »
Huibers avait prévu d’emmener le navire en Israël peu de temps après son achèvement, mais des feux de forêt en Israël ont torpillé le voyage. Maintenant, il n’a plus les quelque 1,3 million de dollars nécessaires pour s’y rendre (l’arche n’a pas de moteur, et Huibers doit louer des remorqueurs pour la piloter). Huibers avait l’intention de faire naviguer l’arche jusqu’au Brésil, mais ce projet a également échoué.
« J’aime la terre, j’aime le pays, j’aime le peuple, dit-il en parlant d’Israël. « Ils n’obéissent pas, ils font ce qu’ils veulent, ils conduisent comme des fous, ils poussent en faisant la queue et ils n’écoutent personne. Tout comme moi. »
Mais Huibers, qui a fait fortune en construisant des entrepôts, veut qu’on l’écoute.
Il a construit l’arche, dit-il, « pour montrer aux gens que Dieu existe ». L’arche, que Huibers dit avoir construite avec seulement sept personnes en quatre ans, prouve que l’arche de Noé pouvait en effet être construite par cette figure biblique.
« Je voulais que les enfants viennent ici pour sentir la texture du bois, voir les clous et voir que ce qui est écrit dans le livre est vrai », explique-t-il.

Dans la Bible, Dieu avertit Noé, un homme juste, d’un déluge qui approche. Il ordonne à Noé de construire l’arche avec sa famille et de rassembler des paires d’animaux pour qu’ils puissent survivre au déluge, qui était destiné à purifier la Terre des péchés de l’humanité.
En revanche, Huibers a eu l’idée de construire une arche en lisant une histoire à ce sujet à ses enfants après le souper, un soir de 1993.
« Je me suis demandé si quelqu’un, Disney peut-être, avait déjà construit une réplique de l’arche », dit-il. « Et puis j’ai dit tout haut que si personne ne l’avait fait, je le ferais ».
La fille de Huibers, Deborah, a annoncé la nouvelle avec enthousiasme à sa mère, l’épouse de Huibers, qui est policière. Mais sa réaction ne fut guère plus qu’un rire incrédule.
« Elle a dit aux enfants qu’une fois que j’aurais fini de construire mon arche, nous pourrions tous partir en vacances sur la lune », se souvient-il.
Treize ans plus tard, Huibers achève sa première réplique de l’Arche de Noé, surnommée « l’Arche de Johan » par les médias néerlandais. Elle ne mesure que 118 mètres de long sur 10 mètres de large, car ce sont les dimensions maximales pour tout navire souhaitant emprunter le vaste réseau de canaux de la Hollande.
« Je voulais répandre la parole de Dieu aux Pays-Bas », dit-il. Mais ses ambitions ont grandi « quand tout le monde m’a demandé : Pourquoi ne fait-elle que la moitié de la taille de celle de la Bible ? Alors j’ai vendu la petite version et j’en ai construit une grandeur nature. »

Huibers n’est pas le seul à se servir de l’arche pour prouver la vraisemblance de l’histoire biblique.
En 2016, Ark Encounter, un parc à thème créationniste avec une arche construite à l’échelle biblique, a ouvert dans le Kentucky. Mais contrairement au bateau de Huibers, celui de l’état enclavé ne flotte pas.
L’arche du Kentucky a été construite avec un budget plus de trois fois supérieur à celui des Pays-Bas.
M. Huibers a déclaré que son équipage était composé de charpentiers amateurs sans véritable formation, ce qui ajoute à l’authenticité générale du navire.
« Nous comptions un boucher, un coiffeur et un professeur qui travaillaient ici », explique-t-il. « Nous ne sommes pas des constructeurs de bateaux professionnels. Beaucoup de choses ici sont un peu tordues ».
La grande arche est faite d’une charpente d’acier, de cèdre d’Amérique et de pin. Son intérieur caverneux est entouré de terrasses latérales dont la taille impressionnante est amplifiée encore plus par leur courbure. Il fait relativement sombre à l’intérieur. Le navire dispose d’un amphithéâtre ouvert en son centre, relié au pont surélevé par une série d’escaliers que plusieurs milliers de visiteurs, pour la plupart des enfants, ont empruntée.
L’arche est actuellement fermée aux visiteurs en raison de désaccords entre Huibers et cette municipalité. Les responsables de Krimpen aan de Ijssel se disent favorables à sa réouverture mais demandent « un certain ajustement », en invoquant des préoccupations de sécurité publique. M. Huibers a déclaré que le navire est sûr, assuré et équipé d’un meilleur équipement d’extinction d’incendie que celui exigé par la loi.
Il affirme également que la réticence à permettre l’ouverture de l’arche à Krimpen – une ville très pieuse – est due au fait que certains « individus très stricts la considèrent comme une représentation interdite de l’image de Dieu ».
Quand elle était ouverte au public, l’arche avait un petit zoo pour enfants, dont il ne reste qu’une volière avec des perruches et autres petits oiseaux. Huibers a dit qu’il n’avait pas l’intention de placer des animaux vivants dans l’arche pour le moment, « seulement montrer qu’ils pouvaient rentrer. » Le bateau est équipé de stalles, de barges et de caniveaux intérieurs pour l’élimination des déchets.

En plus de vouloir donner aux écoliers une expérience réaliste de l’Arche de Noé, Huibers avait des raisons plus sombres pour construire les deux vaisseaux en bois qu’il a fabriqués.
« Je crois que nous vivons la fin des temps », dit-il. « Nous n’en sommes pas conscients. Les gens ne le sont jamais. »
Grandir dans un pays situé en dessous du niveau de la mer et dont la population lutte contre les inondations depuis plus de 1 000 ans a permis à Huibers de mieux comprendre les risques d’inondation que beaucoup d’autres. Il est né cinq ans après l’inondation de la mer du Nord de 1959, qui a fait plus de 2 000 victimes dans une société toujours paralysée par les effets dévastateurs de la Seconde Guerre mondiale.
« L’eau va bientôt arriver. De la montagne, de la mer, en passant par l’Allemagne. Comme en 1959 », dit-il. « Cela semble pessimiste et triste. Mais cela ne me fait pas peur ».
L’arche, cependant, n’est pas conçue pour sauver la vie ou la famille de Huibers, dit-il.
« Peut-être que oui, qui sait, mais sa finalité n’est pas ma survie », dit Huibers. « C’est pour éduquer, pour nous rappeler que notre monde change, qu’il continuera à changer, comme nous le voyons maintenant à cause du réchauffement de la planète, de l’élévation du niveau de la mer, des incendies ».
Alors qu’il se prépare à emmener l’arche en Israël, il s’occupe d’un autre projet concernant l’eau et la Terre Sainte. Huibers a conçu un système gravitaire qui, selon lui, transporterait l’eau des usines de dessalement côtières à travers le désert jusqu’à la mer Morte qui ne cesse de se réduire.
En cas de calamité, Huibers garde quelques bateaux pour sa famille, dit-il, notant que l’un d’eux peut contenir 100 personnes.
« On réussira peut-être à sauver le quartier un jour », a-t-il conclu.
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