Le Hezbollah « vaincu » ne doit pas faire partie du gouvernement libanais – émissaire US
Selon Morgan Ortagus, en visite à Beyrouth, le groupe terroriste, "a été vaincu par Israël et nous sommes reconnaissants envers notre allié Israël pour l'avoir défait"

L’adjointe de l’émissaire américain pour le Moyen-Orient a affirmé vendredi qu’une présence du Hezbollah dans le nouveau gouvernement libanais constituerait une ligne rouge, estimant que le groupe terroriste soutenu par l’Iran avait été « vaincu » par Israël.
La visite de Morgan Ortagus à Beyrouth intervient alors que le nouveau Premier ministre libanais, Nawaf Salam, peine à former un gouvernement sous la pression politique du Hezbollah et de ses alliés.
Le pays a un besoin urgent de fonds pour se reconstruire après le conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah et une sévère crise économique dont il peine à s’extirper.
« Nous avons fixé des lignes rouges claires aux Etats-Unis : le Hezbollah ne pourra plus terroriser le peuple libanais, y compris en faisant partie du gouvernement », a déclaré Mme Ortagus après une rencontre avec le nouveau président libanais, Joseph Aoun, élu le 9 janvier et considéré comme le candidat préféré de Washington.
Un peu plus tard, M. Aoun a pris ses distances, son bureau déclarant que « certains » des propos tenus par Mme Ortagus à l’issue de leurs entretiens « représent(ai)ent son propre point de vue et ne concern(ai)ent pas la présidence ».
Les propos de la responsable américaine sont « empreints de malveillance et d’irresponsabilité » et visent un acteur de « la vie politique libanaise », a ensuite réagi le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, dénonçant une « ingérence flagrante dans la souveraineté du Liban ».
L’affaiblissement du Hezbollah après plus d’un an d’hostilités avec Israël, dont deux mois de guerre ouverte, a permis au Parlement libanais profondément divisé d’élire M. Aoun et de soutenir sa désignation de M. Salam en tant que Premier ministre, après plus de deux ans de vacance du pouvoir.
L’armée israélienne a décimé la direction du Hezbollah en éliminant son chef, Hassan Nasrallah, ainsi que plusieurs de ses hauts responsables, en marge de la guerre à Gaza, tandis que la chute du président syrien, Bachar al-Assad, allié du Hezbollah, a porté un coup à sa ligne d’approvisionnement en armes.

Selon l’émissaire américaine, « le Hezbollah a été vaincu par Israël et nous sommes reconnaissants envers notre allié Israël pour l’avoir défait ».
Après le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, déclenchée par l’attaque sans précédent du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas ce jour-là sur le sol israélien, le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur Israël, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.
Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord d’Israël, à la frontière du Liban, par crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire et en raison de l’augmentation des tirs de roquettes du groupe terroriste.
Les attaques du Hezbollah contre Israël depuis octobre 2023 ont entraîné la mort de 46 civils. En outre, 80 soldats et réservistes de l’armée israélienne sont morts lors d’escarmouches transfrontalières, d’attaques contre Israël et de l’opération terrestre lancée ensuite dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone en provenance d’Irak, et plusieurs attaques ont également eu lieu depuis la Syrie, mais elles n’ont pas fait de victimes.
L’armée israélienne estime que quelque 3 500 membres du Hezbollah ont été tués dans le conflit. Une centaine de membres d’autres groupes terroristes, ainsi que des centaines de civils, auraient également été tués au Liban.
« Entamer les réformes »
« La fin du règne de la terreur du Hezbollah au Liban et dans le monde a commencé, et c’est terminé », a ajouté Mme Ortagus, qui effectuait au Liban sa première visite officielle à l’étranger depuis sa nomination par le président américain, Donald Trump.
Alors que les efforts pour former un nouveau gouvernement patinent, Mme Ortagus a émis l’espoir que le futur gouvernement mette fin « à la corruption et à l’influence du Hezbollah », et qu’il entreprenne « des réformes ».

A l’issue de sa rencontre avec M. Ortagus, M. Aoun a déclaré que « les consultations en vue de former un nouveau gouvernement (étaient) presque terminées », appelant également Israël à se retirer du sud du Liban.
« L’armée libanaise est prête à se déployer dans les villages et les villes d’où les forces israéliennes se retirent », a-t-il déclaré.
La communauté internationale a longtemps exhorté le Liban à mettre en place des réformes pour débloquer des milliards de dollars destinés à stimuler une économie minée depuis 2019 par une crise financière largement imputée à la corruption généralisée et à la mauvaise gestion.
Washington a joué un rôle clé dans la médiation de l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre entre Israël et le Hezbollah.
En vertu de l’accord, l’armée libanaise devait se déployer aux côtés des Casques bleus de la mission onusienne Finul dans le sud, au fur et à mesure du retrait de l’armée israélienne sur une période de 60 jours.
De son côté, le Hezbollah doit retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière libano-israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud. La période de retrait a été prolongée jusqu’au 18 février, mais les deux camps s’accusent mutuellement de violations répétées de l’accord.
A Beyrouth, l’émissaire américaine a affirmé que Washington était « très attaché à cette date ».