Le ministre de l’Éducation retire le Prix Israel à Eva Illouz, qui a soutenu une pétition anti-Israël auprès de la CPI
Yoav Kisch a déclaré qu'il n'honorera pas la sociologue en citant un document signé en 2021, qui appelait la Cour pénale internationale à ne pas faire confiance à Israël pour enquêter sur les accusations lancées par le tribunal

Le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, a déclaré qu’il n’autoriserait pas l’attribution du prix Israel à la sociologue Eva Illouz en raison d’une pétition qu’elle avait déposée avec d’autres signataires en 2021, pétition qui exhortait la Cour pénale internationale (CPI) à ne pas faire confiance à Israël pour enquêter sur les allégations de crimes de guerre portées à son encontre.
Lundi, Kisch a envoyé une lettre aux membres de la commission qui est en charge du prestigieux prix pour leur demander de reconsidérer leur sélection.
En 2021, la CPI avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur les agissements d’Israël et des Palestiniens en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est. Au mois de mai de la même année, plus de 180 scientifiques, intellectuels et personnalités israéliennes avaient demandé à la procureure-générale de la CPI de l’époque, Fatou Bensouda, de ne pas s’en remettre à Israël pour lancer des investigations sur les accusations portées contre le pays. Selon Haaretz, dix anciens lauréats du prix Israël avaient également joint leur nom à l’appel.
« Indépendamment de ses réalisations académiques », Illouz a déposé une demande « grave et inhabituelle auprès d’une institution internationale qui agit contre Israël, contre les soldats de Tsahal et contre les membres des forces de sécurité, une institution qui jette l’opprobre sur les systèmes fondamentaux du pays », a déclaré Kisch dans un communiqué émis lundi.
Sa décision à l’encontre d’Illouz a été rapportée en début de journée par la chaîne d’information N12.
Kisch a dit qu’il n’avait « aucune intention de remettre le Prix Israel » à quelqu’un « qui a choisi, par une idéologie clairement anti-israélienne, de s’adresser à une institution qui n’hésite pas à déposer de fausses plaintes » contre l’armée « et qui s’occupe en collaborant avec des organisations terroristes ».
Une référence probable à la délivrance par le tribunal de mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant pour des crimes de guerre présumés liés au conflit en cours dans la bande de Gaza – une guerre qui avait débuté le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas avait pris d’assaut le sud d’Israël où il avait commis un pogrom. Plus de 1 200 personnes, en majorité des civils, avaient été massacrées et 251 personnes avaient été kidnappées, prises en otage au sein de l’enclave côtière.

Le ministre, qui a le dernier mot sur l’approbation des nominations aux prix, a indiqué qu’il avait envoyé une lettre à la commission chargée du prix pour demander à ses membres de choisir quelqu’un d’autre.
Toutefois, Kisch a déclaré que si Illouz venait à s’excuser publiquement et qu’elle retirait sa signature du document déposé auprès de la CPI, il reconsidérerait sa position.
Eva Illouz est membre du département de sociologie et d’anthropologie de l’Université hébraïque de Jérusalem et elle a été présidente de l’académie Bezalel. Elle a écrit 12 livres qui ont été traduits en 23 langues et elle a remporté plusieurs prix internationaux.
Ce n’est pas la première fois qu’un conflit émerge entre un ministre de l’Éducation et des lauréats du prix Israël.
En 2021, le ministre de l’Éducation de l’époque, Yoav Gallant, avait refusé de décerner le prix au professeur de mathématiques Oded Goldreich, l’accusant de soutenir les boycotts contre Israël. La commission en charge du prix avait saisi la Cour suprême, qui avait jugé que ce dernier devait être décerné à Goldreich, comme cela avait été décidé initialement.
Le prix avait finalement été remis à Goldreich l’année suivante — plusieurs mois après la cérémonie officielle de remise du prix — lors d’un événement privé organisé au au ministère de l’Éducation, mais la ministre de l’époque, Yifat Shasha-Biton, qui s’était également opposée à la nomination de Goldreich, n’avait pas assisté à l’événement.