Le mont du Temple fermé aux Juifs les derniers jours du ramadan malgré Ben Gvir
Les militants dénoncent le Premier ministre, la police et le ministre de la Sécurité nationale d'extrême droite, qui voulaient garder le site ouvert aux non-musulmans
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
La police a informé les militants du mont du Temple que, comme c’était le cas les années précédentes, les visites du site sacré de Jérusalem seront interdites aux juifs et aux non-musulmans pendant les derniers jours du mois sacré musulman du ramadan.
Le mois dernier, le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, qui est un ardent défenseur du droit d’accès des Juifs au mont du Temple, a tenté d’obtenir l’autorisation pour les Juifs de se rendre sur le site pendant les dix derniers jours du ramadan, mais ses efforts auraient été contrecarrés par le Premier ministre.
De hauts responsables du cabinet se seraient opposés aux demandes de Ben Gvir en raison de la situation extrêmement tendue en matière de sécurité à Jérusalem-Est, due à la guerre en cours dans la bande de Gaza et aux craintes de troubles au sein de la population palestinienne de Jérusalem-Est et de Cisjordanie.
Les non musulmans sont autorisés à visiter le site pendant les 20 premiers jours du mois de jeûne musulman, mais ils ne peuvent généralement pas s’y rendre pendant les 10 derniers jours, car c’est à ce moment-là que tombe Laylat al-Qadr, la nuit la plus sacrée de l’année pour les musulmans, et elle est considérée comme particulièrement sensible sur le plan sécuritaire.
Les militants du mont du Temple ont indiqué que la police avait fermé le site aux non-musulmans dimanche et qu’il devrait rester fermé jusqu’au 14 avril, bien que cette date ne soit pas encore définitive.
Le ramadan se termine cette année le 9 avril, mais la police garde habituellement le mont du Temple fermé pendant les trois jours de la fête musulmane de l’Aïd al-Fitr qui suit le mois sacré.

Un porte-parole de Ben Gvir, qui, en sa qualité de ministre de la Sécurité nationale, a autorité sur les forces de police, lesquelles déterminent les dispositions à prendre au quotidien sur le site, s’est refusé à tout commentaire sur l’interdiction.
Bien que le ministère de Ben Gvir contrôle la police et ait une grande influence sur les dispositions prises sur le mont du Temple, la politique générale sur le site relève en dernier ressort de la responsabilité du Premier ministre, qui prend souvent des décisions sur la base des recommandations du Conseil national de sécurité.
L’Administration du Mont du Temple, qui fournit une assistance et divers services aux visiteurs du mont du Temple, a remercié « toutes les autorités politiques et sécuritaires pour leurs nombreuses mesures et leur engagement à permettre aux Juifs de visiter le site jusqu’à présent, et tout au long de la guerre, malgré les nombreuses menaces », et a remercié tout particulièrement Ben Gvir, « qui fait tant pour le mont du Temple. »
Tom Nissani, du groupe Beyadenu, militant pour le mont du Temple, a quant à lui vivement critiqué cette décision, soulignant que « le mont du Temple n’est pas fermé aux Arabes un seul jour dans l’année ».
Il a ajouté « qu’au lieu de renforcer la sécurité des visiteurs [juifs], la police israélienne, le Premier ministre et le ministre en charge préfèrent capituler face aux menaces et fermer le mont du Temple pour une durée invraisemblable de 16 jours. Il est clair que cette capitulation invitera à des manifestations d’incitation à la haine et encouragera le terrorisme ; c’est une honte totale ».
Avant le début du ramadan, Ben Gvir avait déjà tenté de limiter le nombre de fidèles musulmans pouvant se rendre sur le site pendant le mois sacré, y compris les Arabes israéliens, mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait rejeté cette demande également.
Le mont du Temple est le lieu le plus saint du judaïsme – c’est là-bas que se dressaient les deux Temples bibliques – et la mosquée Al-Aqsa est le troisième sanctuaire le plus sacré de l’islam, ce qui fait du site un point particulièrement sensible du conflit israélo-palestinien.