Le Parlement belge refuse de projeter le film montrant les atrocités du Hamas
Le ministre des Affaires Eli Cohen a critiqué la cheffe de la chambre des représentants, disant qu'elle "détourne le regard face aux crimes de guerre et face aux crimes contre l'Humanité" du Hamas
Le Parlement belge a, jusqu’à présent, refusé de projeter un film fourni par Israël qui montre certaines des pires atrocités commises par les terroristes du Hamas le 7 octobre. Certains députés auraient dénoncé une manœuvre « de propagande israélienne ».
Le film a été projeté à des dizaines de reprises dans le monde – au cours de projections très contrôlées – à des journalistes de premier plan, à des agences de renseignement et à des politiciens. Il a notamment été montré au Congrès américain et à l’Assemblée générale française.
Les séquences ont été rassemblées à partir d’enregistrements de différents entretiens téléphoniques, d’images filmées par les caméras de sécurité, d’images filmées par les bodycams que les terroristes portaient sur eux, par les caméras qui se trouvaient dans les voitures des victimes, de vidéos apparaissant sur les réseaux sociaux du Hamas et de leurs victimes et de vidéos tournées à l’aide des téléphones cellulaires des hommes armés, des victimes et des services de secours.
Il n’a pas été diffusé au grand public, respectant ainsi le souhait exprimé par les familles. Il serait incroyablement difficile à regarder.
Il est toutefois utilisé dans le cadre de la campagne de relations publiques lancée par Israël qui s’efforce d’expliquer la dureté de sa réponse militaire à Gaza et de mettre en évidence la nécessité d’éliminer le groupe terroriste du Hamas.
En réponse à une question posée sur X – anciennement Twitter – sur la raison expliquant qu’une projection n’ait pas été organisée au parlement belge, l’ambassadrice israélienne Idit Rosenzweig-Abu a expliqué que les offres de présenter le film aux députés étaient restées sans réponse.
Eliane Tillieux, présidente de la Chambre des représentants, a ultérieurement répondu qu’il n’y aurait aucune projection dans la mesure où les différentes parties concernées n’avaient pas été en mesure de trouver un consensus sur la question.
Rosenzweig-Abu a précisé qu’elle allait examiner d’autres options.
We were officially informed by President @elianetillieux – conference of presidents refused our request to screen the 46 min video documenting 7 October. ???? ????????
We are exploring other alternatives. https://t.co/9ziQy4kC2S— Ambassador Idit Rosenzweig-Abu (@IditAbu) November 14, 2023
Le site d’information Ynet, pour sa part, a fait savoir qu’une initiative qui visait à organiser la projection d’une version plus courte du film devant le sénat belge avait aussi avorté – une séance qui aurait été considérée comme une manœuvre de « propagande » de la part d’Israël, dont l’objectif aurait été de couvrir ses « crimes de guerre ».
Le chef de la diplomatie israélienne, Eli Cohen, a critiqué Tillieux pour la décision prise, disant qu’elle « détourne le regard face à des crimes de guerre et face aux crimes contre l’Humanité qui ont été commis par le Hamas ».
« Ce n’est pas une vidéo de propagande ; c’est un film qui a été conçu à partir de séquences tournées par les terroristes eux-mêmes et qui montre leur massacre indiscriminé de civils israéliens », a-t-il affirmé.
« Détourner le regard face aux crimes du Hamas s’apparente à ignorer le droit d’Israël à se défendre face à une organisation qui est pire que l’État islamique », a-t-il ajouté.
« C’est le Hamas qui est coupable d’avoir initié une guerre où l’État d’Israël ne fait que défendre ses citoyens en se plaçant sur la ligne de front du monde occidental face au terrorisme meurtrier », a-t-il continué.
In your decision not to screen in parliament the video depicting the atrocities, the President of the Parliament of Belgium @elianetillieux is turning a blind eye to the war crimes and crimes against humanity committed by Hamas.
This is not a propaganda video, rather it is a film…— אלי כהן | Eli Cohen (@elicoh1) November 15, 2023
Selon le site d’information Ynet, le député des Verts, Wouter De Vriendt, s’en serait pris à Rosenzweig-Abu, lui disant : « Il y a aujourd’hui plus de 4 000 enfants à avoir été tués par les bombes israéliennes. Combien en faudra-t-il de plus avant que vous ne réagissiez ? »
« Certains politiciens, en Israël, parlent de nettoyage ethnique et de génocide. Tuer un leader du Hamas en plus de cent civils est scandaleux pour un pays comme Israël. Nous parlons ici de crimes de guerre », a-t-il asséné.
De Vriendt a indiqué qu’il avait apporté son soutien à Israël immédiatement après l’assaut du 7 octobre qui avait entraîné la mort de 1200 personnes, des civils en majorité, et au cours duquel 240 personnes avaient été enlevées, retenues depuis en otage dans la bande de Gaza.
« Mais ce n’est plus possible, mettez un terme à ces brutalités », a-t-il dit.
Mais certains députés belges ne partagent pas le même point de vue.
Georges Dallemagne, député du parti Les Engagés, a estimé que selon lui, les législateurs avaient l’obligation de voir les images.
« Ce film mérite d’être vu au parlement, comme d’autres », a-t-il indiqué au site d’information RTBF. « D’autres pays l’ont déjà projeté et d’autres encore s’apprêtent à le faire. C’est un devoir de voir la réalité. Si nous ne le faisons pas, d’autres le feront à notre place et peut-être que les parlementaires qui nous succèderont, dans 20 ou 30 années, se demanderont pourquoi nous n’avons pas voulu affronter la réalité ».
Si Israël a reçu le soutien de nombreuses nations occidentales, en particulier des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, la Belgique est restée à l’écart.
La semaine dernière, la Première ministre Petra De Sutter a appelé à ce que des sanctions soient prises à l’encontre d’Israël alors que le bilan des victimes à Gaza augmentait.
« Il est temps de prendre des sanctions contre Israël. Cette pluie de bombes est inhumaine », a déclaré De Sutter au journal Nieuwsblad , selon l’agence de presse Reuters.
« Il est clair qu’Israël se moque des demandes de cessez-le-feu qui se font entendre à l’international », a-t-elle ajouté.
Le 7 octobre, les terroristes du Hamas avaient franchi la frontière avec Gaza au cours d’une attaque coordonnée, donnant le coup d’envoi à un assaut qui devait durer la plus grande partie de la journée dans les kibboutzim et dans les communautés adjacentes à la bande de Gaza. Environ 1200 personnes avaient été tuées, des civils en majorité, dans leur habitation. Des jeunes avaient aussi été massacrés alors qu’ils prenaient part à une rave party et au moins 240 personnes avaient été enlevées et sont depuis retenues en captivité au sein de l’enclave côtière.
Israël avait déclaré la guerre au Hamas dans le sillage direct de ce massacre.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir mardi que plus de 11 000 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre – des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.