Les Démocrates veulent destituer la députée Taylor Greene, partisane des QAnon
Une résolution condamnerait sévèrement la députée qui soutient Trump, une autre l'exclurait de toutes les commissions et une troisième la renverrait de la Chambre des représentants
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
![La représentante américaine Marjorie Taylor Greene, R-Ga, porte un masque facial "Trump Won" [Trump a gagné] alors qu'elle arrive à la Chambre pour prêter serment le jour de l'ouverture du 117e Congrès au Capitole américain à Washington, le 3 janvier 2021. (Erin Scott/Pool Photo via AP) La représentante américaine Marjorie Taylor Greene, R-Ga, porte un masque facial "Trump Won" [Trump a gagné] alors qu'elle arrive à la Chambre pour prêter serment le jour de l'ouverture du 117e Congrès au Capitole américain à Washington, le 3 janvier 2021. (Erin Scott/Pool Photo via AP)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2021/02/AP21021004862365-640x400.jpg)
Les démocrates de la Chambre des représentants américaine ont présenté une série de résolutions visant la républicaine Marjorie Taylor Greene, qui vont de la motion de censure de la représentante d’extrême droite pour avoir avancé une série de dangereuses théories du complot, à son exclusion de toute commission assignée, voire à son expulsion pure et simple de la Chambre.
Greene a l’habitude de faire des remarques racistes, de soutenir des théories du complot et d’approuver la violence dirigée contre les Démocrates, mais un certain nombre de posts particulièrement incendiaires ont été découverts ces derniers jours. Celles-ci ont pour toile de fond la prise d’assaut meurtrière du Capitole le 6 janvier par les partisans de l’ancien président américain Donald Trump, qui ont faussement prétendu, avec Taylor-Greene, que l’élection présidentielle avait été « volée ».
La moins sévère des trois résolutions contre Greene est une motion de censure, ou une déclaration formelle de désapprobation. Cette proposition est avancée par la représentante Cori Bush (D-Missouri), qui a annoncé la semaine dernière qu’elle allait déménager son bureau loin de celui de Greene « pour la sécurité de son équipe » après de multiples altercations avec la représentante républicaine et son équipe.

C’est la résolution la plus susceptible d’être adoptée car seule une majorité est nécessaire et le caucus démocrate à lui seul est suffisamment important pour y parvenir.
Plus sévère est une résolution présentée lundi par la représentante Debbie Wasserman Shultz (D-Floride) qui vise à démettre Mme Greene de ses fonctions au sein des commissions parlementaires de l’Éducation et du Budget. Un vote sur la proposition pourrait avoir lieu dès mercredi, a déclaré un assistant démocrate au Times of Israel. Elle a également de bonnes chances de passer dans la Chambre contrôlée par les Démocrates, étant donné que seule une majorité simple est nécessaire.
La résolution la plus radicale sera présentée vendredi par le représentant Jimmy Gomez (D-Californie) et demande l’expulsion de Mme Greene de la Chambre des représentants. Elle a déjà recueilli 70 co-parrains démocrates.
Un assistant familier de la mesure a expliqué que les théories conspirationnistes soutenues par Greene ont contribué à déclencher la violence au Capitole le mois dernier et que, par conséquent, la représentante de la Géorgie n’a pas sa place au Congrès.
L’assistant a noté que M. Gomez prenait un risque personnel en avançant la résolution car son bureau a reçu plusieurs menaces de mort après qu’il a annoncé la mesure.

La probabilité que la résolution soit adoptée semble faible car une majorité des deux tiers est requise – ce qui signifie que 68 républicains devraient voter avec l’ensemble du caucus démocrate.
La dernière fois que le Congrès a voté l’expulsion d’un membre, c’était en 2002 et en 1980, mais il s’agissait d’expulser des représentants qui avaient été condamnés pour corruption. Avant cela, aucun membre n’avait été expulsé depuis la période de la guerre civile, et ceux qui l’avaient été étaient des partisans de la Confédération.
Mais Greene représente en effet un cas unique.
La Républicaine de Géorgie a exprimé son soutien aux théories conspirationnistes des QAnon, qui se concentrent sur la croyance non fondée selon laquelle les démocrates de haut niveau sont impliqués dans le trafic sexuel d’enfants, le culte de Satan et le cannibalisme.
L’un de ses posts Facebook de 2018 remplis de théories conspirationnistes, découvert la semaine dernière, théorisait que la famille Rothschild était impliquée dans le déclenchement de feux de forêt en Californie en utilisant des lasers depuis l’espace. Invoquer le contrôle conspiratoire de la famille de banquiers Rothschild sur les événements mondiaux est un stéréotype antisémite séculaire, et c’est également un thème de la théorie conspirationniste pro-Trump QAnon que Greene a promu.
Elle a « aimé » les messages Facebook qui prônaient la violence contre les démocrates et le FBI. L’un d’entre eux suggérait de tirer sur la Présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, à la tête. En réponse à un post évoquant la possibilité de pendre l’ancien président Barack Obama, Mme Greene a répondu que « la potence est prête ».
Dans une vidéo non datée mise en ligne, Mme Greene a avancé une théorie conspirationniste qui suggère faussement que la fusillade de masse de 2017 qui a tué 58 personnes lors d’un festival de musique country à Las Vegas pourrait avoir été une opération sous couverture visant à renforcer le soutien à la législation sur le contrôle des armes à feu.
« Comment amener les propriétaires d’armes à feu et les personnes qui soutiennent le deuxième amendement à renoncer à leurs armes et à se rallier à la législation anti-armes ? a déclaré Mme Greene dans la vidéo. « Vous leur faites peur, vous en faites des victimes et vous les faites changer d’avis, et alors vous pouvez éventuellement faire passer une législation anti-armes. C’est ce qui s’est passé à Las Vegas ? »
Elle a également « aimé » un post sur Facebook qui contestait la véracité d’une fusillade de masse de 2012 à l’école primaire Sandy Hook de Newtown, dans le Connecticut. Une autre vidéo l’a filmée en train de se frotter à David Hogg, un survivant de la fusillade de l’école de Parkland.
Des Républicains de haut niveau ont dénoncé Mme Greene avant son élection, espérant l’empêcher de remporter l’investiture du GOP dans sa circonscription rouge fiable du Congrès dans le nord-ouest de la Géorgie.
Mais après sa victoire aux primaires, ils l’ont largement acceptée. Depuis lors, un nombre encore plus important de ses commentaires, messages et vidéos ont été exhumés, bien que beaucoup aient été supprimés récemment après avoir attiré l’attention.

Prenant ses distances avec le leader de la minorité à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, qui n’a pas encore pris de position ferme sur Greene, le leader de la minorité au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré lundi que l’adhésion de la députée d’extrême droite aux théories du complot et aux « mensonges fous » était un « cancer pour le Parti républicain ».
« Quelqu’un qui a laissé entendre qu’aucun avion n’avait peut-être frappé le Pentagone le 11 septembre, que d’horribles fusillades dans des écoles étaient prévues et que les Clinton avaient fait s’écraser l’avion de JFK Jr. ne vit pas dans la réalité », a déclaré M. McConnell.
Greene a rétorqué en disant « Le vrai cancer du parti Républicain, ce sont les Républicains faibles qui ne savent que perdre avec élégance. C’est pourquoi nous sommes en train de perdre notre pays ».
Mardi, Greene a tweeté des appels de fonds qui disaient : « Avec votre soutien, la clique démocrate ne pourra pas m’exclure », sous une photo d’elle aux côtés de Trump.