Les habitants de Nahariya, frappés par le Hezbollah, se disent abandonnés par le gouvernement
Un drone a atteint l'appartement de membres d'un kibboutz urbain, installés en ville par idéalisme ; ils doivent désormais gérer leur choc avant de pouvoir aider les autres
NAHARIYA – Les hauts immeubles résidentiels du nouveau quartier de Nahariya surplombent ce qui était autrefois des champs agricoles. En quelques années, des centaines de nouveaux résidents ont afflué dans la zone, louant des appartements avec une vue imprenable sur la ville, la mer et les collines verdoyantes qui forment la frontière d’Israël avec le Liban, à près de dix kilomètres de là.
Les bâtiments ont été construits rapidement et ont toujours semblé se dresser, comme pour défier les milliers de roquettes du Hezbollah pointées dans leur direction. Mais lundi après-midi, quelques heures seulement après qu’un drone lancé par le groupe terroriste chiite libanais a touché un immeuble, le mur noirci et endommagé qu’il a laissé derrière lui semblait presque être un signe que les 64 000 habitants de la ville septentrionale étaient désormais des cibles trop faciles.
Bien que personne n’ait été blessé, le drone a rendu deux appartements invivables. L’attaque a également eu un effet boule de neige, provoquant un sentiment de terreur dans le quartier, dont les habitants ont eu le pressentiment qu’après les bombardements quasi-quotidiens sur Kiryat Shmona et des dizaines d’autres localités du nord au cours des onze derniers mois, le Hezbollah prenait désormais leur ville pour cible.
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Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de vingt-six civils du côté israélien, ainsi que celle de vingt soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
« Nous avons l’impression que le gouvernement nous a abandonnés et a simplement laissé la guerre se poursuivre », a indiqué Tal Massad, membre du kibboutz urbain Ruth, qui vit deux étages en dessous de l’appartement endommagé, où résident deux autres membres du kibboutz. La frappe a détruit la salle de bain, mais « heureusement, le couple et leur bébé de 6 mois n’étaient pas à la maison », a-t-elle poursuivi.
Ils font partie du réseau de « kibboutz urbains » du mouvement HaShomer HaTzaïr, qui compte une quinzaine de projets de ce type à travers le pays. Les membres louent actuellement dix appartements proches les uns des autres dans le même quartier. Ils ont déménagé de tout le pays à Nahariya en septembre dernier, armés d’idéalisme, espérant aider la communauté, lancer des initiatives comprenant des programmes éducatifs informels et encourager la participation civique ainsi que l’activisme en matière de justice politique et sociale.
Massad a indiqué que les membres tiendraient une réunion le soir de la frappe. Lorsqu’on lui a demandé si elle avait connaissance de projets du kibboutz visant à aider les habitants du quartier, elle a répondu que « dans un premier temps, nous devons faire face à notre situation ».
« Ensuite, nous discuterons de ce que nous voulons faire », a-t-elle ajouté.
Un calme précaire
Alors que les équipes de voirie déblayaient les débris de verre autour de l’immeuble en début d’après-midi, certains résidents se tenaient à l’extérieur, l’air hébété et ébranlé. Une femme, qui a demandé à ce que son nom ne soit pas divulgué, fumait une cigarette. Elle a raconté que la déflagration avait été si forte que son appartement avait tremblé et que son bébé avait « pleuré de façon hystérique ».
Peu à peu, le quartier, avec ses aires de jeux nouvellement construites, a semblé revenir à un calme précaire.
« Ce n’est pas une situation à laquelle on peut s’habituer », a déclaré Alina Avshalom, une mère de quatre enfants qui vit en bas de la rue de l’immeuble endommagé.
« Tous les habitants du nord sont inquiets. »
Elle a précisé que son fils de 9 ans, Aviel, est en CM1 dans une école située à moins d’un kilomètre de l’endroit où le drone a frappé. Les élèves ont reçu « l’instruction qu’ils devraient se rapprocher du mur et mettre leurs mains sur la tête parce qu’il est impossible de faire descendre un grand nombre d’enfants au premier étage en 15 secondes ».
Dans une vidéo diffusée peu après cette attaque, le maire Ronen Marelly s’est adressé calmement à ses administrés, exhortant les parents à laisser leurs enfants à l’école jusqu’à la fin de la journée de classe. Mais cela n’a pas empêché de nombreux parents de se précipiter pour les récupérer, a rapporté Avshalom, ce qui a provoqué des embouteillages et davantage de panique.
Avshalom n’a pas de voiture et a dû « réfléchir à deux fois » avant de se rendre à l’école de son fils, craignant d’être blessée lors d’une nouvelle attaque de drone.
« Seules les personnes qui travaillent loin ne sont pas venues chercher leurs enfants », a-t-elle précisé.
« Je ne voulais pas que mes enfants soient parmi les rares à rester à l’école. On envoie tous les jours nos enfants à l’école, le cœur lourd et la peur au ventre », a-t-elle ajouté.
Troisième guerre du Liban
À quelques pas du quartier, le Pr. Massad Barhoum, directeur du centre hospitalier de Galilée, a déclaré que l’hôpital, dont la plupart des installations sont souterraines ou situées dans des zones protégées depuis le 8 octobre, « se prépare à la troisième guerre du Liban ».
Lors de la Deuxième guerre du Liban, en 2006, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a tiré près de 4 000 roquettes sur Israël, causant la mort de 49 civils israéliens et de plusieurs soldats. Barhoum a déclaré que, depuis la dernière guerre, l’hôpital se prépare à la prochaine.
Le Dr. Maron Haj, un chirurgien thoracique qui travaille dans le même hôpital, a déclaré qu’il était avec des patients lorsqu’il a appris que son appartement, situé un étage en dessous du « kibboutz urbain », avait été touché.
« Tout a été détruit dans notre appartement », a-t-il déclaré alors qu’il se tenait près de l’immeuble, en regardant son appartement. Il a ajouté qu’il devait aller chercher le chien de la famille, puis que lui et son épouse devraient trouver un autre endroit où rester.
« Nous ne pouvons plus y vivre. Nous devons trouver une solution pour la suite », a-t-il ajouté, en se disant frustré que « personne du gouvernement » n’ait appelé pour « prendre ses responsabilités » ou pour « essayer de nous aider ».
Les membres du kibboutz ne sont pas des politiciens, a déclaré Massad, mais « lorsqu’il s’agit de la peur, être de droite ou de gauche n’a aucune importance ».
« Les citoyens veulent vivre dans la sécurité et non dans la peur. »
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