Les Israéliens appelés à quitter l’Ukraine par les postes-frontières occidentaux
Les responsables du ministère des Affaires étrangères vont se réunir pour évaluer la situation ; entre 6 000 et 8 000 ressortissants israéliens seraient encore en Ukraine
L’Ukraine a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi avoir fermé son espace aérien aux vols civils en raison du « risque élevé » à la sécurité, a noté l’agence de presse Reuters, après « l’opération militaire » lancée par le président russe Vladimir Poutine.
L’Agence européenne de sécurité aérienne a indiqué que l’espace aérien, dans une zone de 185 kilomètres autour des frontières de l’Ukraine avec la Russie et la Biélorussie, pourrait également être dangereux pour les avions.
« Il y a, en particulier, un risque de tirs intentionnels ou de mauvaise identification des vols civils », a noté l’agence.
Le ministère des Affaires étrangères israélien a conseillé, jeudi, à ses ressortissants qui se trouvent encore en Ukraine de se diriger vers l’Ouest du pays pour s’écarter de l’offensive militaire russe lancée là-bas, recommandant de quitter l’Ukraine par la Pologne voisine.
Le ministère a demandé aux citoyens israéliens de suivre les instructions données par les autorités ukrainiennes en termes de sécurité.
Il y a actuellement plusieurs milliers de citoyens israéliens en Ukraine, selon les estimations. Le pays a été frappé par des explosions, dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que la Russie lançait une campagne redoutée depuis longtemps.
Le ministère des Affaires étrangères devrait faire une évaluation de la situation dans la journée.
Même si cela fait des semaines que le ministère et les autorités israéliennes recommandent avec vivacité aux citoyens israéliens installés dans le pays de quitter l’Ukraine, inquiets pour leur sécurité dans le cadre de l’attaque attendue de la Russie, entre 6 000 et 8 000 ressortissants se trouveraient encore là-bas.
Avec un espace aérien ukrainien qui est dorénavant fermé, empêchant tout vol de quitter le territoire, le ministère a demandé aux Israéliens qui se trouvent encore en Ukraine de se rendre aux postes-frontières de l’Ouest du pays.
Il a précisé que du personnel israélien sera stationné aux postes-frontières qui suivent :
- Au poste-frontière de Medyka (vers la Pologne)
- Au poste frontière de Vysne Nemecke (vers la Slovaquie)
- Au poste-frontière de Zahony (vers la Hongrie)
- Au poste-frontière de Sighet (vers la Roumanie)
Il y aura également un représentant israélien en Moldavie, au poste-frontière de Palanca, dès jeudi après-midi.
Les citoyens qui ont besoin d’une aide ou d’informations peuvent contacter la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères au numéro 02-530-3155.
Les diplomates israéliens qui servent dans les pays proches de l’Ukraine – la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Moldavie – se sont préparés, ces derniers jours, à une évacuation potentielle par voie terrestre des Israéliens et des Juifs ukrainiens si nécessaire.
L’ambassadeur en Ukraine Michael Brodsky a déclaré que les personnels d’ambassade se préparaient à aider les Israéliens désireux de retourner au sein de l’État juif.
« Nous nous préparons, du côté polonais, à recevoir les Israéliens pour les aider à repartir en Israël », a dit Brodsky à la chaîne Kan.
Il a souligné que les employés de l’ambassade resteront pour le moment dans la ville de Lviv, à l’Ouest du pays, où ils se sont installés dernièrement. Cette localité, située à environ 60 kilomètres de la frontière avec la Pologne, est considérée comme étant moins menacée, dans l’immédiat, que la capitale de Kiev.
Des sirènes d’alerte ont toutefois résonné à Lviv, jeudi, signalant de potentielles attaques aux missiles.
Il n’y a pas eu de bruit d’explosion ou d’autres signes d’offensive comme cela a été le cas par ailleurs dans d’autres villes ukrainiennes, notamment à Kiev. La Douzième chaîne a néanmoins fait savoir qu’un certain nombre de bombes s’étaient abattues sur la ville. En précaution, l’État juif a transmis les coordonnées exactes de son ambassade relocalisée à Lviv à la Russie pour éviter qu’elle ne soit prise pour cible par inadvertance, a dit la chaîne.
Air raid sirens sound in Kyiv after Russian Pres. Vladimir Putin announced a military operation in Ukraine. https://t.co/mSLyAPWJRI pic.twitter.com/OPjSrwlJWt
— ABC News (@ABC) February 24, 2022
Lviv s’est transformée en base temporaire pour plusieurs ambassades occidentales, notamment pour les ambassades d’Israël, des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Le vice-ambassadeur en Ukraine, Yoav Bistritsky, a confié à la Douzième chaîne qu’un certain nombre d’Israéliens étaient entrés en contact avec la mission, demandant de l’aide pour tenter de quitter Kiev.
Bistritsky a estimé qu’environ 4 500 Israéliens avaient quitté le pays ces dernières semaines et qu’il restait actuellement entre 6 000 et 8000 ressortissants sur le territoire.
Dennis Porter, un Israélien qui vit dans la localité de Kharkiv, a dit à la Douzième chaîne qu’il avait entendu plus d’une dizaine d’explosions à environ quatre heures du matin.
« Il semble que cela indique que ça a commencé », a-t-il ajouté.
Les employés de son entreprise l’ont appelé pour savoir ce qu’ils devaient faire. Porter les a sommés de rester chez eux.
« Ce n’est pas une situation très heureuse », a-t-il continué. « Bien sûr, nous avions tous espéré que cela n’arriverait pas et que tout se réglerait par la voie de la diplomatie ».
Porter ne croyait pas à une invasion et il a noté qu’il ne regrettait pas pour autant d’être resté en Ukraine.
« Il faut rester. Il y a des Juifs et des Israéliens ici », a-t-il souligné.
Il a ajouté qu’il avait fait un plein d’essence et que ses bagages étaient prêts – « mais nous ne partirons qu’à la dernière minute, seulement s’il y a des combats ici et que nous ne pouvons pas rester davantage ».
Yonatan Markovitch, un rabbin éminent de Kiev, a pour sa part déclaré au micro de la station Radio 103FM qu’il avait entendu des explosions et qu’il avait aperçu des fumées s’élever depuis la fenêtre de son domicile. Il a dit qu’il était en train de rejoindre un refuge préparé dans une synagogue de la ville.
Comme Porter, Markovitch a dit que le gouvernement ukrainien et les responsables des services de sécurité du pays n’avaient pas réellement cru à l’invasion du territoire par la Russie.
Un émissaire Habad en Ukraine a indiqué, jeudi, que les synagogues étaient actuellement renforcées à l’aide de sac de sable de manière à ce que les Juifs du pays puissent trouver un refuge dans les lieux de culte.
« Nous avons entendu des missiles et des explosions à 5 heures du matin, nous nous sommes levés et nous avons fait immédiatement nos bagages. Nous ne pensions pas que cela pourrait arriver mais nous avons en tant que religieux une importante responsabilité », a déclaré le rabbin Mendel Moskovitz, qui habite la ville de Kharkiv, dans l’Est de l’Ukraine, au site d’information Ynet.
« Il y a 20 000 Juifs qui font appel à nous maintenant. Nous préparons les synagogues, nous mettons des sacs de sable aux fenêtres. Les gens n’ont nulle part où aller », s’est-il exclamé.
La ministre israélienne de l’Immigration et de l’Intégration Pnina Tamano-Shata a déclaré, de son côté jeudi, qu’Israël était prêt à envoyer des aides humanitaires en Ukraine et à accueillir les immigrants juifs du pays suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a eu lieu cette nuit.
« Israël est prêt à envoyer immédiatement une aide humanitaire à l’Ukraine », a dit Tamano-Shata aux responsables d’organisations juives américaines actuellement en visite à Jérusalem.
« Nous sommes prêts à accepter des milliers d’immigrants juifs d’Ukraine », a-t-elle ajouté.
Mardi, le ministère des Affaires étrangères israélien avait émis son premier communiqué sur la crise en cours, exprimant « l’inquiétude » d’Israël face à « une escalade sérieuse » – sans mentionner explicitement la Russie et sans condamner les actions de cette dernière.
Toutefois, la Douzième chaîne a annoncé qu’au vu des événements de la nuit, les officiels du ministère réfléchissaient à faire part de critiques plus fortes. La chaîne n’a pas cité ses sources.
L’État juif s’est montré prudent dans ses commentaires sur le conflit, évitant de critiquer ouvertement Moscou. Une réserve qui serait partiellement due à la nécessité de travailler aux côtés des militaires russes dans la Syrie voisine.